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Midi Leconte De Lisle

Compte Rendu : Midi Leconte De Lisle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2013  •  2 354 Mots (10 Pages)  •  12 363 Vues

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I. Correction du commentaire composé.

« Midi » in Poèmes antiques (1852. Leconte de Lisle

La nature, et l’évocation des saisons, est souvent prétexte à montrer les états d’âme du poète. Ecrin protecteur pour les uns, amie consolatrice pour les autres, elle permet au poète d’épancher toute sa verve lyrique, quitte à frôler parfois le cliché.

Mais dans le poème « Midi » que Leconte de Lisle écrivit en 1852 et publia dans le recueil Poèmes antiques, la nature est vue sous un angle inhabituel. Dans ce poème en alexandrins, les cinq premières strophes sont le théâtre d’une description de l’heure la plus chaude de l’été : midi.

Comment le poète s’y prend-il pour montrer à l’homme l’hostilité de la nature ?

Le lecteur inattentif ne verra dans un premier temps que la peinture d’une nature omniprésente et écrasée par le soleil, mais s’il y regarde de plus près, il comprendra alors que cette description sert en fait une vision bien plus pessimiste de la nature.

La nature est bien au centre de ce poème par son omniprésence, mais au-delà de la simple évocation d’un paysage, cette poésie très picturale, propose une vision bien particulière de la nature où les règnes et les éléments sont convoqués pour aboutir à une sacralisation de celle-ci.

Ce poème très visuel est composé à l’aide du discours descriptif essentiellement. En effet la richesse de la description est forgée par de nombreuses expansions du nom : épithètes liées la plupart du temps « ciel bleu » v2 ; « lointaine forêt » v7 ; « grands blés mûris » v9 etc… mais aussi compléments du nom : « Roi des étés » v1 ; « nappes d’argent » v2 ; la coupe du Soleil » v12 etc… et propositions subordonnées relatives « où buvaient les troupeaux » v6 ou « dont la lisière est sombre » 7. Les nombreuses images renforcent la description et enrichissent la peinture de ce poème, les métaphores et comparaisons notamment « l’air flamboie et brûle » ; « tels qu’une mer dorée ». Le cadre spatial propose formes, lignes et mouvements (forêt, blés, champs, ondulation) comme dans un tableau et suggère plusieurs plans à l’aide d’indicateurs spatiaux : plan d’ensemble « épandu sur la plaine, tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel »v1 et 2 ; arrière plan : « la lointaine forêt… dors là-bas » v7 ; second plan : « les grands blés…se déroulent au loin » v10 ; 1er plan : « Non loin, quelques bœufs blancs… » V 17. Enfin, les couleurs et les nuances (bleu, jaune, nappes d’argent, ombre, sombre) donnent la touche finale à une peinture qui se déploie sous nos yeux.

Ce qui frappe ensuite dans ce tableau poétique est la présence des quatre éléments et de tous les règnes. Nous observons d’emblée la présence d’un champ lexical dominant : celui de la nature que l’on peut décomposer comme suit : les quatre éléments constitutifs de notre planète. 6 vers suffisent dès le début du poème pour les présenter : l’air aux vers 2 et 3, la Terre au vers 4 et l’eau au vers 6. Mais c’est le feu du soleil qui règne, agit et s’impose aux autres éléments. Sous son ardeur l’air « flamboie et brûle » dans une accumulation de verbes synonymes symbolisant l’intensité. La terre est métaphoriquement enveloppée d’une « robe de feu » selon un effet d’emprisonnement. L’eau quant à elle est absente, « tarie », elle a été absorbée. Et la mer dont on parle au vers 9 est une mer jaune composée d’épis de blés. La seule nappe n’est pas constituée d’eau, mais de matière solaire (v2). Le feu règne en maître puisqu’il « tombe des hauteurs du ciel » et qu’il se répand « en nappes ». Comme on le voit, verticalement, horizontalement et en cercle, le feu est l’élément dominant.

Le règne végétal est très présent puisque trois strophes lui sont consacrées. D’abord, les champs sont vus dans leur immensité comme un océan sans limite où seuls quelques îlots viennent rompre cette monotonie : la forêt tout d’abord mais « lointaine » et endormie « dort là-bas » : point de fraîcheur à attendre de ce côté-là.

Puis, les grands blés qui occupent deux strophes à eux seuls et qui suggèrent le plein été : « Les grands blés mûris » ; « tels une mer dorée » ; et des « épis lourds ».

Enfin, le règne animal est uniquement représenté par les bœufs. Ceux-ci sont déjà annoncés dès le vers 6 avec « la source tarie où buvaient les troupeaux ». Leur présence renforce la chaleur pesante : ils sont présentés de façon très réaliste par le poète : « couchés » et ils « bavent » et n’ont d’autre occupation que celle de ruminer et de rêvasser au vers 20 « le songe intérieur… ».

Cette nature n’est cependant pas aussi picturale qu’il y paraît. Sous la plume du poète elle prend vie et les nombreuses personnifications qui parcourent tout le poème sont là pour l’attester.

Ainsi, différents procédés permettent de donner vie à cette nature et à renforcer ainsi son pouvoir : l’utilisation de la majuscule au vers 1 « Midi, Roi des étés », vers 4 « la Terre », vers 12 « la coupe du Soleil ; la périphrase « Roi des étés » ; la métaphore « robe de feu », les verbes d’action : « Midi…tombe en nappes » vers 1-2« l’air flamboie et brûle » vers 3, « La lointaine forêt…dort là-bas » vers 7-8, « Une ondulation…s’éveille » vers15-16.

Tous les verbes ont pour sujet la nature et celle-ci est caractérisée par une série d’attributs dans les deux premières strophes, formés avec le verbe être : « est assoupie vers 4, « est immense » vers 5, « est tarie » vers 6.

Mais cette tendance à donner une autre image de la nature est encore poussée plus loin par une volonté de sacralisation.

Tout d’abord, celle-ci se distingue par un sang royal : « Roi des étés ». Puis on nous dit qu’il tombe « des hauteurs du ciel bleu ». Ces hauteurs renforcent l’aspect supérieur, presque divin. Le terme « majestueux » au vers 15 ajoute encore à la royauté de la nature.

Comme nous l’avons dit, c’est principalement le feu qui domine « Tout se tait » sous son autorité. Les blés sont « les pacifiques enfants de la Terre sacrée ». Ils boivent à la « coupe du soleil ». Nectar divin, Saint Graal, qu’eux seuls peuvent supporter = chaleur qui leur permet de mûrir.

Enfin, On pourrait voir également dans le choix délibéré ? de la couleur des bœufs, le blanc, la référence aux vaches sacrées de l’Inde, pays du soleil.

Si ce poème pictural évoque une nature très présente

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