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Pierre Et Jean Incipit

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Par   •  28 Octobre 2013  •  1 715 Mots (7 Pages)  •  1 682 Vues

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Dans le roman Pierre et Jean, paru en 1889, Guy de Maupassant raconte le conflit de deux frères et le parcours de l'aîné jaloux suite à l'héritage du cadet. L'incipit du livre présente toute la famille Roland lors d'une partie de pêche. On étudiera ici le réalisme de cette scène, et la manière dont ce début présente Pierre et Jean comme une œuvre naturaliste. On verra donc dans un premier temps quels sont les éléments réalistes de cette scène, puis on s'intéressera à la présentation des personnages ; enfin, on étudiera quels indices annoncent les événements à venir dans la suite du roman.

Le début de Pierre et Jean apparaît immédiatement comme réaliste, aussi bien par le cadre spatio-temporel que par l'action représentée. La scène représente une banale « partie de pêche » en mer, au Havre, comme il est indiqué dès le premier paragraphe : « la ligne descendue au fond de la mer ». Le narrateur utilise le vocabulaire technique de la pêche et de la navigation : « bâbord », « tribord », « tolet », « aviron », « chacun une ligne enroulée à l'index » ; cela accentue la vraisemblance de la scène, et renforce le réalisme de cet épisode commun.

Le traitement du temps aussi est significatif : la scène est montrée « en temps réel », sans ellipse temporelle ; le narrateur nous fait suivre tous les actes et paroles des personnages comme si nous assistions réellement à cette pêche. Les dialogues sont vivants et restituent l'ambiance décontractée et conviviale de ce moment : le juron « zut ! » qui ouvre le roman nous plonge d'emblée dans la familiarité d'un dialogue vrai ; cet emploi de l'oralité constitue d'ailleurs une véritable provocation envers les normes littéraires du XIXe siècle : œuvre réaliste, Pierre et Jean montre la réalité triviale du langage populaire. Ce juron, donné au discours direct, constitue un début in medias res : le lecteur est plongé directement dans une action d'un comique conventionnel : le père Roland s'énerve et ses fils se moquent gentiment de lui. La scène, par son lieu commun, son action banale et son traitement temporel, est le reflet du quotidien, et apparaît par là réaliste ; c'est aussi le cas des personnages.

Les personnages principaux, tous présentés dans cette scène, semblent composer une famille bourgeoise ordinaire. C'est le père Roland qui est le premier présenté et qui apparaît comme le pivot de la scène, mais il est désigné de manière péjorative : par l'apposition « le père Roland », ainsi que les périphrases « le bonhomme » et « le vieux pêcheur », le narrateur fait apparaître le caractère fruste du personnage. Les paroles prononcées par celui-ci confirment cette impression : le roman commence « zut ! », et Roland prononce encore le juron « cristi ! » malgré les remontrances de sa femme et de ses fils ; le personnage apparaît grossier. De plus, il est monomaniaque de la pêche, comme le montre son énervement et comme il l'admet lui-même : « dès que je sens de l'eau sous moi, je ne pense plus qu'au poisson ». Le verbe de perception « sens » indique ici que Roland se comporte de manière plus instinctive que réfléchie, et la restriction « ne… plus » confirme son obsession de la pêche. De plus, il accorde de l'importance à posséder, comme le montre le fait qu'il « [regarde] la mer autour de lui avec un air satisfait de propriétaire ». L'adjectif « satisfait » et le nom « propriétaire » dénoncent ici la vanité de l'« ancien bijoutier parisien », du bourgeois riche mais trivial qu'est le père Roland.

Madame Roland, elle, apparaît complètement opposée à son mari : désignée de manière beaucoup plus respectueuse par l'auteur (« madame », et non « la mère Roland »), elle est représentée dans une attitude calme et sereine : « assoupie à l'arrière du bateau ». Sa place dans la barque peut signifier le peu d'importance que lui accorde son mari : il la laisse « à l'arrière ». Le premier mot de Madame Roland à Roland est un reproche doucement indigné : « Eh bien !... eh bien !... Gérôme ! » Ces exclamations la montrent immédiatement en opposition avec son mari grossier, et contrairement à lui qui crie, elle parle en murmurant. D'autre part, contrairement à Roland, elle n'est pas intéressée par la pêche : elle « [regarde] d'un air attendri le large horizon de falaises et de mer » ; l'adjectif « large » indique que son regard englobe le paysage, et l'adjectif « attendri » insiste encore sur la douceur de cette femme rêveuse et contemplative.

Les fils du couple, héros éponymes du roman, sont aussi présentés. Ils apparaissent d'abord très liés : « ses deux fils, Pierre et Jean, qui tenaient, l'un à bâbord, l'autre à tribord, chacun une ligne enroulée à l'index, se mire à rire en même temps » ; les deux personnages sont présentés par le narrateur comme absolument parallèles, comme l'indiquent les termes « ses deux », « chacun », « en même temps » ; leur position dans la barque est symétrique, et ils exécutent les mêmes actions. Leur attitude face à leur père est identique : ils rient,

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