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Commentaire education sentimentale Flaubert II,1

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Par   •  21 Novembre 2017  •  Commentaire de texte  •  3 907 Mots (16 Pages)  •  747 Vues

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EXPLICATION DE TEXTE SUR L’EDUCATION SENTIMENTALE

P. 178-180, de « La plaine, bouleversée » à « se déploya ».

SITUATION

Nous sommes dans le premier chapitre de la deuxième partie. Frédéric, resté à Nogent durant trois mois pendant lesquels il s’était estimé « ruiné, dépouillé, perdu » hérite finalement de son oncle à la fin de la première partie et décide donc de rentrer à Paris pour revoir Mme Arnoux. On est en décembre 1846. Pendant le voyage en diligence, rempli d’espoirs, il rêve déjà à la perfection de sa vie future. Pourtant, lorsqu’il approche des abords de Paris, le paysage se fait plus hostile. La scène se situe en plein hiver, par un jour de pluie intense et d’inondation, dans la désolation d’un paysage de terrains vagues et d’édifices délabrés.

LECTURE

INTRODUCTION

La scène est évoquée par le regard que porte Frédéric sur les paysages qu’il voit défiler à travers la vitre de la diligence. C’est donc l’état d’esprit du protagoniste qui détermine la topographie tant par les dominantes de couleur et d’atmosphère, que par la précision plus ou moins grande des détails. 

Cette description s’effectue sous le mode apparent d’une passivité impersonnelle (Frédéric n’y est mentionné qu’une seule fois). Pourtant, la description s’opère par focalisation interne. En effet, comme le relève Pierre Marc de Biasi dans la préface, les images qui défilent préfigurent symboliquement son futur, et sont loin d’être choisies au hasard. Elles ont à elles seules une fonction narrative importante. C’est comme si la description devenait un choix inconscient.

Flaubert semble ici explorer un moment narratif qui met en abîme la figure du passage, celui de la campagne à la ville, celui des « ruines » vers la modernité, mais aussi celui du passé du personnage vers son propre futur.

En quoi ce passage symbolise-t-il ce moment narratif de l’entre-deux, qui, tout en laissant entrapercevoir le destin du personnage principal au lecteur, semble aveugler Frédéric qui ne voit, dans ce paysage pourtant hostile que le moyen de se rapprocher des « yeux » de Mme Arnoux ?

COMPOSITION 

Ce passage est composé de 3 mouvements :

  • une première évocation sordide d’un paysage de banlieue peu avenant
  • la préfiguration symbolique du futur de Frédéric à travers la fragmentation des images évoquées
  • l’entrée dans la ville qui accélère le temps du récit et renvoie à un monde chaotique, convulsif, impossible à maîtriser.


I.

« La plaine, bouleversée, semblait de vagues ruines. »

Les consonnes vélaires, dentales et labiales [v], [n], [b], [l] suggèrent l’écoulement d’un temps qui se déploie dans l’infini, ainsi que le déplacement continu et régulier de la diligence à travers le paysage.

On peut relever la personnification de la plaine, associée à l’adjectif « bouleversée » que Flaubert utilise généralement pour décrire des visages. Le singulier de « la plaine » se transforme ici dans le pluriel des « ruines ». Le passage se situe donc dans une atmosphère de dissémination, de fragmentation du réel.

L’emploi du verbe « sembler » appuie l’idée que Frédéric est soumis à l’apparence que lui délivre le paysage. Il se trouve dans un état de somnolence, dans un état passif de réceptivité des images venant de l’extérieur. (On sait qu’il vient à peine de se réveiller).

La 1ère phrase donne donc le ton. Nous nous trouvons dans un espace qui est celui de l’entre-deux (cette plaine n’est plus la campagne, les ruines ne sont pas encore la ville), de même que Frédéric se trouve lui aussi entre le sommeil et la lucidité.

« L’enceinte des fortifications y faisait un renflement horizontal ».

L’allitération en [f] et en [z] (avec la liaison) semble suggérer le sifflement du vent, et donc la vitesse de la diligence. Les « fortifications » nouvelles sont le signe d’une modernité qui s’oppose aux « ruines » précédemment évoquées. Paris est vu comme un espace protégé, clos, renfermé sur lui-même. Ici le verbe d’action « faire » souligne l’autarcie du paysage qui se constitue lui-même sous le regard de Frédéric. On peut remarquer également que dans « horizontal », il y a « horizon » et ainsi y voir une symbolique : Frédéric se dirige bel et bien vers un horizon sentimental.

« et, sur les trottoirs en terre qui bordaient la route, de petits arbres sans branches était défendus par des lattes hérissés de clous ».

Le verbe « border » semble délimiter le paysage, mais aussi l’espace mental dans lequel il est mis en jeu. La description de ce paysage est inquiétante, et semble augurer d’un devenir funeste par le dénuement le plus total de la Nature : les arbres sont « petits » et « sans branches ». Dans son carnet, Flaubert a même marqué : « les arbres = bâtons ».

De même, l’allitération en [r] + [b] renvoie à la froideur d’un paysage qui présente des signes évidents d’hostilité : les lattes sont « hérissées de clous » parce que les arbres doivent être « défendus ». Ce thème de la protection, de la défense est presque une métaphore filée du texte et rejoint l’évocation des « fortifications » précédemment évoquées et plus tard celle de la « barrière ».

« Des établissements de produits chimiques alternaient avec des chantiers de marchands de bois ».

Le son [ch] qui revient ici peut renvoyer au thème de la stérilité du paysage qui devient artificiel, déjà avec les « lattes de bois » qui remplaçaient les branches puis ici, avec les « produits chimiques » et les « chantiers ». La Nature semble envahie par la pollution des activités humaines manufacturières. On est dans un intermédiaire entre l’activité de la Nature et l’activité de l’homme.

« De hautes portes, comme il y en a dans les fermes, laissaient voir, par leurs battants entr’ouverts, l’intérieur d’ignobles cours, pleines d’immondices, avec des flaques d’eau sale au milieu ».

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