Ruy Blas

Introduction

Ruy Blas est une œuvre de Victor Hugo écrite en 1838. Dans cette pièce composée de 5 actes Victor Hugo mélange les genres tels que la comédie la tragédie et le drame.

La scène qui nous intéresse se situe à la fin de l’histoire, c’est le dénouement et l’ultime face à face entre la reine et Ruy Blas. A quoi reconnaît-on dans cette scène la forme et les thèmes d’un drame romantique ?

Il faut avoir lu la préface de Cromwell dans laquelle Victor Hugo dénonce l’absurdité des règles classiques et plaide pour un théâtre à la forme et aux thèmes plus librement traités pour comprendre la liberté avec laquelle Hugo raconte cette dernière scène. Il veut rompre avec la tradition classique, et prône le rejet des règles de bienséances et de vraisemblances ainsi que l’emploi d’un vers libre.

Nous étudierons donc dans cette scène les refus successifs des règles de bienséances, de vraisemblances et de versification du théâtre classique pour démontrer toute la dramaturgie romantique de cette scène.

I / les refus des règles

A) la règle de la vraisemblance

Comme Phèdre dans la pièce éponyme de Racine, Ruy Blas veut purifier son âme avant de se donner la mort.

L’amour n’est pas interdit dans une tragédie classique mais l’amour entre une reine et un valet est en revanche très inhabituel, nous pouvons noter l 8 « je vous ai bien aimée » l23 « Que vous m’avez aimé » l 35 « je t’aime ». La tragédie classique est censée offrir aux spectateurs une histoire crédible, qui pourrait avoir lieu en réalité en évitant de présenter des situations trop rares et extraordinaires. Le spectateur doit pouvoir s’identifier aux personnages car l’auteur veut être certain qu’il sera captivé par l’histoire. Une reine amoureuse de son valet, comme dans cette scène, transgresse cette règle et pourtant cette situation est d’autant plus romantique. Pour Hugo l’amour entre différentes catégories sociales loin d’être invraisemblable renforce le romantisme.

B) la règle de la bienséance

Dans la tragédie classique on ne devait pas représenter la mort du héros sur scène pour ne pas choquer les spectateurs mais dans le drame romantique de Victor Hugo, Ruy Blas meurt en s’empoisonnant : l23 « il prend la fiole posée sur la table, la porte à ses lèvres et la vide d’un trait ». « c’est du poison », « cette affreuse liqueur , « du poison », « je meurs. Lorsque la reine comprend le geste ultime de Ruy Blas elle se rue vers lui dans un élan très mélodramatique. Le spectateur peut alors voir sur scène la reine enlacer Ruy Blas,(l28) un comportement dramatique et romantique en rupture totale avec les règles du théâtre classique

C) La règle lexicale

L’alexandrin, vers bien structuré dans la tragédie classique, est déformé dans le drame romantique de Victor Hugo. Nous remarquons que l’alexandrin est coupé à plusieurs reprises dans cette scène « l.20 » « l.18 » . Victor Hugo décide d’utiliser un vers libre pour renforcer le côté dramatique et au fur et à mesure que la reine exprime ses sentiments

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