LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Récit: Le feu de Barbusse

Rapports de Stage : Récit: Le feu de Barbusse. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Novembre 2013  •  459 Mots (2 Pages)  •  816 Vues

Page 1 sur 2

Les assauts et combats

Chapitre XX. Le Feu

Des balles sifflaient au-dessus de nous, mais elles nous ignoraient, ne nous cherchaient pas. Arrivés en vue de la bosse de notre ligne, on a soufflé un instant ; l’un de nous a poussé un soupir, un autre a parlé. Un autre s’est retourné, en bloc, et son fourreau de baïonnette a sonné contre une pierre. Aussitôt une fusée a jailli en rugissant du Boyau International. On s’est plaqué par terre, étroitement, éperdument, on a gardé une immobilité absolue, et on a attendu là, avec cette étoile terrible suspendue au-dessus de nous et qui nous baignait d’une clarté de jour, à vingt-cinq ou trente mètres de notre tranchée.

Alors une mitrailleuse placée de l’autre côté du ravin a balayé la zone où nous étions. Le caporal Bertrand et moi avons eu la chance de trouver devant nous, au moment où la fusée montait, rouge, avant d’éclater en lumière, un trou d’obus où un chevalet cassé tremblait dans la boue ; on s’est aplatis tous les deux contre le rebord de ce trou, on s’est enfoncés dans la boue autant qu’on a pu et le pauvre squelette de bois pourri nous a cachés. Le jet de la mitrailleuse a repassé plusieurs fois. On entendait un sifflement perçant au milieu de chaque détonation, les coups secs et violents des balles dans la terre, et aussi des claquements sourds et mous suivis de geignements, d’un petit cri et, soudain, d’un gros ronflement de dormeur qui s’est élevé puis a graduellement baissé. Bertrand et moi, frôlés par la grêle horizontale des balles qui, à quelques centimètres au-dessus de nous, traçaient un réseau de mort et écorchaient parfois nos vêtements, nous écrasant de plus en plus, n’osant risquer un mouvement qui aurait haussé un peu une partie de notre corps, nous avons attendu. Enfin, la mitrailleuse s’est tue, dans un énorme silence. Un quart d’heure après, tous les deux, nous nous sommes glissés hors du trou d’obus en rampant sur les coudes et nous sommes enfin tombés, comme des paquets, dans notre poste d’écoute. Il était temps, car, en ce moment, le clair de lune a brillé. On a dû demeurer dans le fond de la tranchée jusqu’au matin, puis jusqu’au soir. Les mitrailleuses en arrosaient sans discontinuer les abords. Par les créneaux du poste, on ne voyait pas les corps étendus, à cause de la déclivité du terrain : sinon, tout à ras du champ visuel, une masse qui paraissait être le dos de l’un deux. Le soir, on a creusé une sape pour atteindre l’endroit où ils étaient tombés. Ce travail n’a pu être exécuté en une nuit ; il a été repris la nuit suivante par les pionniers, car, brisés de fatigue, nous ne pouvions plus ne pas nous endormir.

...

Télécharger au format  txt (2.7 Kb)   pdf (51 Kb)   docx (8.8 Kb)  
Voir 1 page de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com