Macbeth assassine le sommeil

CM Littérature comparée : Macbeth assassine le sommeil

20.01

MACBETH (crdp-strasbourg.fr)

Partiel : 1H, une question de cours

Enfer intérieur, appelé l’angoisse, le remord, l’inconscient -tout ce qui va constituer un point de rupture en ce début de 17e s quand la tragédie Macbeth, titre exacte : la tragédie de Macbeth

De la pièce de Shakespeare, la postérité, les siècles qui ont suivi et réécrit Macbeth, que ce soit dans le roman ou autre, vont toutes s'attacher à une figure particulière (montré via le PowerPoint) qui est l'une des premières peintures de la fin du 18e siècle. Il s'agit d'une des premières images romantiques de Lady Macbeth.

Image de femme folle, meurtrière, grand questionnement sur la nature humaine, nature féminine

Femme qui donne la vie et prise une sorte de folie, lien avec des forces obscures, à un moment donné va donner la mort

Femme criminelle, fait partie d’une sorte d’émancipation de la femme, n’est plus réduite à une image idéalisée, à une jeune fille

L’émancipation passe aussi par l’enfer

[pic 1]

« Lady Macbeth somnambule » de Johann Heinrich Füssli

Le préfixe négatif “un” intraduisible

Le titre du cours est une sorte d’indication de pbmatique : « Macbeth assassine le sommeil » (citation qui vient de la pièce de Shakespeare, Acte II, scène 2, vers la fin

[La pièce se passe en Ecosse qui est menacée par les pays du Nord, le roi doit défendre son royaume, le roi est vainqueur grâce à la bravoure, le courage du général Macbeth (II,2) 

- "brave Macbeth" en anglais = le héros Macbeth, figure héroïque qui a permis la victoire de son oncle et donc de l’Ecosse

pour remercier le général Macbeth, lui donne un titre : le duc Thador, hérite le titre d’un traitre, comme si lui aussi allait passer de brave à unbrave. Macbeth reçoit de manière grandiose et hypocrite son titre. La femme de Macbeth va insuffler le crime à son mari : "il faut tuer Duncan". 

"Je vais le faire moi-même" dis Lady Macbeth, mais n'y arrive pas, c'est finalement son mari qui va le tuer (poignarder) et revient avec le poignard ensanglanté. C'est à ce moment-là que se trouvent les fondements de tout ce que va envahir peu à peu la littérature occidental, la question des remords, des crise de l'angoisse et du manque de sommeil. Jusqu'à présent, on pensait que le crime est ce qui importait en littérature, mais ce qui va être BEAUCOUP plus important, ça va être de comprendre que le crime n'est pas essentiel pour celui qui va étudier la nature humaine, c'est essentiel car le crime relève de la médecine, de la folie. Pourquoi un jour un être humain devient-il criminel ? Un crime pour obtenir le pouvoir ? On entre dans le cœur de la nature humaine qui est si chère aux écrivains humanistes. Ce qui compte, ce ne sont plus les rois, les empereurs de tragédie qui sont au cœur d'un système : ce qui se dessine, c'est que chaque individu homme ou femme, chaque vie humaine est particulière et compte. Et si le crime n'a rien de particulier parce que tout le monde peut le faire, peut devenir criminel. Ce qui va sauver d'une littérature du crime, c'est la littérature du châtiment : Crime et châtiment de Dostoevski. Le crime est expédié tout au début du roman. Cet acte qui est le pire, va donner lieu au pire des châtiment : la torture morale. La seule possibilité est de s'en sortir par la folie. La folie répond à cette angoisse, à ce remord qui "assassine le sommeil". Ce n'est pas la tragédie de Macbeth qui va nous intéresser, ce qu'est une tragédie, etc., etc., Sénèque, Euripide, Sophocle, avec Antigone, Médée, Clytemnestre… ces grandes figures tragiques des femmes criminelles de l'Antiquité. Succession de tragédie : cela peut être un crime (femme qui assassine son mari dans les pièces bourgeoises du 19e), mais plus que tout cela, Shakespeare choisit d'assassiner le sommeil. Le cœur de la pièce n'est pas l'assassinat de Duncan mais l'assassinat du sommeil. Pièce qui a lieu entre mari et femme, et Macbeth revient, le poignard ensanglanté : "Il m'a semblé entendre une voix qui criait "ne dormez plus, Macbeth assassine le sommeil". La véritable tragédie n’est pas le crime mais cette voix que Macbeth entend « Sleep no more, Macbeth murder sleep ». Contient une phrase de rhétorique tout à fait banale : le sommeil est simulacre de la mort. Mais la différence avec la mort est que le sommeil permet la réparation. Idée connue des Anciens.

Sénèque est plus violent dans sa Médée, sorte de théâtralité du désordre qu’une analyse plus profonde. Médée d’Euripide est plus intime alors que celle de Sénèque est plus rhétorique et tue sur scène ses enfants. "Et toi sommeil qui dompte les maux", Shakespeare pastiche Sénèque (plus exactement : « Sommeil réparateur des maux, repos de l’âme, toi, la meilleure partie de l’existence humaine » dit par le chœur des Thébains dans l’Hercule furieux de Sénèque, autre citation : « Laissons-lui prendre quelques moments de repos, afin que le calme profond du sommeil apaise le trouble violent qui l’agite » dit par Amphitryon dans la même pièce). Il y a là une rhétorique dont il faut se dépouiller.  
Il a perdu la possibilité d'oubli, la pièce de Shakespeare est aussi une pièce de remord et de mémoire ; se souvenir de ses crimes, se souvenir de manière générale (c'est aussi une sorte de métonymie, de l'innommable en général).

Macbeth représentée en août 1606 à Londres devant le roi Jacques Ier d’Ecosse, d’origine écossaise et qui venait de monter sur le trône pour succéder à Elisabeth Ier. En France on a tendance à nommer le théâtre de Shakespeare le théâtre élisabéthain mais dénomination pas tout à fait exacte.

Raison historique : Shakespeare est comédien de sa troupe nommée le Globe, subventionné par des nobles et il a été accusé d’avoir participé à une sorte de projet politique qui voulait assassiner Elisabeth Ière, sorte de fronde des nobles.

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