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Marivaux Le Jeu De L'amour Et Du Hasard

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Par   •  26 Novembre 2012  •  2 827 Mots (12 Pages)  •  12 426 Vues

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Introduction à la pièce

Le Jeu de l'amour et du hasard (1730) est une comédie d'intrigue: jeux de mots + situations burlesques + coups de théâtre.

Toute l'action se passe dans la maison de Monsieur Orgon dont les conditions sociales et politiques n'influencent pas la

progression amoureuse des protagonistes. Il n'y a aucune double inconstance. Dans la comédie d'intrigue, il y a une situation où

les événements, déguisements et jeux de mots se confondent. Jusqu'au dénouement, la situation est de plus en plus compliquée.

La réalité y surpasse l'illusion, l'honnêteté y surpasse le mensonge et la raison et l'ordre y surpassent la folie et la passion. La

comédie d'intrigue, avec ses déguisements et toutes sortes de tours, est l'exemple parfait du style roccoco du dix-huitième

siècle.

Personnages

Les personnages, eux-mêmes, expliquent beaucoup sur les conditions sociales de l'époque.

Monsieur Orgon, vieux gentilhomme et père de Silvia, représente le modèle parfait de la haute bourgeoisie ou de la petite

noblesse. Il possède une belle maison et assez d'influence et de privilèges pour choisir pour sa fille un mari de haute stature qui

lui convient intellectuellement. De plus, c'est un homme soigneux et aimant avec des bonnes intentions et des moyens savants.

C'est un homme qui a la prudence d'un bourgeois et le raffinement d'un aristocrate. On peut comprendre son choix pour sa fille.

Il est indulgent avec Silvia: "Dans ce monde, il faut être un peu trop bon pour l'être assez" (Acte I, scène ii). Il est de bonne

humeur aussi pour permettre le déroulement libre de l'intrigue. Le père de Dorante est indulgent envers son fils, lui aussi. Il

accepte que son fils soit excentrique: "Pour moi, qui m'en fie bien à ce que vous m'avez dit de votre aimable fille, j'ai consenti à

tout en prenant la précaution de vous avertir, quoiqu'il m'ait demandé le secret de votre côté" (Acte I, scène iv). C'est vraiment

une pièce où les pères ont confiance dans l'idée que l'ordre naturel de la société prédominera.

Mario, fils de Monsieur Orgon et frère de Silvia, possède une certaine élégance sociale. C'est un jeune homme qui comprend

les rapports subtils entre les personnages dont il dit, "C'est une aventure qui ne saurait manquer de [me] divertir" (Acte I, scène

iv). Mario représente le philosophe de la pièce--l'idée que la position sociale convient à l'esprit naturel. Un esprit noble se

montrera dans n'importe quelle situation. L'ordre de la société, pour la plupart, est l'ordre naturel. Mario prévoit la fin du jeu de

l'amour et du hasard quand il dit, "voyons si leur coeur ne les avertirait pas de ce qu'ils valent" (Acte I, scène iv). C'est ainsi que

les manières raffinées de Dorante et de Silvia les attirent l'un vers l'autre, les manières grossières mais spontanées et gaies de

Lisette et Arlequin les mènent à l'amour.

Les valets ont beaucoup des droits des maîtres. Ils peuvent conseiller, moquer et réprimander leurs maîtres. Pourtant, les manières du valet et de la suivante sont sottes et trahissent l'appartenance à une classe inférieuse. Ils ne sont pas raffinés mais impulsifs et assez vulgaires. Les scènes amoureuses entre Arlequin et Lisette montrent la bêtise des valets, selon Marivaux. Ils ne s'occupent longtemps avec le badinage comme leurs maîtres et, quand ils l'utilisent, c'est de vulgaire façon et maladroite. Ils ont une naïveté qui révèle leur ignorance intellectuelle. Par exemple, Arlequin dit à la suivante, "Cher joujou de mon âme! Cela me réjouit comme un vin délicieux, quel dommage de n'en avoir que roquille!" (Acte II, scène 3). Leurs métaphores et images sont sottes et inopportunes. Le fait que les valets proclament si vite leur amour prouve leur infériorité intellectuelle.

Arlequin est le valet le plus célèbre de la comédie italienne. C'est un personnage plein de joie et de drôlerie dont la tradition théâtrale et la peinture ont immortalisé le costume losangé et bariolé, le sabre de bois (sa fameuse " batte ") et les

pantomimes1. Dans Le Jeu de l'amour et du hasard, il a perdu son costume puisqu'il apparaît d'emblée en habit de maître, sous le nom de Dorante, et garde ce déguisement jusqu'à la fin de la pièce. Pourtant, s'il joue les seigneurs, Arlequin n'a rien perdu de son caractère comique, de son babillage et d'un autre trait plus spécifique : la gourmandise. Mais ici elle se manifeste surtout en matière amoureuse par une grande impatience. Arlequin, avant même de voir Lisette-Silvia, est déjà pressé de conclure le

mariage et ne dédaigne pas, en passant, d'adresser quelques galanteries à la fausse Lisette ! Avec la vraie Lisette, qu'il

pense être une jeune fille de condition, il brûle aussi les étapes : [...] un amour de votre façon ne reste pas longtemps au berceau ; votre premier coup d'oil a fait naître le mien, le second lui a donné des forces, et le troisième l'a rendu grand garçon ; tâchons de l'établir au plus vite [.] " (acte II, sc. 3).

Arlequin, toujours pressé, obtiendra rapidement de Lisette l'aveu de son amour. Au-delà du comique qu'elle engendre, cette

précipitation est très significative : tout d'abord, elle fait d'Arlequin le personnage du plaisir immédiat et en cela le valet se

distingue des maîtres pour qui le bonheur est toujours différé et retardé. Ensuite, cette hâte traduit le désir du valet de profiter

de

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