Montaigne , Les Cannibales

Thématique : Question de l’altérité, texte 1/4 du corpus

Fiche 1: Montaigne, Essais, I, 31 « Des Cannibales »

Introduction

• Montaigne, grand écrivain Humaniste du XVI ème siècle est surtout connu pour être l’auteur des Essais, oeuvre phare de la pensée occidentale. C’est un classique Français de la Littérature et de la Philosophie. Son but est d’étudier l’Homme, sous tous ses aspects et toutes les époques.

• Dès le livre 1, il s’interroge sur l’opposition entre Nature (l’Inné) et la Culture (l’acquis). Le Chapitre 31, intitulé “des Cannibales” , analyse la suppose “sauvagerie” d’une tribu du Brésil et s’interroge sur les conséquences du colonialisme européen. Le XVI ème siècle est LA période de la découverte du Nouveau Monde, dont les cannibales de la côte du Brésil dont ce chapitre fait précisement référence.

• Dans cet extrait du chapitre 31, Montaigne va analyser ce qui conduit au rejet du Sauvage et plus généralement du rejet de l’autre et va mettre en évidence ici combien les apparences sont trompeuses, les jugements des cannibales hâtifs et superficiels et va critiquer les colonisateurs européen.

• LIRE L EXTRAIT DU TEXTE JUSQU A CE QUE LE PROF TE DISE D ARRÊTER

• Annonce de la problématique +plan:

Problématique : Comment Montaigne étudie le rapport Nature-Culture en remettant en question la vision critique des Cannibales en montrant la sauvagerie des Européens? Plan Pour répondre à cette question nous montrerons que par le biais d’un style argumentative, l’auteur va critiquer l’esprit colonialiste européen pour mieux valoriser l’image du Sauvage afin d’aborder une reflexion sur le rapport Nature/Culture.

I/ Un style argumentatif puissant

A dire en intro de ton grand I) : Montaigne est un grand lecteur d’Aristote, de Platon ou des Stoiciens. Il a totalement assimilé la technique rhétorique (méthode orale pour convaincre les spectacteurs des arguments énoncés) que ceux-ci utilisaient et n’hésite pas à parsemer ses arguments de moyens littéraires pour convaincre le lecteur .

1. Le passage du “je” subjectif au “on” objectif

- le “je” subjectif au début de l’extrait : utilisation de la 1ère pers du sing avec un verbe de jugement « je trouve » : prise de position dans un cadre rhétorique « or (…) pour en revenir à mes propos ».

-le “on” plus objectif et moins connote que le “je” est utilize pour appuyer un argument d’autorité « à ce qu’on m’en a rapporté »; derrière ce “on” consensual, il va redéfinir les notions de « barbare » et de « sauvage » pour établir sa vision des cannibales.

2. Aider le lecteur à se faire sa propre opinion

- Il va inviter le lecteur à use ranger à son avis de sa propre intiative de plusieurs manières : avec le sentiment d’évidence appuyée par l’expression « comme de vrai » l’auteur cache son avis derrière une vérité générale afin d’inspirer confiance au lecteur: la notion de « barbarie » dépend de la culture qui juge « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».

- Glissement de point de vue : du « je » on passe à « chacun » : Il part d’une réflexion personnelle pour mettre en relief des comportements généralisés et très répandus en Europe de ses lecteurs notamment.

- Enfin il emploie « nous » : en utilisant le “nous”, il va impliquer le lecteur dans sa réfléxion dans cet aveuglement collectif occidental, 2ème partie du texte : “Nous les pouvons donc bien appeler barbares”, “mais non pas eu égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie”: il s’inclue, tout autant que le lecteur dans sa condamnation des Européens par un “nous” fédérateur d’emblée de l’opinion qui est donnée. Le “Nous” utilize est assez startégique car il est moins accusateur que le “vous” et incite ainsi plus le lecteur à réflechir sur l’idée de Montaigne que de se defendre.

II/ Encouragement à une vision positive de l’autre

A dire en intro de ton grand II) : Montaigne soigne particulièrement la forme de son discours car il est très attaché à ce que sa réflexion (le fond du discours) soit bien comprise et mise en valeur par la forme du discours. Ici c’est son encouragement d’avoir une vision positive de l’autre qui passe d’abord par une incitation à abandonner une vision critique trop tranchée des Européens.

1. Critique de la vision trop tranchée des Européens.

- Montaigne encourage d’emblée ses lecteurs à comprendre que plusieurs points de vue existent : La perception de la « vérité » et de la « raison » dépend des « usances du pays où nous sommes » : on Remarque que les mots « opinions » et « usances » sont au pluriel alors que « raison » et « vérité » sont au singulier : Montaigne cherche ainsi à montrer qu’il existe plusieurs points de vue possibles pour une même notion.

- De plus, le terme « mire » et la tournure restrictive « nous n’avons autre mire (…) que » : traduisent la subjectivité bien illusoire de ce jugement européen car “mire” a une signification de “voir à la surface” , une notion d’observation superficielle.

- Montaigne fait preuvre d’ironie et de mise à distance par rapport à cette attitude européenne avec l’antiphrase l’inversion sujet-verbe et la répétition de l’adjectif « parfaite » et avec la gradation hyperbolique : « Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses » : Il cherche à mettre en valeur l'exagération des européens (ils ont toujours raison et sont les meilleurs).

=> sLe but de Montaigne est ici de faire comprendre la veritable signification du terme « barbare » = personne étrangère et non mauvaise : « barbarie ce qui n'est pas de son usage ».

2. Discours élogeux et respecteux des Sauvages

Il critique l’esprit étriqué des Européens pour mieux mettre en valeur les valeurs des Sauvages.

- Les « sauvages » ne sont pas mauvais :

L’homme est comparé au fruit, le postulat de départ étant que ce qui vaut pour un fruit le vaut pour l’homme. Il

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