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Richelieu

Commentaire d'oeuvre : Richelieu. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Avril 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  501 Mots (3 Pages)  •  505 Vues

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Chargée par le cardinal de Richelieu d’empoisonner le duc de Buckingham, amant de la reine, Milady, figure d’ange démoniaque, vient d’être arrêtée et emprisonnée.]

Que de haine elle distille ! Là, immobile, et les yeux ardents et fixes dans son appartement désert, comme les éclats de ses rugissements sourds, qui parfois s’échappent avec sa respiration du fond de sa poitrine, accompagnent bien le bruit de la houle qui monte, gronde, mugit et vient se briser, comme un désespoir éternel et impuissant, contre les rochers sur lesquels est bâti ce château sombre et orgueilleux ! Comme, à la lueur des éclairs que sa colère orageuse fait briller dans son esprit, elle conçoit contre Mme Bonacieux1, contre Buckingham, et surtout contre d’Artagnan, de magnifiques projets de vengeance, perdus dans les lointains de l’avenir !

Oui, mais pour se venger il faut être libre, et pour être libre, quand on est prisonnier il faut percer un mur, desceller des barreaux, trouer un plancher ; toutes entreprises que peut mener à bout un homme patient et fort mais devant lesquelles doivent échouer les irritations fébriles d’une femme. D’ailleurs, pour faire tout cela, il faut avoir le temps, des mois, des années, et elle… elle a dix ou douze jours, à ce que lui a dit lord de Winter, son fraternel et terrible geôlier2.

Cependant, si elle était un homme, elle tenterait tout cela, et peut-être réussirait-elle : pourquoi donc le ciel s’est-il ainsi trompé, en mettant cette âme virile dans ce corps frêle et délicat !

Aussi les premiers moments de la captivité ont été terribles : quelques convulsions de rage qu’elle n’a pu vaincre ont payé sa dette de faiblesse féminine à la nature. Mais peu à peu elle a surmonté les éclats de sa folle colère, les frémissements nerveux qui ont agité son corps ont disparu, et maintenant elle s’est repliée sur elle-même comme un serpent fatigué qui se repose.

« Allons, allons ; j’étais folle de m’emporter ainsi, dit-elle en plongeant dans la glace, qui reflète dans ses yeux son regard brûlant, par lequel elle semble s’interroger elle-même. Pas de violence, la violence est une preuve de faiblesse. D’abord je n’ai jamais réussi par ce moyen : peut-être, si j’usais de ma force contre des femmes, aurais-je chance de les trouver plus faibles encore que moi, et par conséquent de les vaincre ; mais c’est contre ces hommes que je lutte, et je ne suis qu’une femme pour eux. Luttons en femme, ma force est dans ma faiblesse. »

Alors, comme pour se rendre compte à elle-même des changements qu’elle pouvait imposer à sa physionomie si expressive et si mobile, elle lui fit prendre à la fois toutes les expressions, depuis celle de la colère qui crispait ses traits, jusqu’à celle du plus doux, du plus affectueux et du plus séduisant sourire. Puis ses cheveux prirent successivement sous ses mains savantes les ondulations qu’elle crut pouvoir aider aux charmes de son visage. Enfin elle murmura, satisfaite d’elle-même :

« Allons, rien n’est perdu, je suis toujours belle. ».

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