Prologue Du Temps

Aux lecteurs d'un moment.

Invisible et pourtant présent depuis longtemps,

Nous le comptons, décomptons, et anticipons,

Ennemi de longue date, allié d'un moment ,

Sa grande course sans fin est notre obsession.

Notre jeunesse fougueuse souhaite ardemment

Qu'il hâte son trajet, pour que nous grandissions,

Mais notre si faible époque se terminant,

C'est avec attention que nous le surveillons.

Avec les heures, les minutes, et les secondes,

Chaque siècle, chaque saison, et chaque jour,

Nous rappellerons son passage dans le monde,

Il transforme en plaisir si appréciable l'Amour.

L'impulsion de la trotteuse propage une onde,

Elle-même se colportant sans un retour,

Dans les profondeurs si ténébreuses, il gronde,

Avec un cri muet résonnant alentour.

Même le très grand peintre Dali en a peur,

Et il a souhaité nous le représenter,

Lorsque lui-même a été frappé de torpeur

En évoquant ce grand démon qui va nous tuer.

Tout le monde est sa victime jusqu'au menteur,

Les plus poltrons ont la faiblesse de le prier,

Si tu ne peux pas le supporter alors meurs !

Car nulle part nous ne pourrons tous vous cacher.

Il persécute nos mémoires, pourtant nos trésors,

Il exaspère le symbole d'espoir : l'ancre,

Tout trépasse sous son poids, même le décor,

Certains seraient même près à tout pour le vaincre.

Le Temps n'a d'ennemi que La Grande Mort,

Dans son bel habit invisible et noir d'encre,

Emporter ses victimes qu'il a mises dans le tort,

Les complaisants, les mauvais comme les cancres.

...