Rimbaud, un poète "Voyant"

I. Le poète doit se faire « vovant ».

En 1871, Rimbaud met fin à son apprentissage littéraire, nourri de Baudelaire, des romantiques

et des parnassiens et livre dans une lettre écrite à son professeur et ami, Georges Izambard

(lettre du 13 mai 1871), sa profession de foi poétique, c'est la lettre dite du « voyant ». Texte

capital où le jeune homme affirme qu'il faut renouveler l'inspiration poétique. Le poète doit

chercher du nouveau, il doit se faire « voyant » pour attendre un état de perméabilité à

l'univers. La véritable révolution qu'opère Rimbaud est celle du langage et de son rapport avec

son créateur. Rimbaud rejette la poésie « subjective » (qui renvoie au sujet), celle où le poète

s'exprime lui-même à travers le langage qui n'est qu' un outil. Ce qu'il vet au contraire, c'est

que le langage s'exprime à travers le poète dépossédé de sa capacité de contrôle.

« Je est un autre» dit-il dans la Lettre du Voyant, le poète est littéralement un « aliéné »

(délire ?), qui se trouve plongé dans l'univers des mots. Il doit alors se trouver une langue

« cette langue sera de l'âme pour l'âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs (...) » (Lettre

du Voyant).

I. Le dérèglement des sens.

Cette perméabilité du langage, Rimbaud l'exprime dans un autre texte célèbre, Alchimie du

Verbe, appartenant à la section Délires II d'Une Saison en Enfer. Il y explique un des principes

de sa création. Une Saison en Enfer se présente comme le récit de l'expérience des deux années

précédentes, de l'errance en compagnie de Verlaine, période dans laquelle drogue, absinthe,

homosexualité, tout a été éprouvé, période de la voyance, de 'exploration de l'inconnu, de

l'élaboration d'un nouveau langage, qui s'est achevé avec sa brouille avec Verlaine. Cependant

dès 1871, Rimbaud le théoricien de la poésie pressentait les limites de sa démarche

principalement car les visions perçues étaient inintelligibles; s'ajoutait également la crainte du

risque de la folie.

Alchimie du verbe est don un bilan, une analyse faite par Rimbaud de sa démarche

poétique personnelle, de son expérience singulière et dont il va dégager deux as plus tard

les limites : il y a là une autocritique de son parcours poétique. Il pointe des erreurs,

critique la naïveté dont il a fait preuve. Ce poème en prose

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