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« Parler de soi est égoïste » : Pensez-vous que cela caractérise la littérature du « je » ?

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Par   •  25 Mars 2022  •  Dissertation  •  4 174 Mots (17 Pages)  •  1 054 Vues

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Caroline Combe

« Parler de soi est égoïste » : Pensez-vous que cela caractérise la littérature du « je » ?


L’utilisation du « je », dans tous les domaines de la vie, implique directement l’engagement de sa personne. Cela suppose donc une introspection profonde de soi. Utiliser « je », c’est affirmer ses besoins et ses attentes de manière directe, son utilisation nous empêche d’avoir un comportement effacé et affirme notre positionnement et notre volonté. En engageant notre personne de la sorte on peut rencontrer des refus, des rejets ou des critiques, cette peur pourrait expliquer l’utilisation des pronoms personnels ou impersonnels tels que « on » ou « il ». Ainsi, dans le domaine de la littérature, l’utilisation du je est une façon de s’affirmer et de se prononcer directement. Il y a donc dans la littérature du je , un caractère très intime et très personnel puisque le lecteur et l’auteur se rencontrent sans voile. Mais il s’agit de différencier celui qui participe à l’histoire (le personnage), celui qui la raconte (le narrateur) et celui qui l’écrit (l’auteur). Dans la littérature du « je », il arrive que ces trois entités se confondent ou soient la même personne, ainsi, elle demeure un moyen pour l’auteur de parler de lui, de ses expériences et de ses points de vue. Elle est source de discorde puisqu’elle est perçue comme quelque chose d’égocentrique et qui ne sert les seuls intérêts de l’auteur, dans les esprits « parler de soi est égoïste », mais qu’est-ce que l’égoïsme ? Littéralement, c’est l’attachement excessif à soi-même qui fait que l'on recherche exclusivement son plaisir et son intérêt personnels. L’écriture de soi amène l’auteur à centraliser son propos sur sa propre personne, a priori la littérature du je est bien un acte égoïste. Mais on peut se demander si la littérature du je est un simple acte identitaire et personnel ou bien une façon de communiquer avec l’autre. Après avoir vu que la littérature du « je » sert dans un premier temps les uniques intérêts de l’auteur, nous verrons que c’est aussi une façon de partager avec l’autre. Pour finir nous verrons que l’utilisation du « je » n’est pas obligatoire pour quelqu’un qui veut parler de lui.

 

La littérature du je est dans un sens un acte identitaire, personnel et donc égoïste. Ainsi, nous verrons dans un premier temps que la littérature du « je »  est une manière de s’exprimer directement mais aussi de se comprendre, de se soulager et de s’aider. Pour finir nous verrons que l’égoïsme réside dans le fait que le but de littérature du je est avant tout de justifier et de construire son existence.

Comme nous l’avons dit, utiliser le « je »est une manière de s’exprimer directement mais, elle permet aussi de se libérer, de se comprendre et d’apprendre à se connaître. Lejeune dans Le pacte autobiographique montre que l’auteur cherche dans la littérature du « je » une fonction rétrospective. Dans un sens, la littérature du « je » est une façon de comprendre son passé, une quête identitaire qui mène l’auteur face à ses problèmes. La littérature du je est donc une façon pour lui d’affronter la vie, d’apprendre à se connaître et de se trouver une personnalité.  Les méditations poétiques sont un mouvement littéraire qui prend ses racines au moment du romantisme, celui-ci valorise l’expression des sentiments les plus sincères. Au moment d’écrire L’isolement, Lamartine était tourmenté par la mort d’Elvire, son amante et mis en difficulté à cause de problèmes de santé. Il était donc triste et désespéré et c’est cela qui lui a permis de trouver l’inspiration. En effet, dès les premiers vers, il nous expose sa tristesse, sa détresse et son sentiment d’isolement, en 13 strophes il utilisera 16 fois le pronom personnel sujet « je ». La littérature du « je » est aussi une manière de se libérer d’un poids, d’un fardeau. En rédigeant ce poème, Lamartine s’est en partie éloigné de la réalité et s’est laissé emporter par sa mélancolie, sa tristesse et sa détresse. La littérature du « je » est ,ici , un moyen de se libérer de quelque chose de trop lourd pour être abordé lors d’une simple conversation. L’écriture de soi est donc une manière pour l’auteur et seulement pour lui de se libérer de ses problèmes, de comprendre ou encore de relativiser. Dans le même temps, elle permet à celui qui écrit d’en apprendre sur lui-même, puisque son utilisation est directement liée à ce qui est intime, ce qui touche l’auteur le plus profondément. Ainsi, on peut dire de la littérature du « je » qu’elle est un acte identitaire, personnel, individuel et qui touche à une intimité qui lui appartient. Certains individus pourront peut-être se retrouver dans cette œuvre, seulement, la première intention pour l’auteur était de se libérer d’un fardeau ou encore de ses tourments.

Même si la littérature est qualifiée d’art à part entière, le fait qu’elle permette de communiquer est aussi important que le fait qu’elle soit esthétique dans la mise en forme du message qu’elle transmet. Ainsi, c’est donc un moyen de s’exprimer, l’utilisation du je rend cette expression directe et sincère dans le meilleur des cas. L’utilisation du « je » rend aussi le point de vue que l’on exprime personnel et dépendant de notre personne. Ainsi, c’est une forme d'engagement totale qui permet de défendre et d’argumenter ses idées mais aussi d’exprimer ses sentiments et ses émotions les plus profondes. Le romantisme s’inscrit dans l’envie de se libérer de la tradition classique et du rationalisme des Lumières. La libération de langue, de l’imagination et l’expression du moi sont au centre de ce mouvement littéraire. Charles Baudelaire dans Les Fleurs du Mal, recueil qu’il a écrit en 1840, lui a permis d’exprimer son mal-être et de se libérer. En effet, dans Bénédictions, le poète comment il a senti la vocation de poète dès l’enfance et le fait qu’aucune des deux femmes auxquelles il est attaché ne reconnaisse son talent. C’est une façon pour le poète de combattre ses tourments mais aussi d’arrêter de les nier et de les exprimer sans filtre. Charles Baudelaire est souvent reconnu pour son spleen et son mal, en effet on voit dans ce poème que les deux notions propres au poète sont très présentes. On retrouve le pronom personnel « je » 14 fois, le fait qu’il n’arrive pas à être poète et qu’il est rejeté par sa mère, dans un premier temps, puis ensuite par la société car le poète est quelqu’un de différent. Dans ce cas-là, écrire est une façon de s’exprimer sur son statut de poète puisqu’il était vu comme un fou. Encore une fois, la littérature du je apparaît comme un acte égoïste puisqu’il permet dans un premier temps de libérer la parole de celui qui écrit tout en s’aidant lui-même. Ainsi, la littérature du «je » demeure un acte en partie égoïste même si d’autres poètes peuvent se retrouver dans les propos de l’écrivain.

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