Réécriture de l'histoire

  Selon Gérard Genette, critique littéraire, « Toute écriture est un palimpseste. » Il est vrai que l'écrivain, bien souvent, s'inspire de faits dont il a eu connaissance, de sa propre vie mais aussi parfois d'autres romanciers. Un auteur peut alors reprendre un concept, une idée ou bien des événements historiques qu'il réinterprétera à sa manière pour raconter sa propre histoire. Ce qu'il rédige est à la fois nouveau et déjà-vu. Nous pouvons alors nous poser la question suivante : « Toute œuvre littéraire est-elle une réécriture ? » Dans un premier temps, nous verrons qu'est-ce qu'une réécriture puis dans une seconde partie, nous tenterons d'expliquer quel est le but de celle-ci ? Enfin, nous démontrerons que toute création littéraire n'est pas forcément une réécriture.

  Tout d'abord, il nous faut expliquer ce qu'est une réécriture. D'après le dictionnaire français, c'est le « fait de réécrire un texte en y apportant des modifications. » Celles-ci peuvent être explicites ou plus subtiles. Je voudrais parler ici des auteurs qui s'inspirent de leurs prédécesseurs et modèles. On peut supposer qu'un auteur avant de prendre sa plume, a lui-même effectué des recherches et lu différents récits. Cela lui permet de se donner un élan dans le processus d'écriture et de s'aider en s'appuyant sur un récit d'un auteur en particulier afin de commencer à écrire sa propre histoire. Prenons pour exemple Émile Zola qui, avant d'écrire, faisait énormément de recherches. L'auteur vouait d'ailleurs une véritable passion à Honoré de Balzac et c'est ainsi qu'il s'est inspiré de La Comédie Humaine de celui-ci pour construire la célèbre fresque romanesque, Les Rougon-Macquart.

  Il me paraît important de parler ensuite de ces réécritures qui se sont inspirés de différents mythes ou événements historiques. En effet, bien souvent plusieurs auteurs ont voulu traiter chacun à leur manière d'un mythe en particulier. J'évoquerais ici l'exemple de Jean de la Fontaine et de sa fable Les deux coqs qui s’inspira du célèbre passage d'Homère dans l'Iliade : Un combat héroïque. En effet, l'Iliade est un grand récit de guerre épique qui date du IX avant J-C. La fable qu'a écrit La Fontaine reprend le fameux combat entre Ménélas et Pâris qui se disputaient la belle Hélène. La réécriture transforme le combat épique en vulgaire querelle de coqs se battant pour une pauvre poule. La fonction de cette réécriture n'est pas de dépassé le texte source mais de transformer un sujet grave et difficile en farce, comique et accessible à tous au XVIIème siècle. La Fontaine classe ainsi le bien et le mal et inclut une critique aussi bien qu'une morale dans sa réécriture. La Fontaine met au goût du jour un récit compliqué et ancien, dans le but de faire passer un message autant qu'une critique de la société de son siècle.

  Nous allons voir à présent quel est le but de ces réécritures. Certains auteurs ont écrit pour rendre hommage à leurs modèles tandis que d'autres ont écrit pour se moquer et tourner en dérision leurs condisciples. Dans le premier cas, la réécriture est une forme d'hommage aux personnes admirés. Nous pouvons reparler ici de La Fontaine qui s'inspire notamment des fables antiques d’Ésope et de Phèdre. Dans le second cas, nous pouvons parler de la parodie où l'auteur s'il imite son confrère, c'est bien souvent de manière outrancière et caricatural afin de pouvoir se moquer et de s'inscrire dans le registre satyrique.

...