Poétique de l’espace chez Véronique Tadjo et Tanella Boni

I. INTITULE DU SUJET DE RECHERCHE

Notre sujet s’intitule : Poétique de l’espace chez Véronique Tadjo et Tanella Boni.

II. L’ETAT ACTUEL DES CONNAISSANCES DANS LE DOMAINE CONCERNE OU L’EXPOSE DES MOTIFS

La thèse de doctorat que nous envisageons se veut une approche de l’espace, tel que développé par ces deux poétesses dans leurs œuvres. Ce projet se situe dans le cadre d’un travail d’exploration de la poésie ivoirienne à travers des figures féminines. Ce choix est motivé par la configuration spatiale particulière chez ces poétesses, un espace en perpétuelle dérobade, parfois nié et symbolisant le retour mental vers le lieu natal. Si la question du temps a donné lieu à de nombreux développements dans les études littéraires, on ne peut en dire autant de la question de l'espace. En effet, la critique du traitement de l’espace est quelque peu négligée par rapport à celle qui envisage les problèmes du temps, et ce, malgré l’intérêt de la critique pour la rhétorique descriptive ou la sémiologie spatiale. Plusieurs ouvrages et colloques ont néanmoins été consacrés à ce sujet, notamment au cours de la dernière décennie, et les spécialistes de cette approche particulière de la littérature comptent même dans leurs rangs quelques géographes s’intéressant au texte.

Le concept d’espace littéraire a été introduit en 1955 par Maurice Blanchot , qui le définissait comme le lieu symbolique condensant la positivité de la création et la négativité de la mort. Force est de constater aujourd’hui que cette notion est utilisée par de nombreux chercheurs d’appartenances théoriques diverses, dans des sens tout aussi variés. Qu’est-ce qu’un espace littéraire? Un collectif dirigé par Xavier Garnier et Pierre Zoberman a essayé de répondre à cette question dans Qu’est-ce qu’un espace littéraire? . Les responsables de l’ouvrage définissent l’espace comme étant la « pièce maîtresse pour une résistance à l’encerclement du littéraire par le “tout sociologique” » . Cette conception de l’espace semble fertile par rapport à celle de Blanchot qui est focalisée sur l’absolutisme. Cependant, cet ouvrage ne donne pas une définition claire de la notion d’espace et au bout du compte, l’on se demande encore ce qu’est un espace littéraire ?

Dans La Poétique de l’espace , Gaston Bachelard se propose de repérer et d’étudier diverses images poétiques qu’il cherche à explorer dans leur rapport à l’espace. Il étudie diverses images poétiques, à partir d’une phénoménologie de l’imagination et cette analyse est spécialement portée vers l’imagination et la rêverie.

Une étude menée par Eric Fougère s’est volontairement portée sur l’espace insulaire aux 17e et 18e siècles. L’auteur commence par examiner le territoire de l’île sous l’angle de son insularité géographique. Cet ouvrage se veut un examen topographique des lieux de l’écriture dans son rapport au voyage. Une synthèse des récits d’île est faite et s’appuie sur le rappel des textes antérieurement cités et d’autres œuvres moins connues. L’espace de l’île est passé en revue dans deux directions corollaires. Cet espace fonctionne alors comme la matrice narrative. Aux sites sont superposées des scènes. L’île se présente donc chez Fougère comme le lieu d’un paysage, symbole d’une pensée où voyage et enracinement s’affrontent. Le regard critique de Fougère sur le thème de l’espace se limite à l’espace de l’île et à une période précise ; l’Age classique et aux Lumières.

Un séminaire portant sur les « Théories et pratiques de l'espace en littérature », donné par Rachel Bouvet, a tenté de contribuer, à sa manière, au développement de la réflexion sur l'espace en littérature. A l’issue de ce séminaire, un ouvrage collectif a vu le jour et s’intitule « Pratiques de l'espace » . Cet ouvrage est une application de l’analyse de l’espace littéraire à un corpus de textes variés. Il offre différentes manières de comprendre et d’analyser les paysages. L’ouvrage invite à explorer les distorsions spatiales représentatives du fantastique et du merveilleux en mettant l’accent sur l’espace clos. Malgré son contenu aussi large qu’hétérogène de textes appartenant à presque tous les genres littéraires, ce recueil ne présente qu’un certain nombre de pistes de réflexion sur la problématique de l’espace.

Au regard de tout ce qui précède, il s’agit pour nous, dans cette étude, d’apporter un regard neuf au traitement de l’espace. L’intitulé de notre thèse - Poétique de l’espace - se veut l’expression du style dans la représentation de l’espace. Cette représentation de l’espace met en valeur des mécanismes qui concourent à la beauté du texte poétique, à la force du message que nous livrent ces auteures. L’alternance des espaces vides et des espaces pleins introduit une discontinuité dans le déploiement de l’écriture. A cela s’ajoute la disposition peu ordinaire des vers, empruntant, pour ainsi dire, la voie de l’inconstance et laisse parfois des espaces dans les œuvres. Le choix d’un tel sujet n’est pas fortuit dans la mesure où ces poétesses semblent épouser le même style d’écriture. Leur poésie s’imbrique dans un réalisme spatial qui peut être perçu comme une technique d’écriture. Cette écriture proclame une ouverture de l’espace, une transfrontalité qui se manifeste dans cette même ouverture de l’espace où tout se transforme.

III. LA PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE

Les œuvres du corpus nous renvoient à des espaces qui changent constamment. Les auteures recherchant un ancrage référentiel, brouillent incessamment les pistes. L’espace devient alors insaisissable et prête à confusion. Les questions fondamentales qui découlent de cette réflexion sont : comment l’espace est-il traité dans le corpus ? Quelle est la structure des signes spatiaux ? En quoi ces signes créent-ils l’espace et lui donnent son intérêt littéraire ?

La réponse à ces questions permettra de comprendre l’évolution de l’espace chez ces poétesses qui ont porté et continuent de porter très haut le flambeau de la poésie au féminin en Côte d’Ivoire.

IV. LES METHODES D’ANALYSE

Toute œuvre littéraire, pour être analysée, doit utiliser une méthodologie, en raison de la rigueur qu’exige le raisonnement logique. Les théories permettant l’analyse des textes littéraires sont nombreuses et s’équivalent. Nous souhaitons donc appliquer aux textes la méthode

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