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Lecture Analitique

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Par   •  18 Mai 2013  •  2 094 Mots (9 Pages)  •  1 730 Vues

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Texte 4 :

Nerval (1808-1855) : "Sylvie" (Les filles du feu)

Présentation de l'úuvre et du passage :

Sylvie est la plus célèbre des Nouvelles de Nerval (de son vrai nom Gérard Labrunie). Publiée en août 1853, elle fut l'année suivante incluse dans le recueil des Filles du feu. Le récit raconte " l'histoire d'un cúur épris de deux amours simultanées ". En réalité, trois figures féminines commandent la structure de l'úuvre : Adrienne, la noble religieuse sublimée en sainte chrétienne ; Aurélie (alias Jenny Colon, la maîtresse de Nerval), la comédienne transformée en déesse infernale ; Sylvie enfin, la petite paysanne du Valois de l'enfance de Gérard.

Dans le chapitre II de "Sylvie", nouvelle d'inspiration autobiographique, le narrateur se remémore sa première rencontre avec une jeune fille nommée Adrienne. Les circonstances de cette scène champêtre en font une sorte de cérémonie magique.

J' étais le seul garçon dans cette ronde, où j'avais amené ma compagne toute jeune encore, Sylvie, une petite fille du hameau voisin, si vive et si fraîche, avec ses yeux noirs, son profil régulier et sa peau légèrement hâlée... Je n'aimais qu'elle, je ne voyais qu'elle jusque-là. A peine avais - je remarqué, dans la ronde où nous dansions, une blonde, grande et belle, qu'on appelait Adrienne. Tout à coup, suivant les règles de la danse,, Adrienne se trouva placée seule avec moi au milieu du cercle. Nos tailles étaient pareilles. On nous dit de nous embrasser, et la danse et le choeur tournaient plus vivement que jamais. En lui donnant ce baiser, je ne pus m'empêcher de lui presser la main. Les longs anneaux roulés de ses cheveux d'or effleuraient mes joues. De ce moment, un trouble inconnu s'empara de moi. La belle devait chanter pour avoir le droit de rentrer dans la danse. On s'assit autour d'elle, et aussitôt, d'une voix fraîche et pénétrante, légèrement Voilée, Comme Celle des filles de ce pays brumeux, elle chanta une de ces anciennes romances pleines de mélancolie et d'amour, qui racontent toujours les malheurs d'une princesse enfermée dans sa tour par la volonté d'un père qui la punit d'avoir aimé. La mélodie se terminait à chaque stance par ces trilles chevrotants que font valoir si bien les voix jeunes, quand elles imitent par un frisson modulé la voix tremblante des aïeules.

A mesure qu'elle chantait, l'ombre descendait des grands arbres, et le clair de lune naissant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle attentif. - Elle se. tut, et personne n'osa rompre le silence. La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis. - Je me levai enfin, courant au parterre du château, où se trouvaient des lauriers, plantés dans de grands vases de faïence peints en camaïeu. Je rapportai deux branches, qui furent tressées en couronne et nouées d'un ruban. Je posai sur la tête d'Adrienne cet ornement, dont les feuilles lustrées éclataient sur ses cheveux blonds aux rayons pâles de la lune.

Gérard de Nerval, Les Filles du feu (1854)

Introduction :

La rencontre entre les deux adolescents est racontée comme un rituel d'initiation. Elle fait d'Adrienne une divinité dont le pouvoir transforme le monde et fait oublier le réel. Dans une lecture méthodique, nous envisagerons d'abord les circonstances de la rencontre puis la rencontre en elle &endash;même et enfin le travail sur l'écriture qui nous permettra de parler de véritable prose poétique.

Plan détaillé:

1)Les circonstances de la rencontre

&endash; Les protagonistes

La narration est à la première personne du singulier, " je ", cette focalisation interne ne va pas nous permettre d'avoir beaucoup de renseignements sur le garçon puisque c'est lui qui raconte l'histoire :

" J'étais le seul garçon dans cette ronde "

Cet isolement rend la situation exceptionnelle et en quelque sorte focalise toute l'attention du lecteur sur ses réactions ;

Le narrateur est accompagné d'une jeune fille dont il dit :

" je n'avais qu'elle, je ne voyais qu'elle, jusque-là "

Cet effet, très théâtral prépare le lecteur à la rencontre amoureuse. Cette rencontre est d'autant plus étonnante que la compagne du narrateur est le personnage éponyme : Sylvie :

" une petite fille du hameau voisin ".

Non seulement il dit l'aimer mais elle donne son nom à l'úuvre, ce n'est pourtant pas elle qui sera l'autre protagoniste de la rencontre :

" A peine avais-je remarquéÖAdrienne "

C'est donc par une surprise que commence ce récit d'une rencontre, surprise du narrateur qui était persuadé de ne voir que Sylvie mais dont l'attention va être captée par une autre, surprise également du lecteur, obligé de se détacher du personnage éponyme pour suivre Adrienne. Nous étudierons ce personnage de façon plus détaillée dans la deuxième partie de l'étude.

- La Nature

Il faut attendre avant de connaître le lieu où se déroule l'action, le regard du narrateur privilégiant la vision d'Adrienne. On sait que Sylvie est une petite campagnarde :

" du hameau voisin "

" sa peau légèrement hâlée " témoigne d'une vie passée au grand air.

On parle ensuite de " ce pays brumeux " plein de mystères donc.

Lorsque la magie de la rencontre agit, le cadre apparaît plus clairement (à partir l.29)

" ombre descendait des grands arbres "

" clair de lune "

" la pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées "

La Nature se fait enchanteresse, magique (les ombres " descendent

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