LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Phèdre, L'aveu à Hippolyte

Note de Recherches : Phèdre, L'aveu à Hippolyte. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Juin 2015  •  2 066 Mots (9 Pages)  •  932 Vues

Page 1 sur 9

PHÈDRE : - Mes mains sont pures, mais mon cœur est souillé.

LA NOURRICE : - Est-ce l'effet de quelque maléfice envoyé par un ennemi?

PHÈDRE : - C'est un ami qui me perd, victime involontaire d’un involontaire bourreau.

LA NOURRICE : - Thésée t'a-t-il fait quelque offense?

PHÈDRE : - Puissé-je ne jamais l’offenser moi-même !

LA NOURRICE : - Quelle est donc ce terrible secret qui te pousse à mourir?

PHÈDRE : - Laisse là mes crimes : ce n'est pas envers toi que je suis criminelle.

LA NOURRICE : - Non, je ne te laisserai pas ; je ne céderai qu'à ton obstination.

PHÈDRE : - Que fais-tu? Avec quelle violence tu retiens ma main ?

LA NOURRICE : - Ta main et te genoux, je ne cesserai de les tenir embrassés.

PHÈDRE : - Quelle douleur pour toi, malheureuse, si tu apprends ce douloureux secret!

LA NOURRICE : - Est-il douleur plus grande pour moi que de te perdre?

PHÈDRE : - Tu me perdras sans doute: mais cela du moins servira mon honneur.

LA NOURRICE : - Et cependant tu caches ce qui t'honore, malgré mes supplications ?

PHÈDRE : - Oui, car c’est de l’infamie que je veux faire sortir la noblesse.

LA NOURRICE : - Eh bien, c’est en parlant que tu feras éclater ta gloire.

PHÈDRE : - Va-t'en, au nom des dieux! et laisse mes mains.

LA NOURRICE : - Non, certes, puisque tu me refuses le prix de ma fidélité.

PHÈDRE : - Eh bien soit! Tu seras satisfaite : je respecte ton caractère de suppliante.

LA NOURRICE : - Je me tais, car c'est à toi de parler.

PHÈDRE : - O ma mère infortunée, quel funeste amour égara ton cœur !

LA NOURRICE : - Celui dont elle fut éprise pour un taureau? Pourquoi rappeler ce souvenir?

PHÈDRE : - Et toi, sœur malheureuse, épouse de Dionysos !

LA NOURRICE : - Qu'as-tu donc, ma fille? Tu insultes tes proches.

PHÈDRE : - Et moi, je meurs la dernière et la plus misérable !

LA NOURRICE : - Je suis saisie de stupeur. Où tend ce discours?

PHÈDRE : - De là vient mon malheur ; il n'est pas récent.

LA NOURRICE : - Je n'en sais pas plus ce que je veux apprendre.

PHÈDRE : - Hélas ! Que ne peux-tu dire toi- même ce qu'il faut que je dise !

LA NOURRICE : - Je n'ai pas l'art des devins, pour pénétrer de pareilles obscurités.

PHÈDRE : - Qu'est-ce donc que l'on appelle aimer?

LA NOURRICE : - C'est à la fois, ma fille, ce qu'il y a de plus doux et de plus cruel.

PHÈDRE : - Je n'en ai éprouvé que les peines.

LA NOURRICE : - Que dis-tu ? O mon enfant, aimes-tu quelqu'un?

PHÈDRE : - Tu connais ce fils de l'Amazone ?

LA NOURRICE : - Hippolyte, dis-tu?

PHÈDRE : - C'est toi qui l'as nommé.

LA NOURRICE : - Grands dieux ! Qu’as-tu dit? Je suis perdue! Mes amies, cela peut-il s'entendre? Après cela je ne saurais plus vivre : le jour m'est odieux, la lumière m'est odieuse ! J'abandonne mon corps, je le sacrifie ; je me délivrerai de la vie en mourant. Adieu, c'est fait de moi. Les plus sages sont donc entraînées au crime malgré elles! Vénus n'est donc pas une déesse, mais plus qu'une déesse, s'il est possible, elle qui a perdu Phèdre, et sa famille, et moi-même.

SCENE III - PHEDRE, OENONE

PHEDRE

N'allons point plus avant. Demeurons, chère OEnone.

Je ne me soutiens plus, ma force m'abandonne.

Mes yeux sont éblouis du jour que je revoi,

Et mes genoux tremblants se dérobent sous moi.

Hélas !

OENONE

Dieux tout-puissants ! que nos pleurs vous apaisent.

PHEDRE

Que ces vains ornements, que ces voiles me pèsent !

Quelle importune main, en formant tous ces nœuds,

A pris soin sur mon front d'assembler mes cheveux ?

Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire.

OENONE

Comme on voit tous ses vœux l'un l'autre se détruire !

Vous-même, condamnant vos injustes desseins,

Tantôt à vous parer vous excitiez nos mains ;

Vous-même, rappelant votre force première,

Vous vouliez vous montrer et revoir la lumière.

Vous la voyez, madame, et prête à vous cacher,

Vous haïssez le jour que vous veniez chercher ?

PHEDRE

Noble et brillant auteur d'une triste famille,

Toi, dont ma mère osait se vanter d'être fille,

Qui peut-être rougit du trouble où tu me vois,

Soleil, je te viens voir pour la dernière fois.

OENONE

Quoi ! vous ne perdrez point cette cruelle envie ?

...

Télécharger au format  txt (11.6 Kb)   pdf (196 Kb)   docx (15 Kb)  
Voir 8 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com