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Littérature Maghrébine

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Par   •  1 Janvier 2015  •  10 436 Mots (42 Pages)  •  799 Vues

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Partie1 : espace contre parole.

Espace carcéral et politique+les caractéristiques de l’espace carcéral.

Espace et référent.

Ecrire la réclusion et écrire à partir de la réclusion : à quel degré l’intellectuel a-t-il pu parler des autres ? L’intellectuel devient-il un allié du pouvoir ?

Cheminement vers la parole : comment se fraie le chemin de la communicabilité.

1) Espace et politique :

La gestion de l’espace n’est pas un simple artifice quotidien, c’est une stratégie codifiée pour la domination des autres et la manifestation d’une maîtrise du capital et d’une classification de la société, en un mot, c’est une manière de dire « nous possédons », c’est pourquoi il est courant de parler, dans le monde actuel, de quartiers riches et pauvres, centres et périphéries (où la politique de centralisation est encore de mise comme l’Algérie), de hauteur et de bas fond le cas de la ville d’Alger, espace côtier réservé aux étrangers et l’intérieur de la ville de Tanger. La littérature était pour longtemps sensible à cette manifestation du pouvoir par la domination de l’espace social, la description de l’habitation du riche chez Mouloud FERAOUN à titre d’exemple.

Nous n’allons pas focaliser notre recherche sur tout type d’espace et de sa production, il n’en est pas lieu, mais sur l’espace carcéral qui vois un regain d’intérêt après le printemps arabe. Tant d’intellectuels s’appliquent à retracer, par les média différents, leur parcours dans les prisons et qui « inspira » Cette aveuglante absence de lumière. L’espace carcéral nous met sur une traversée à la fois politico-sociale et littéraire. Quelle valeur humaine acquiert la prison comme moyen de punir ? Et pourquoi cet espace favorise-t-il la parole ? Nous nous trouvons le cas échéant face à une question purement sociale et éthique, comment l’intellectuel parle-t-il des autres, question qui se trouve détournée en l’intellectuel doit-il parler des autres ? D’autant plus que, dans notre roman, l’écrivain T.BENJELLOUN était accusé de ne parler que tardivement du drame de Tazmamart et de voler la parole des prisonniers survivant à l’enfer. Comment, dans un deuxième temps, le texte littéraire rend-il compte de cette déshumanisation ? Par le biais de quelques détails, commentaires ou métaphores la mort elle-même est devenue joie et le café quotidien est douleur. La littérature n’est-elle pas dire l’indicible ?

Une politique de domination des corps par la faim (dans La Géographie), le mutisme (La réclusion), l’isolement, privation sexuelle (La Réclusion) et la torture (dans Cette aveuglante).

La prison est selon Michel Foucault cet appareil idéologique qui permet au « secret » du pouvoir de se montrer avec ampleur, de s’accentuer, c’est un lieu mystère à travers lequel la société enterre ses échecs, ses faiblesses et met à l’écart ses individus indésirables, ainsi :

« Les murs de la prison déterminent à l’origine un espace effacé ; bien plus qu’une mise en parenthèse : une mise à l’écart du tissu du réel. La société dissimule là des plaies. Elle y suspend des échecs, des violences. Elle concentre hors du regard ses poisons et ses morts symboliques. La prison est invisible car elle provient de ce mouvement profond : la mise en œuvre d’une absence forcée, d’une négation artificielle. Il est dans son essence d’être invisible : pas visible, pas ouverte, pas montrable. Comme un geste magique » (Patrick Chamoiseau, préface de : La prison vue de l’intérieur, Albin Michel. 2007, p.7).

La dernière phrase de cette citation condense tout le sens que Foucault avait donné à l’appareil panoptique de l’Etat, la prison procède en une exclusion de l’individu du sein de la société : il est soustrait du groupe pour intégrer un espace de nature invisible, non qu’il ne contient pas de contours mais parce qu’il efface l’homme, le maintient à l’écart et perpétue le mystère du pouvoir ; en achevant son paragraphe ainsi « pas visible, pas ouverte, pas montrable. Comme un geste magique », l’auteur rappelle le fondement du pouvoir et ses armes de domination, le secret et « la magie » (ce que Deleuze et de Certeau appellent le mystique), l’emploie de l’adjectif « un geste magique » n’est certes pas arbitraire. Qu’est-ce que le pouvoir ? Trouver une réponse à cette question est une charge pénible, le pouvoir n’est que le morcellement de ce secret impénétrable « qu’est-ce que le pouvoir ? », la prison en étant invisible est le lieu propice qui représente le pouvoir. Le pouvoir est aussi « magicien », il se sert du silence du secret pour montrer des réalités comme venant d’elles-mêmes, comme tombant d’un ciel, comme une divinité écrasante pour les rendre plus réceptives par les âmes analphabètes. Sur ce point Michel Foucault explique :

« Le système pénal est la forme ou le pouvoir comme pouvoir se montre de la façon la plus manifeste ? Mettre quelqu’un en prison, le garder en prison, le priver de nourriture, de chauffage, l’empêcher de sortir, de faire l’amour…, c’est bien la manifestation de pouvoir la plus délirante (…). La prison est le seul endroit ou le pouvoir peut se manifester à l’état nu dans ses dimensions les plus excessives, et se justifier comme pouvoir moral. « J’ai raison de punir puisque vous savez qu’il est vilain de voler, de tuer… »… une fois le pouvoir ne se cache pas, qu’il ne se masque pas, il se montre comme tyrannie poussée dans les plus infimes détails » (p.292 de Iles désertes.)

Il est à retenir que la prison est un espace :

- Invisible, effacé et d’effacement, de secret.pas de rapports avec l’extérieur ; il n’y a pas de fenêtres à Tazmamart, prison située à moitié sous sol, dans le désert marocain (absence), une prison qui finit par être détruite, effacée du monde pour effacer encore les vies qui s’y ont éteintes.

- Un espace clos.

- Un espace détaché de la société, un espace échec.(avec ou sans murailles « in abstracto »« voyez comment on peut la vivre sans vraiment la rencontrer et sans jamais la voir. Mille fois la désigner sans pour autant la nommer » (Patrick Chamoiseau. p. 10)

- Un espace d’exhibition du pouvoir.

Mais le suc de notre recherche est de montrer que mettre en prison, que cette prison soit une institution officielle le cas de Tazmamart ou un refuge incontournable le cas du travailleur émigré ou du haragua, est d’exclure

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