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Les Amours de Cassandre

Fiche de lecture : Les Amours de Cassandre. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Avril 2015  •  Fiche de lecture  •  1 801 Mots (8 Pages)  •  1 240 Vues

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Introduction

Ronsard a maintes fois traité du thème de la belle indifférente aux transports amoureux du poète. Il en livre ici une version originale où le vocabulaire amoureux rejoint les inquiétudes du poète. Organisé en trois moments, le poème, du vers 1 à 6, offre une vision idyllique de la beauté, pour, dans les 6 vers suivants, faire part d’une inquiétude. Enfin, les douze derniers vers livrent une mise en garde. Dans ce mouvement de progression en basculement, il serait donc intéressant de voir comment Ronsard livre son instance amoureuse en étudiant, dans un premier temps, la beauté de la femme lorsqu’elle est rapprochée de celle de la fleur, puis, dans un deuxième temps, la stratégie amoureuse mise en place par le poète.

I La beauté et la femme

Construit autour d’une rose dont il s’agit de détailler les atouts, le poème propose une métaphore filée de la femme.

a) Métaphore de la fleur

- Sous le prétexte d’admirer cette rose, le poète construit en effet une métaphore autour de la femme. Celle-ci n’est désignée que par le titre « mignonne » (v. 1, v. 13), les pronoms personnels des 12 premiers vers renvoyant eux à la rose.

- La mention de la « robe » (v. 3), reprise par le détail des « plis de sa robe » (v. 5), renvoie aux parures de la femme.

- De même, le choix du terme « teint » (v. 6) désigne explicitement une femme puisqu’il s’agit d’une particularité humaine. Cette mise en parallèle se marque également par le déterminant possessif « votre » et la structure comparative « au votre pareil ».

- La personnification de la fleur « elle a dessus la place » (v. 8), « ses beautés laissé choir » (v. 9), donne à la fleur des attitudes humaines, favorisant le rapprochement entre la femme et la fleur.

- Son mode d’apparition « ce matin avait déclose » (v. 2), « … une telle fleur ne dure / Que du matin jusques au soir » (v. 11) est relevé et rappelle l’apparition magnifique (ou ensorcelante) d’une femme qui, ensuite, disparaît.

Sans doute parce qu’il est plus courtois de célébrer la beauté d’une rose que celle d’une femme, le poète entreprend donc une métaphore filée des beautés de l’une pour magnifier l’autre. La rose, en effet, semble parée de tous ces atouts attendus et relevés chez une femme.

b) Description de la rose

Le poème insiste ainsi sur les qualités remarquables de cette fleur.

- La rose est tout d’abord assimilée à une beauté naturelle (mention du « soleil » v. 3, pas d’artifice)

- Sa couleur ensuite, d’un rouge sombre, « pourpre » (v. 3), adjectif repris sous forme adjectivée au v. 5, indique une tonalité chatoyante et majestueuse. Cet assombrissement de l’habit permet également un contraste avec le « teint » (v. 6).

- La beauté de ses atouts en rappel, lorsqu’il s’agit de décrire la couleur de la « robe » qui éclate à la lumière, « sa robe de pourpre au soleil » (v. 3), en une sorte de duel visuel. Se forme ici comme l’idée d’une bravade aussi puisque le poème insiste à nouveau sur la couleur de la rose, non sur celle du soleil.

- La grâce des mouvements est également suggérée par la mention du « [pli] » (v. 5) des vêtements. Rappelons qu’un pli se forme aux mouvements du corps et qu’il s’agit ici de désigner celui de la femme qui bouge, en une composante érotique discrète.

- La mention des « vesprées » (v. 4), enfin, marquant le jour déclinant, semble, par opposition, indiquer les atouts revêtus pour un soir, une parure destinée à charmer par son éclat. Si dans un premier temps le poète a choisi d’honorer la femme par l’intermédiaire de la fleur, il insiste également sur un avenir moins prometteur.

c) Beauté et menace du temps

- La personnification de la fleur se voile ainsi d’une double menace, avec l’idée d’un renouvellement, floral et naturel, mais qui renvoie aussi à celui de la femme, dont la beauté sera éclipsée par celle d’une autre : « dessus la place » (v. 8).

- Vient ensuite l’idée de la disparition, « ses beautés laissé choir » (v. 9), par une structure verbale « laissé choir », où le verbe à connotation négative placé en finale prend poids et importance. La fin du vers se termine par la fin de la rose, par mimétisme entre poème et évocation, accentuant cette donnée qui gagne en pouvoir de suggestion.

- Pour évoquer la dégradation de la beauté, le poème ne reprend pas les composants des premiers vers (atouts, couleurs) mais énonce simplement la réalité implacable de la fin, insistant sur la progression inexorable de l’outrage par un rythme régulier qui figure celui d’une montre « Puisqu’une telle fleur (…) jusques au soir ! » (v. 12).

Cette fleur métaphore de la femme en reprend toutes les qualités remarquables qui peuvent attiser la convoitise du poète. Beauté, élégance, accord des couleurs, la fleur ressemble à la femme jusque dans sa tragique destinée, la mort de sa beauté. Face à la menace, le poète offre une invitation amoureuse tout autant que stratégique.

II la stratégie amoureuse

Cette invitation amoureuse se construit sous une thématique simple mais dans une relative complexité stratégique. Évoquant la dégradation à venir, le poète y oppose en effet une invitation simple : profiter de l’instant présent.

a) Invitation au Carpe Diem

- Cette invitation au Carpe

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