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Préface Des Rougon-Macquart

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Par   •  11 Mai 2013  •  1 441 Mots (6 Pages)  •  1 241 Vues

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En dénombrant les douze cents personnages des Rougon-Macquart, en résumant leurs faits et restes à travers vingt volumes, l'auteur n'a pas perdu de vue que, pour avoir un intérêt véritable, son livre devait respecter, non seulement le fond, mais la forme même de l'œuvre si considérable d'Emile Zola. Aussi trouvera-t-on ici certaines tournures caractéristiques, des phrases entières, jusqu'à des alinéas complets, puisés dans le texte du grand écrivain. Mais toute pensée de plagiat doit être écartée, puisque l'unique et très mince mérite auquel prétende l'auteur consiste, non dans l'évocation de cette foule vivante et agissante, mais dans sa simple mise en ordre, dans son classement alphabétique.

Conçu il y a trois ans, alors que Zola proscrit, outragé dans les siens, presque déchu de la qualité de citoyen français, attendait dans un silence voulu et douloureux l'heure de la justice, ce travail n'était pas destiné à la publicité ; il devait être offert à l'auteur des Rougon-Macquart en un exemplaire unique, comme l'hommage tout personnel d'un passant, d'un admirateur inconnu. Mais, après examen, on a pensé que le public et le monde littéraire accueilleraient avec faveur cette sorte de table analytique, véritable annexe utile à tous ceux qui, désormais, voudront étudier rationnellement l' « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire ». Si, en effet, le Docteur Pascal est la conclusion scientifique de cette œuvre immense, s'il résume en larges traits la vie d'Adélaïde Fouque et de ses descendants jusqu'à la quatrième génération, il laisse volontairement de côté tout ce qui gravite autour d'eux, les mille autres personnages créés par Zola, véritable monde où s'agite toute l'humanité.

Qu'on lise avec soin cette nomenclature, qui commence à la petite brunisseuse Adèle pour finir à Zoé la proxénète. On y trouvera la vie contemporaine, avec ses beautés, ses hontes et ses angoisses. Des prêtres comme Faujas, des juges comme Denizet ou Delcambre, des politiciens comme Huret ou le baron Gouraud, des fonctionnaires arrivistes comme Léon Josserand ou sceptiques comme Camy-Lamotte, des militaires comme le colonel Jobelin eu le général Bourgain-Desfeuilles, justifient par leur mentalité tout le trouble où s'enlise notre époque. Si chacun d'eux n'est qu'un comparse, ils prennent dans l'ensemble un aspect redoutable, ils sont la vérité même. Du Poizat, Mélanie Correur, Gilquin, Kahn, la terrible bande d'Eugène Rougon, toujours affamée, toujours prête à mordre, expliquent chez les ministres du jour tant de contradictions et de palinodies. Et quelle saisissante enquête sociale que ce résumé où les représentants des vieilles classes, le marquis de Bohain, le comte de Beauvilliers, le marquis de Chouard, se coudoient avec le banquier-roi Gundermann, l'actionnaire Léon Grégoire, l'industriel Deneulin, l'avoué des Jésuites Théophile Venot, Son Altesse Royale le prince d'Ecosse, futur souverain étranger, — tous ces dirigeants mélangés aux humbles, aux désespérés, aux vaincus de la terre et de la mine, aux révoltés aussi, le logicien Sigismond Busch, l'instituteur Lequeu et le plus résolu de tous, l'implacable ennemi des lâches d'en bas et des jouisseurs d'en haut, Souvarine.

L'édifice des Rougon-Macquart a été élevé en vingt années, et la critique, volontiers aveugle et sourde, a parfois affecté de n'apercevoir qu'un lien fragile entre les vingt ouvrages qui le composent. La publication actuelle répond à cette opinion; elle démontre l'unité de l'ensemble. Les bourgeois provinciaux de la Conquête de Plassans et les boutiquiers parisiens de Pot-Bouille, les ouvriers de l'Assommoir elles mineurs de Germinal, les après paysans de la Terre et les boursiers affairés de l'Argent, les artistes inquiets de l'Œuvre et les soldats démoralisés de la Débâcle, conçus à des époques différentes, n'en ont pas moins une fraternité étroite. D'un volume à l'autre, le médecin Pascal Rougon tend une main amie au romancier Pierre Sandoz; Albine, la libre fée du Paradou, est bien la sœur de Marie Chantegreil et de la petite brodeuse Angélique; Pauline Quenu, Henriette Levasseur, Marcelle Maugendre, Denise Baudu, parfaites créatures de devoir, de dévouement et de sacrifice, sont les filles tendrement unies, tendrement aimées, d'un même père; la princesse d'Orviedo, qui distribue sa fortune aux pauvres et s'enterre vivante, possède un trait commun, la pureté de l'idéal, avec la farouche Aunouchka, qui meurt courageusement pour sa foi. Et si la critique est en veine de découvertes, elle doit apercevoir, à travers les rudesses des Rougon-Macquart,

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