Sans nouvelles / Essai libre

Ma chère femme, 

Je t’écris aujourd’hui pour te dire que je ne reviendrai pas de la guerre. 

Quand je t’enverrai cette lettre, je serai peut-être déjà mort, tu n’auras peut-être pas eu le temps de me répondre à temps et de me la faire parvenir. 

Promets-moi une chose, c’est de ne pas pleurer. Je sais à quel point cela est difficile, mais que tu saches une chose, je n’ai pas abandonnée.  

Je vais t’expliquer comment cela m’est arrivé. Mon dernier assaut m’a coûté mon pied droit et ma blessure s’est infectée. Les médecins m’ont dit qu’il ne me reste plus que quelques jours à vivre.  

Il y a une semaine, les généraux nous ont ordonné d’attaquer. C’était une boucherie inutile.  

Au début de la guerre, on était au moins trente mille. Une fois que nous avons passé les barbelés, nous étions plus qu’une quinzaine environ.  

C’est à ce moment-là que je fus touché. Un obus est tombé pas très loin de moi et un morceau m’arracha le pied droit.  

J’ai perdu connaissance et je me suis réveillé trois jours plus tard dans une tente d’infirmière. J’appris que parmi les trente mille soldats qui était partis à l’assaut, seul dix milles ont pu survivre grâce à un repli demandé par le Général Pétain 

Lors de ta dernière lettre, je t’ai donné la permission pour notre enfant puisque tu es enceinte. Je suis dédolée de ne pas être là pour lui. Quand il naîtra, tu lui diras que son père est un héros, il n’est pas avec lui, mais il s’est battu pour la France.  

Essaie de faire en sorte qu’il n’aille jamais à l’armée pour qu’il ne meurt pas comme moi. 

Je t’aime, tu as été une femme formidable pour moi, et je suis sûre que tu le seras aussi avec notre enfant. J’espère que tu arriveras à t’occuper de notre enfant seul. 

Je ne serai pas présent mais je penserai toujours à toi et notre enfant malgré que je ne sois plus là. 

Je suis désolée de ne pas être là au bon moment. 

Bisous de Georges                                                        le 24 Novembre 1915 

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