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Les métamorphoses du moi

Dissertation : Les métamorphoses du moi. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Avril 2022  •  Dissertation  •  1 912 Mots (8 Pages)  •  1 897 Vues

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Le moi, au sens courant, est synonyme de personnalité ou caractère. Il est possible que ce moi change en fonction des expériences vécues. Il est également possible d’étudier le moi grâce à l’introspection, c’est-à-dire grâce à l’étude d’une conscience par elle-même. Mais l’introspection peut également être perçue comme une forme de narcissisme, ce qui amènerait à une déformation volontaire du moi et donc à ne plus être soi-même. Ce point de vue est soulevé par Clément Rosset dans son œuvre Loin de moi, paru en 1999.

Cette prise de conscience sur la métamorphose du moi m’a amené à me poser une question à la fois simple et complexe, peut-on ne pas être soi-même ?

Dans un premier temps, je vous développerai pourquoi on ne peut pas être soi-même. Ensuite je vous expliquerai pourquoi nous ne pouvons pas ne pas être nous-même. Et enfin je terminerai en vous montrant que ce sont les changements successifs que nous vivons qui nous permettent de mieux nous révéler.

Pour commencer, je vais vous monter pourquoi nous ne pouvons pas être nous-même, malgré les autoportraits ainsi que les autobiographies.

En effet, nous connaissons beaucoup d’artistes qui se sont prêtés au jeu de l’autoportrait. C’est le cas notamment de Ernst Ludwig Kirchner avec son Autoportrait en soldat datant de 1915. Dans cet autoportrait, le peintre se représente en soldat français avec une main coupée. Les autoportraits, comme toutes les autres toiles, permettent d fixer une image dans le temps. L’autoportrait est intéressant comme cas car c’est une représentation de soi-même qui se fige dans le temps. Or nous changeons avec le temps. De ce fait l’image que nous avons de Ernst Ludwig Kirchner dans son autoportrait de 1915 ne sera pas la même que celle qu’il renvoyait en 1938, l’année de sa mort. C’est donc parce que nous changeons dans le temps que l’autoportrait n’est pas un moyen d’être soi-même.

Passons ensuite au cas de l’autobiographie. Genre de l’introspection et de l’extériorisation du moi par excellence, l’autobiographie ne se révèle pas être une preuve que nous pouvons rester nous-même. En effet, c’est un moyen, pour certains, de se construire une image flatteuse. C’est le cas de Rousseau dans la préface de son autobiographie Les Confessions. En effet dans cette œuvre autobiographique, il se place sous le signe de la franchise car cela lui permettra d’accéder au paradis sans aucune crainte car il n’aura plus rien à se reprocher. De plus, il se sent unique car selon lui il sera le premier mais aussi le dernier à se prêter à l’exercice de l’autobiographie avec autant de franchise. Il écrit alors : « Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple et dont l’exécution n’aura point d’imitateur ». Ici, Rousseau se créer une image flatteuse, selon laquelle il est unique et pure de tout péchés. Clément Rosset dénonce de genre de comportement dans son œuvre Loin de moi, paru en 1999. Dans cet œuvre, un passage dénonce le fait que l’introspection, nécessaire à l’autobiographie, n’est en réalité que le « terrain d’élection du narcissisme, l’introspection est le plus souvent l’offrande complaisante de sa personne au regard de l’autre ». Selon lui, l’introspection n’est donc pas un moyen de se connaître car lorsque nous faisons une introspection, on chercher à extérioriser le moi, moi que nous pouvons modifier pour renvoyer une image plaisante aux autres. Ou alors, cette introspection n’a pour but que de se renvoyer une image plaisante à soi-même en laissant les mauvais points sur le côté. C’est en cela que l’introspection est purement un acte de narcissisme selon Rosset et que ce n’est donc pas un moyen efficace d’être soi-même.

Un autre point de vue qui me permet de dire que nous ne pouvons pas être nous-même, c’est que nous allons modifier notre comportement, notre langage, notre posture, en fonction des personnes avec lesquelles nous interagissons. Nous constatons ce comportement, le changement d’attitude, chez Camus dans son œuvre L’étranger, publiée en 1942. En effet, le personnage principal, Meursault, à une vie calme et ne ressent souvent pas grand-chose ou en tout cas il semble indifférent aux choses et aux évènements qui l’entoure. Tout ceci est vrai dans la plupart de l’œuvre. Pourtant, lorsqu’il se retrouve avec Marie, l’amour de sa vie, il semble vivre, avoir des émotions, être heureux et sourire. Il ne semble plus être si étranger au monde qui l’entoure. Je trouve que cet exemple montre encore mieux le fait que nous adaptons notre comportement en fonction de personnes avec qui l’on se trouve. Mais dans ce cas si nous nous adaptons aux personnes avec lesquelles on se trouve, nous ne sommes jamais réellement nous-même.

Ces exemples nous montrent bien que nous ne pouvons pas être nous-même. D’une part, nous changeons avec le temps, d’autre part nous pouvons nous créer une image flatteuse qui donc nous éloigne de qui nous sommes réellement. Et enfin, comme nous adaptons notre comportement en fonction des personnes avec lesquelles on interagit, nous ne sommes jamais réellement nous-même. Malgré tout, n’y a-t-il pas des moments où au contraire nous sommes nous-même ?

En effet, plusieurs auteurs défendent l’idée que nous pouvons nous ne pouvons pas ne pas être nous-même car le moi reste le même malgré les changements que le moi a subi au cours du temps. Primo Levi défend cette théorie est dans son autobiographie Si c’est un homme, parue en 1947. Ce livre est le journal de sa déportation considéré comme l’un des tous premiers témoignages sur l’horreur d’Auschwitz. On découvre au fur et à mesure des pages, l’horreur de la vie au camp, la déshumanisation perpétrée par les gérants du camp. Il nous livre un témoignage poignant sur un moment de sa vie qui aurait pu le changer totalement. Pourtant, tout au long de son récit, même si bien évidemment, son état d’esprit et son état de santé physique ont changés, il essaye toujours de rester lui-même. Comme quoi même durant les moments les plus inhumains possibles, une part d’humanité reste encore en nous.

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