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Peut-on Apprécier Et Comprendre Une Oeuvre Dans L'ignorance De Son Contexte Et dépourvu D'information Concernant L'auteur ?

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Par   •  5 Mars 2015  •  1 582 Mots (7 Pages)  •  969 Vues

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Du préfixe grec « bio » (vie) et « graphie » (écrire), le mot biographie renvoie a un texte écrit par soi-même, appelé alors autobiographie, et signifie le récit de la vie d’une personne. On peut alors se demander si les informations sur l’auteur d’une œuvre et les circonstances de son élaboration sont inutiles ou indispensable a sa compréhension et/ou son appréciation, c'est-à-dire si l’on peut comprendre et apprécier une œuvre littéraire dans l’ignorance du contexte de sa création et dépourvus de connaissances sur l’auteur ou si ces notions sont obligatoire vis-à-vis du lecteur. Tout d’abord nous tenterons de démontrer l’importance qu’apportent les informations sur la vie de l’auteur, puis aborderons l’intérêt d’un texte lu seul soit d’une lecture « a l’aveugle » , et enfin étudierons les rapports entre appréhension et impression.

 Premièrement, il est important de démontrer que les différents éléments présents dans la biographie d’un auteur permettent souvent une appréciation plus fine et objective des enjeux de son œuvre. Tout d’abord, la connaissance de l’époque, de la période historique de la rédaction d’une œuvre et des évènements historiques qui s’y déroulent donnent un certain recul au lecteur et lui permet généralement de mieux appréhender l’action et les comportements des personnages. Par exemple, le roman « 1984 » de George Orwell, écrit en 1948, présente une vision alors futuriste et extrêmement autoritaire de la société, inspirée par la montée des régimes totalitaires et la Seconde Guerre Mondiale, dans laquelle l’auteur a été personnellement impliqué. Cette dimension d’anticipation qui tend à avertir le lecteur des dérives possibles et futures de l’exercice du pouvoir, aurait certainement échappé au lecteur non averti alors que l’année 1984 est aujourd’hui dépassée, qui aurait pu n’y voir qu’une simple fiction se tenant dans un cadre passé, traitant de dangers révolus. Par ailleurs, dans l’ensemble des romans courtois écrits au Moyen-Age, tels que « Yvan ou le Chevalier au Lion » de Chrétien de Troyes, les mœurs et attitudes des personnages, notamment à travers les codes de courtoisie ou de séduction, diffèrent grandement de celles d’aujourd’hui et peuvent difficilement être correctement interprétées sans le secours d’une source d’information extérieure telle que la biographie de l’auteur. Ainsi, cette dernière, en apportant des éclaircissements sur le contexte historique, permet souvent une meilleure appréciation d’une œuvre littéraire.              

             De plus, grâce à une biographie, les éléments concernant la période historique dans laquelle a vécu un auteur s’accompagnent généralement d’informations sur le mouvement littéraire auquel appartiennent ses œuvres, ce qui permet d’en expliquer certains procédés. En effet, dans les tragédies du XVIIème siècle telles que « Phèdre » ou « Bérénice » de Racine, l’esthétique du mouvement classique, auquel appartenait cet auteur, et les règles du registre tragique permettent d’expliciter le rôle du fatum, de la suprématie et de la punition divine d’une part, et le choix déchirant du devoir face à la passion de l’autre. On retrouve également dans « Aurélien » d’Aragon certains procédés spécifiques, tels que le brouillage du système de l’énonciation ou la présence de répétitions voulues et d’un incipit déceptif, qui peuvent pousser le lecteur non averti à douter de la maîtrise de cet auteur ; cependant, cet effet est bel et bien voulu et s’inscrit dans l’esthétique surréaliste, qui cherche à bouleverser les codes de l’incipit traditionnel, Réaliste ou Naturaliste, du siècle précédent - le XIXème - ainsi que ceux du roman classique du XVIIIème siècle. De même, l’absence de ponctuation dans « Le Pont Mirabeau » (in « Alcools »)  d’Apollinaire, rompt avec le mouvement Romantique, développé au cours du XIXème siècle, pour se diriger vers l’esthétique du mouvement Surréaliste, qui occupera la première moitié du XXème siècle.  Ces informations concernant le mouvement littéraire auquel appartiennent l’œuvre et son auteur permettent de mieux s’approprier les différents procédés utilisés et de mieux les comprendre.                 

                   On retrouve également des influences d’évènements intimes ou personnels de la vie des auteurs dans leurs écrits, ce qui permet de décrypter certaines allusions ou références qui pourraient laisser perplexe ou induire en erreur un lecteur non informé. Dans « Demain, dès l’aube » (in « Les Contemplations ») de Victor Hugo, l’auteur décrit un voyage vers la tombe de sa fille, qui n’est jamais mentionnée explicitement, pas plus que sa mort, dans le texte. Ici, la connaissance de la biographie de l’auteur permet de révéler et d’expliciter la tonalité mélancolique et élégiaque qui imprègne le texte, et d’éviter une possible confusion avec l’expression d’un sentiment amoureux. En outre, dans « L’Enéide » de Virgile, l’auteur présente une épopée qui s’inspire grandement de « L’Illiade » et de « L’Odyssée » d’Homère et présente Auguste, l’empereur de Rome, comme un descendant direct de Romulus, le fondateur de la ville. On comprend mieux les motivations de Virgile lorsqu’on sait que cette œuvre avait été rédigée à la demande même d’Auguste pour légitimer son règne et donner au peuple romain un mythe fondateur comparable à celui des grecs. Par conséquent, la connaissance de la vie

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