Préface Anthologie La poésie et la guerre

Sommaire

« L’EXPIATION » (extrait), Les Châtiments,

Victor HUGO (1853) .................................................................................................... page 5

« SOIR DE BATAILLE », Les Trophées,

José Maria De HEREDIA (1893) ................................................................................. page 7

Le commencement du XIXème siècle,

Friedrich von SCHILLER (1801) ................................................................................... page 8

« LE DORMEUR DU VAL », Poésies,

Arthur RIMBAUD (1871) .............................................................................................. page 9

Poèmes à Lou, Guillaume APOLLINAIRE (1915) .................................................... page 10

« LA GUERRE ET CE QUI S’EN SUIVIT (extrait) » Le roman inachevé,

Louis ARAGON (1956) .............................................................................................. page 11

« COMPRENNE QUI VOUDRA », Au rendez-vous allemand,

Paul ELUARD (1944) .................................................................................................. page 12

Préface

Depuis l’Antiquité, les poètes se font l’écho de la guerre, qu’ils en traduisent la violence et le chaos sanglant, ou qu’ils exaltent les hommes au combat. Avec la Révolution française, la guerre tend à prendre les dimensions du continent européen, menaçant même l’équilibre du monde au début du XXème siècle. De ces tragédies toujours renaissantes surgissent des visions tout à la fois magnifiques et terribles : c’est de ce paradoxe -beauté et horreur, fascination et dégout, célébration et dénonciation- que rend compte la poésie, des romantiques jusqu’aux surréalistes.

Cette célébration épique de la guerre renait toutefois, pour magnifier les combattants d’un monde nouveau. Les armées de la République et de l’Empire suscitent une ferveur qui fait souffler sur les poèmes de Hugo un grand vent épique (→ p. 5). On peut voir dans cette exaltation de l’héroïsme révolutionnaire et impérial une compensation à la normalisation bourgeoise de la société. C’est d’ailleurs la nostalgie de l’épopée qui, à la fin du XIXème siècle, inspire aux Parnassiens leurs fresques ou leurs médaillons antiquisants (→ p. 7).

Mais si les valeurs de liberté justifient le sacrifice des vies, si le courage des guerriers est glorifié, la guerre elle-même est souvent dénoncée par Hugo et les romantiques. Ils suivent en cela Schiller qui, au « commencement du XIXème siècle », voyait l’univers déchiré dans la lutte entre l’hydre britannique et le barbare français, version négative de l’épopée (→ p. 8). Et quand

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