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Les Animaux Malades De La Peste

Commentaire d'oeuvre : Les Animaux Malades De La Peste. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Mai 2015  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 945 Mots (12 Pages)  •  844 Vues

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Le commentaire (du vers 23 à la fin)

• La Fontaine disait de lui: « Papillon du Parnasse, semblable à l’abeille Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet » (Discours à Mme de La Sablière). Il montrait par là l’ambivalence de son œuvre, et de sa vie. La Fontaine est parisien, académicien, tout proche des centres de décision, reçu par le roi, mais restant à l’écart, jamais courtisan, jamais pensionné. Il est adepte d’un genre mineur, la fable, dont il va faire un genre central dans l’histoire littéraire du XVII, et qui va faire de lui un des seuls critiques « autorisés » de la société de cour.

• La fable objet de l’étude ouvre VII, donc la deuxième partie du recueil. Il rassemble des fables différentes.

La fable après un exorde solennel raconte une sorte de cour de justice: le souverain lion réunit ses sujets: il s’agit de prendre une décision, peut-être commune, pour affronter le terrible fléau qui les frappe: la peste. .

LECTURE

• Intérêt du texte. Mettre au jour la véritable nature du pouvoir, mais de façon assez habile pour que la critique soit acceptable ! L’essentiel, c’est que le pouvoir repose sur la légitimation de la force.

• Plan: voir ci-dessous.

1) Une critique du pouvoir en tant qu’il est la légitimation de la force

a) Le pouvoir se veut juste: le lion

Thèse : Le pouvoir, que symbolise le lion, se pare des oripeaux de la justice. On le voit aussi bien à son exorde, dans lequel il explique les raisons de cette réunion, qu’à l’examen de conscience qui suit immédiatement.

• Il est ainsi à la recherche du « le plus coupable », expression qu’on retrouve au début et à la fin de son discours.

• Il fait semblant de se mettre au même niveau que les autres animaux: « ne nous flattons point ». Première personne du pluriel englobante, et non de majesté.

• Il use d’un vocabulaire choisi, nuancé, au rebours du prédicateur du début de la fable. Il n’assène pas son avis de manière catégorique (exemples).

• Par ailleurs, en bonne justice, le lion prend le soin de motiver sa proposition, par l’ « l’histoire ». Un juge de même « motive » sa sentence, ou sa décision.

Cette impression est confirmée par le contenu de son examen de conscience.

Il semble s’accuser en bonne et due forme. Il souligne même l’innocence de ses victimes, et le fait qu’il ait agi à des fins purement égoïstes, « pour satisfaire [ses] appétits gloutons »

Mais bien sûr le lecteur n’est pas dupe.

D’abord à cause de la bizarrerie de la procédure, assez peu judiciaire, mais religieuse (confession publique !).

Et parce que La Fontaine fait en sorte de souligner, de manière insistante et presque ironique, les passages clefs. Ainsi du moment où il termine sa confession : « Mais je pense », qui est en contre-rejet (vers 30), mis en valeur par conséquent. « Je pense » : ce retour à la parole du juge rappelle que malgré son ton mielleux, c’est lui, et lui seul qui décide, qu’il réalise en sa personne la confusion des pouvoirs. Par ailleurs, le dernier mot est « périsse », souligné par les deux mots à la rime (plate) : le couple justice / périsse rappelle à tous à quel point la justice est redoutable. NB : ces mots ne riment pas pour l’œil ! rare au XVIIe siècle.

b) La coalition des forts et des hypocrites

D’abord les hypocrites, car c’est eux que La Fontaine met en exergue à travers le personnage du renard, dont le discours fait pendant à celui du lion.

Habile: flatte aux deux premiers vers, comme c’est le rôle du renard, l’animal rusé (voir Le Roman de Renart, au Moyen Âge): « trop bon roi », « trop de délicatesse ».

Prend le contre-pied du discours du lion, qui s’accusait, pour montrer qu’il n’était pas coupable. Prend les oripeaux du confesseur, par son vocabulaire (« scrupule », « péché »). Mais il n’est même pas utile d’absoudre, puisqu’il n’y a pas eu péché : « Non ! Non ! ».

Mais la justification du raisonnement est étrange. Premier temps, en incidente (en fait exactement en apposition), le rabaissement des victimes (« canaille », « sotte espèce »). Puis l’idée que pour le lion, massacrer, c’est faire honneur à ses victimes. Logique folle, bien sûr : elle permet de justifier n’importe quel abus. La rime joue si l’on peut dire un rôle important dans le raisonnement : rime plate, « seigneur », « honneur », qui semble une évidence : le seigneur féodal fait honneur à ses sujets en daignant s’intéresser à leur sort !

L’autre point, le berger (le renard ne fait que suivre l’argumentation du lion) est beaucoup plus solide ! c’est presque un devoir, loin d’être un péché, pour les animaux, que de tuer cette misérable engeance, ces fléaux parmi les hommes (« ces gens-là ») ! Après l’exclusion (des moutons), le renard joue au contraire sur le lien, sur la solidarité entre les animaux contre les hommes.

Ensemble très habile (flatterie, puis disculpation) qui suffit à faire oublier que le renard, habileté suprême, , n’a même pas besoin de parler de ses propres péchés !

Si le renard parvient à se faire oublier, c’est qu’il donne à beaucoup d’animaux, et aux plus redoutables d’entre eux, une ligne de conduite : il suffit de ressembler au lion pour échapper au danger. Le discours du renard, par la dichotomie qu’il institue entre les victimes méprisables et un Grand, le lion, sert de justification à une coalition des méchants, des forts. Ce groupe disparate, puisqu’il regroupent de véritables « puissances », et jusqu’aux « mâtins ». Tout cela se fait vite, sans discours direct cette fois : on passe, justement, en vitesse : « on n’osa trop approfondir ». Notons l’antithèse « querelleurs » vs. « petits saints », où « petits » insiste sur l’hypocrisie (syntagme lexicalisé) : difficile de passer sous silence les particularités de ce vers, dont l’accentuation se fait en 2 / 4 / 2 / 4, avec une rime intérieure, et les deux couples de dentales (d et t) comme pour imiter des conversations étouffées ?

La violence est ainsi protégée, mais aussi mise en exergue.

c) Le pouvoir est violence

La

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