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Plan L'Etranger

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Par   •  9 Avril 2014  •  2 670 Mots (11 Pages)  •  747 Vues

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Du début à « prendre des tickets et faire deux heures de route. ».

Presentation contexte/ auteur/absurde

L’incipit, ou plus précisément la première phrase de L’étranger est une phrase célèbre : « Aujourd’hui, maman est morte ». Célèbre sans doute par l’étrange choix que de

commencer un roman par un aussi sinistre événement, mais également parce qu’elle donne immédiatement le ton de l’oeuvre, et qu’elle nous fait d’emblée entrer dans cette technique

narrative si particulière, entre le récit et le discours.

En quoi cette plongée dans l’intériorité du narrateur est-elle également une plongée dans une nouvelle conception du romanesque ?

Nous chercherons donc à comprendre les raisons du malaise certain qui saisi le lecteur à la première lecture, mais surtout à en déduire les implications dans la construction du

personnage ambigu qu’est Meursault.

I. Une écriture désincarnée…

A. La découverte d’une intériorité

• Première personne et temps de l’écriture

Omniprésence du Je, choix des marqueurs temporels « aujourd’hui », « hier »,

« demain », « dans l’après-midi », « demain soir » : tendent vers le journal intime.

Cependant, nous n’en avons pas les indices traditionnels (écriture sous forme de notes,

indications de lieu et d’heure de l’écriture). Pas de logique narrative propre à ce genre.

Néanmoins, par emploi du PC, du présent de l’indicatif, du futur, nous sommes

évidemment dans une forme de discours qui nous donne à voir l’intériorité d’un

personnage, d’une conscience.

Personnage dont nous apprenons le nom par le hasard des événements racontés :

« Mme Meursault », dit le directeur de l’asile, tout comme nous ne pouvons que

deviner que l’action se passe à Alger. Ce qui ajoute encore à l’illusion du journal

intime.

Pour conclure : temps isolant, et lecteur isolé dans le présent qui se déroule sous ses

yeux. Mise à nu d’une conscience.

• Oralité apparente du discours

Qui va dans le même sens que les remarques précédentes. Phrases apparemment très

simples : voir les trois premières lignes. Le discours est à peine plus construit que le

télégramme retranscrit dans le premier paragraphe. Ecriture parfois même sous forme

de notes : « cela ne veut rien dire », « toujours à cause de l’habitude », « C’était vrai ».

Phrases réduite parfois à la plus simple construction grammaticale possible : noter par

exemple la récurrence du schéma Sujet-Verbe-Complément. Les proposition sont

placées de manière extrêmement classiques : « Comme il était occupé, j’ai attendu un

peu ».

Marque du journal intime, mais également gage de vérité. Pas de réel mise en doute de

la véracité des événements relatés : pas de soupçon du lecteur. Renforce d’autant plus

cette entrée dans la vie – la conscience – du héros.

• Successions d’actions mécanisées

Premier malaise cependant apparaît très rapidement. La succession des événements est

extrêmement brève, puisque les faits sont consignés de la manière la plus épurée

possible. Par ailleurs, l’absence assez frappante de termes de liaison (asyndètes) crée

l’illusion d’une succession d’action mécanisées : « l’asile est à deux kilomètres du

village. J’ai fait le chemin à pied. J’ai voulu voir maman tout de suite. »

Conclusion partielle. Découverte d’une intériorité, certes. Mais d’une intériorité

particulière qui, si elle semble s’offrir totalement au lecteur sans faire la moindre

impasse sur les actions vécues, n’en est pas moins problématique par sa neutralité

évidente. Le lecteur se trouve alors face à un genre romanesque inhabituel, et perd

rapidement ses repères.

B. Une rupture avec les codes traditionnels du roman

• L’absence frappante de descriptions

Outre le style, la temporalité particuliers, la description est également source de

malaise. Ou plutôt l’absence de descriptions.

Cet incipit fait apparaître un certain nombre de personnages, dont aucun n’est décrit.

Ainsi, la mère du « maman est morte » n’est-elle jamais l’objet d’une description,

alors même qu’elle est au centre de la narration de cet extrait. De la même manière, Lepatron, Céleste, Emmanuel, Le concierge, le militaire sont réduits à leurs simples

prénoms ou fonction, ainsi qu’à leurs propos. Seul le directeur de l’asile a droit à un

semblant de description : « C’était un petit vieux », « il m’a regardé de ses yeux

clairs ». Elle est cependant réduite à son minimum, et on ne sort ni de l’expression

courante (petit vieux) ni de la construction grammaticale simpliste (yeux clairs).

Les lieux ne sont pas davantage l’objet de description. Finalement, les actions n’en

prennent que plus d’importance encore, puisque le récit tout entier se concentre sur

...

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