LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

S. Gagnon, En-dessous de vos corps...

Commentaire de texte : S. Gagnon, En-dessous de vos corps.... Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  12 Janvier 2020  •  Commentaire de texte  •  2 294 Mots (10 Pages)  •  341 Vues

Page 1 sur 10

LA S. Gagnon, En-dessous de vos corps…

Intro 

Bien préciser origine québécoise, puisque l’extrait est marqué par ce français spécifique.

Étape 2 : Situer la scène 16 (qui sont les personnages ? que s’est-il passé avant ?) : il s’agit du dénouement.

Présentation extrait : Dans cet extrait de la scène finale, Britannicus, qui dans cette pièce est le fils et non le beau-fils d’Agrippine, est fou de rage après le suicide de Junie. Il s’en prend physiquement et verbalement à Néron et Agrippine.

Étapes 3 et 4 : Problématique /Plan : selon la question posée à l’oral.

Analyse linéaire de l’extrait, en suivant le mouvement du texte en 3 parties pour montrer sa progression dramatique.

  1. l. 1-16 : La répétition insistante d’une question : un interrogatoire tragique
  • La question répétée (nombreuses phrases interrogatives)porte sur la définition d’un objet(question exprimée par « qu’est-ce que », « y a quoi ») dont Britannicus hésite sur sa place (« dans la cendre », « sous la cendre », « avant la cendre » : cette figure de style est une épiphore ;«  », « à terre », « sous nos pieds », « devant nous », «  »). Il s’agit aussi de didascalies internes, qui désignent des mouvements du personnage qui désigne ces endroits sur la scène.

Répétition qui passe donc par des variations de lexique, de syntaxe, et aussi de rythme (par exemple question très courte : « y a quoi là ?», largement amplifiée l. 11-13, puis l. 14-16).

  • Cette question répétée de manière insistante, obsessionnelle, est adressée à Néron (« Regarde » : impératif d’ordre au singulier), puis à Néron et Agrippine (« Regardez » au pluriel) : Britannicus adresse des ordres (il y a aussi l’impératif « dis ») et son caractère autoritaire se lit aussi dans les jurons (« tabarnaque », « bordel de marde »), et la langue familièremarquée par l’oralité(syntaxe : « y a quoi là ? »).

Ce questionnement ressemble ainsi à un interrogatoire violent, à la manière d’une scène de torture, où Britannicus deviendrait un bourreau (cf. réplique de Néron : « Tu m’fais mal »)

  • Ce qui est cherché est caractérisé comme « perdu », « fini », « répandu » : ces participes passés indiquent une absence, une perte, quelque chose qui est révolu, irréversible. Tragique sous-jacent, d’autant plus que la tirade insiste sur les « cendres », cendres provoquées par le sacrifice de Junie qui s’est immolée par le feu.

  1. l. 17-53 : Une réponse, qui entraine de nouvelles questions

  • La réponse est donnée par Britannicus lui-même, alors que ses interlocuteurs demeurent silencieux. On dirait presque que cette tirade est un monologue, et plus précisément un monologue délibératif. Ce type de discours, caractéristique de la tragédie, est prononcé lorsque le personnage se questionne avant de prendre une décision, ce que va faire Britannicus.
  • Cette réponse, c’est le groupe nominal « notre sang ». Le nom « sang » est ensuite répété 7 fois dans la tirade, ce qui montre son importance capitale.

Deux sens : le sens propre puisque le sang de Junie est répandu : la tragédie s’achève sur une mort tragique.

Au sens figuré, le sang signifie la famille : c’est d’ailleurs un terme caractéristique du lexique de la tragédie du XVIIe siècle, qui l’utilise systématiquement pour dire la famille. Ici, le champ lexical de la famille vient le développer : « frère » et « famille » sont répétés ensuite plusieurs fois.

  • Junie est donc par son sacrifice le symbole même de la famille, et plus exactement des liens familiaux rompus : cette notion est indiquée par le verbe « lier » employé au passé l. 19.

Rappelons qu’elle était la fiancée de Britannicus, et qu’elle doit sa mort à son entrée dans la maison : la famille n’a pu l’intégrer en son sang, et elle l’a payé de son sang.

En effet, ce « sang » est associé à l’adverbe « Avant », répété, associé aussi à l’anaphore de la proposition « J’avais » (l. 20-22), où l’imparfait indique que ce n’est plus le cas désormais. Cette même idée est reprise de façon largement développée par l’anaphore de la locution conjonctive « Maintenant que » (l. 24-32) et la reprise de l’adverbe « maintenant » (déjà l. 12, puis l. 33 et 43).La famille est donc associée à un passé révolu.

Britannicus insiste donc sur le fait qu’une page est tournée, qu’une étape a été franchie de manière irréversible : il décrit un point de rupture.

  • Enfin, dans la répétition poétique de ce mot « sang », on entend aussi la préposition « sans », qui résonne pour le lecteur-spectateur qui vient d’assister à la disparition de Junie, et va résonner avec la suite de la tirade de Britannicus, qui va décider de faire « sans » son « sang », c’est-à-dire se libérer de sa famille.

(Rappelez-vous la chanson de Biolay : « Il va falloir faire avec, ou…. plutôt sans ».)

  • Des images reliées à la nature sont employées : comparaisons (« comme mille proies… », « comme mille oiseaux … ») qui évoquent la chasse (« proies… chasse », « tiré dessus »). Ces éléments servent à caractériser le sang répandu et assimile le comportement d’Agrippine et Néron à celui de chasseurs insatiables (hyperbole « mille »).
  • On trouve aussi le champ lexical de la guerre, avec l’anaphore « tous les guerriers, toutes les armées, tous les rois du monde » qui porte une gradation. Ici, Britannicus s’inscrit dans la tragédie racinienne et l’histoire antique, et donne à son questionnement une véritable ampleur tragique.

  • Une nouvelle série de questions a donc émergé de la réponse : « on est quoi ? » répété à deux reprises, puis « qu’est-ce qui nous lie » et « qu’est ce qui lie », avec la variation des verbes « appartient » et « retient », puis enfin « vous êtes quoi ? »

La progression du raisonnement (on voit la construction des phrases complexes, avec subordonnées « maintenant que…», « si… », emplois de connecteurs logiques « peut-être… mais ») de Britannicus nous indique qu’il évolue pendant et grâce à son discours.

Le paradoxe est que les seules réponses qu’il donne sont de nouvelles questions : cf. répétition de « La peur ? La mort ? La trahison ? ». Il s’agit là de termes caractéristiques du vocabulaire tragique encore une fois.

...

Télécharger au format  txt (14 Kb)   pdf (131.2 Kb)   docx (17.9 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com