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Règles d'art sur " l'éducation sentimentale " - Flaubert de Bourdieu

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Par   •  26 Avril 2014  •  Analyse sectorielle  •  1 320 Mots (6 Pages)  •  1 022 Vues

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Les règles de l’art

à propos de "L’éducation sentimentale" - Flaubert par Bourdieu

samedi 29 janvier 2005, par Berthoux André-Michel

©e-litterature.net

Dans L’Education sentimentale, Mlle Vatnaz, la féministe engagée, est l’opposée pourrait-on dire de Rosanette qui elle pense que « les femmes étaient nées exclusivement pour l’amour ou pour élever des enfants, pour tenir un ménage ». Flaubert ne parle pas à travers les propos de la Vatnaz tout comme il ne le fait pas à travers ceux de Rosanette. En fait ces deux personnages, souvent considérés comme mineurs comparativement à Mme Arnoux ou Mme Dambreuse, ont une importance capitale dans le roman puisque Mlle Vatnaz par ses opinions affirmées encourage Frédéric à se présenter aux élections et Rosanette lui offre elle son plus beau moment de bonheur (du moins le ressent-on comme çà) lorsqu’ils partent tous les deux en promenade durant quelques jours hors de Paris ensanglanté par la révolution. Mais on sait que Frédéric est un velléitaire, incapable de choisir. Il renoncera au combat politique et rompra avec la mère de son enfant [1]. Les personnages de l’Education sentimentale répondent à ce type de caractérisation antinomique afin de mieux mettre en évidence les multiples indécisions du personnage principal. J’allais dire que Flaubert tient tous les discours à la fois sans pouvoir choisir lui-même ; c’est ce qui fait que ce roman si extraordinaire ouvre la voie entre autre à Proust.

Dans son ouvrage consacré à Flaubert, Les règles de l’art, Pierre Bourdieu analyse le processus créatif de l’auteur (extrait du prologue “Flaubert analyste de Flaubert”) : « A travers le personnage de Frédéric et la description de sa position dans l’espace social, Flaubert livre la formule génératrice qui est au principe de sa propre création romanesque : la relation de double refus des positions opposées dans les différents espaces sociaux et des prises de position correspondantes qui est au fondement d’une relation de distance objectivante à l’égard du monde social. “Frédéric, pris entre deux masses profondes, ne bougeait pas, fasciné d’ailleurs et s’amusant extrêmement. Les blessés qui tombaient, les morts étendus n’avaient pas l’air de vrais blessés, de vrais morts. Il lui semblait assister à un spectacle” (ES). On pourrait recenser d’innombrables attestations de ce “neutralisme esthète” : “Je ne m’apitoie pas davantage sur le sort des classes ouvrières actuelles que sur les esclaves antiques qui tournaient la meule, pas plus ou tout autant. Je ne suis pas plus moderne qu’ancien, pas plus Français que Chinois” (Flaubert, lettre à Louise Colet, 26 août 1846). “Il n’y a pour moi dans le monde que les beaux vers, les phrases bien tournées, harmonieuses, chantantes, les beaux couchers de soleil, les clairs de lune, les tableaux colorés, les marbres antiques et les têtes accentuées. Au-delà, rien. J’aurais mieux aimé être Talma que Mirabeau parce qu’il a vécu dans une sphère de beauté plus pure. Les oiseaux en cage me font tout autant de pitié que les peuples en esclavage. De toute la politique, il n’y a qu’une chose que je comprenne, c’est l’émeute. Fataliste comme un Turc, je crois que tout ce que nous pouvons faire pour le progrès de l’humanité ou rien, c’est la même chose” (G. F., lettre à Louise Colet, 6-7 août 1846). A George Sand, qui excite sa verve nihiliste, Flaubert écrit : “Ah ! comme je suis las de l’ignoble ouvrier, de l’inepte bourgeois, du stupide paysan et de l’odieux ecclésiastique ! C’est pourquoi je me perds, tant que je peux, dans l’antiquité” (G. F., lettre à George Sand, 6 septembre 1871). Ce double refus est sans doute aussi au principe de tous ces couples de personnages qui fonctionnent comme des schèmes générateurs du discours romanesque, Henry et Jules de la première Education sentimentale, Frédéric et Deslauriers, Pellerin et Delmar dans l’Education, etc. Il s’affirme encore dans le goût pour les symétries et les antithèses (particulièrement visible dans les scénarios de Bouvard et Pécuchet publiés par Demorest), antithèses entre choses parallèles et parallèles

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