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Récit d'appropriation eldorado

Lettre type : Récit d'appropriation eldorado. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mars 2020  •  Lettre type  •  662 Mots (3 Pages)  •  1 011 Vues

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Jamal Soudan

Salamalaykum,

Mon cher frère Jamal, je t'écris pour te dire que je suis bien arrivé en Espagne. Je regrette de ne pas avoir pu t'écrire plus vite mais ma situation ne me le permettait pas.

Depuis mon départ, je n’ai cessé de penser à toi. Je n’étais plus qu’une ombre, une ombre qui laissais derrière elle un petit filet de poussière. Après m’avoir laissé en Libye, la voiture me déposa à Al-Zuwarah. Les passeurs m’emmenèrent avec d’autres africains dans une camionnette. Nous étions tous entassés, le camion était petit et je mourrais de chaleur. Je pensais toujours à toi, à ta maladie, tu étais ma force. Les passeurs nous abandonnèrent aussitôt et nous rackettèrent. Ils m’ont battu et j’ai perdu connaissance.

Quand je me réveillai, j’étais seul, je n’avais pas un sou, ils avaient tout volé sauf le collier que tu m’avais offert. C’est là où j’ai rencontré Boubakar, le boiteux et mon meilleur compagnon. Cela faisait sept ans qu’il était à la recherche de son Eldorado. Il me suggéra alors de continuer le voyage avec lui en direction de Ghardaïa, une ville en Algérie. Ce généreux paya les deux places à bord du camion.

Lorsque le camion prit une pause, j’ai commis un mauvais acte. J’ai perdu mon humanité. Mais je l’ai fait malgré moi. Je n’avais pas d’argent. Je n’ai pas prémédité. Mon corps a pris le dessus. Je n’étais pas le Soleiman que tu connaissais... J’ai agressé et j’ai volé un marchand...

Quand je suis rentré dans le bus, j’ai pris conscience de ce que j’avais fait. J’ai volé. Moi, bête charognarde! J’étais dégoûté!

Une fois arrivés à Ghardaïa, Boubakar trouva un autre camion qui pouvait nous emmener à Oujda au Maroc. L’ argent volé était suffisant. J’ai fait une rencontre mystérieuse à Ghardaïa, celle de l’ombre de Massambalo. Le dieu protecteur des migrants. J’ai eu sa protection en échange de mon bien le plus précieux: ton collier.

Après Oujda, nous nous retrouvâmes dans un camp d’immigrés avec plus de cinq cents hommes, en pleine forêt près de la frontière entre le Maroc et l’Espagne. L’armée marocaine allait arriver pour bruler le campement. Les cinq cents clandestins allèrent tous ensemble se ruer sur les barrières de Ceuta avec des échelles. Quand le jour de l’assaut était arrivé, rien ne pouvait m’arrêter. J’ai surmonté tous les obstacles et j’ai sauvé Boubakar. J’avais mal. Je saignais et mes bras me tiraient. Mais je l’ai fait pour toi Jamal. Nous étions chanceux. Ce voyage était enfin une épreuve douloureuse et la mort m’a frôlée.

Cela fait six mois que je suis à Torrejón de Ardoz, en banlieue madrilène. Je n’ai pas assez d’argent pour atteindre la France et je n’ai pas les moyens de rembourser mes dettes. D’ailleurs, je ne peux même pas payer le loyer malgré la modestie de mon habitat. Je n’ai pas de papiers et sans papiers ne peux pas travailler ou étudier.

Tu te demanderais pourquoi je n’ai toujours pas évoqué Boubakar. Mon cher ami a retrouvé son Eldorado ici. Il est à Madrid, il a obtenu le droit d’y séjourner durablement contrairement à moi. Il a essayé de m’aider, mais en vain. Le gouvernement espagnol encourage aux “sans-papiers” comme

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