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Le trésor de Morkeloleb - Fendragon, Barbara Hambly

Commentaire de texte : Le trésor de Morkeloleb - Fendragon, Barbara Hambly. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  4 044 Mots (17 Pages)  •  458 Vues

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LE TRESOR DE MORKELEB

Fendragon, barbara Hambly, 1985, p. 242-243

Fendragon, écrit en 1985, par l’écrivaine américaine Barbara Hambly raconte les aventures de John Aversin, dit Fendragon, dernier tueur de dragons du royaume, accompagné de sa femme Jenny, guérisseuse et apprentie sorcière. Mais un jour, un messager vient annoncer le retour de Morkeleb, un terrible dragon qui terrorise les terres du Sud. John et Jenny se mettent alors en route pour mettre fin à cette menace. Le passage étudié, propose un dialogue entre Jenny et le fameux Morkeleb que tout semble opposer, dans le repère du dragon qu’on comprend être une immense caverne au trésor. En effet, Jenny tente de comprendre l’amour du dragon pour l’or et en réponse à sa question, Morkeleb décide de le lui faire ressentir en pénétrant dans l’esprit de la sorcière. Par cette communion des êtres, Jenny se trouve bouleversée et demeure imprégnée par l’esprit du dragon. Au sein de cet univers lugubre ravivé par les multiples éclats du trésor, le dragon semble s’imposer en majesté et pourtant ne fait pas usage de sa force qu’on imagine surhumaine. A l’inverse, Jenny paraît chétive dans cet immense espace et sa question « Mais pourquoi l’or, Morkeleb ? » (l. 13) nous invite à plonger au cœur de la personnalité du dragon et à comprendre son déterminisme attrait à bon nombre de représentation dans la littérature de fantasy. Dans les légendes anciennes présentes dans la mythologie slaves, germaniques ou encore celte, la tradition est de représenter le dragon comme le gardien d’un trésor. On retrouve ce cas de figure dans Bilbo le Hobbit de Tolkien, où le narrateur décrit : « des entassements de choses précieuses, de l’or travaillée et de l’or brut, des gemmes et des bijoux, de l’argent teinté de rouge par la lumière rougeoyante (p. 249) […] derrière lui, accrochés aux murs les plus proches, il apercevait à peine les cottes de mailles, les casques et les haches, les épées et les lances. Il y a avait aussi des rangées de grandes jarres et de plats remplis de richesses inimaginables » ; ou encore dans le roman de Richard A. Knaak, Lancedragon, la légende de Huma : « des pièces de monnaies en quantité, de l’or et de l’argent […] tout étincelait. Parmi cela se trouvaient quelques éléments rares dont beaucoup étaient ouvragés comme des bijoux, mais tous étaient fascinants. Des colliers de grosses perles au galbe parfait, des petites figurines d’émeraude ou de jade. » Ces objets, fabriqués dans le monde des humains démontrent bien l’idée d’un conflit l’opposant au dragon qui semble, dans bon nombre de représentations, s’être emparé de leur richesse. Au delà de ces représentations, Barbara Hambly semble porter un attrait tout particulier, tout en s’en inspirant, à proposer une vision nouvelle du lien qui unie le dragon à son trésor et qui peut s’expliquer à travers ce passage. En effet, dans ce dialogue rapproché, comment Morkeleb, dragon assoiffée par l’or, exprime t-il son amour envers celui-ci à la sorcière Jenny, d’une manière qui dépasse la barrière du langage humain ?  

Nous verrons en quoi, dans un premier temps, l’auteur, tout en s’inspirant de la représentation traditionnelle de la littérature de fantasy propose des personnages dont la personnalité va au-delà de leur archétypes habituels. Puis nous nous interrogerons sur la manière dont Morkeleb exprime à Jenny sa soif d’or au delà de la barrière du langage et enfin, nous étudierons la communion des deux êtres et l’entrée dans l’âme des personnages.

Bon nombre d’auteurs dépeignent le personnage du dragon comme un être cruel, semant le trouble et la destruction autour de lui et impose au héros de se rendre dans la tanière du dragon, abritant souvent un immense trésor, afin de le terrasser et ramener la paix au royaume. Or, ici, le héros ne semble pas entrer directement en conflictualité avec le dragon et tous deux, malgré leurs différences, tendent à s’apprivoiser. L’auteur nous présente des personnages qui se détachent en un sens de leurs archétypes traditionnels.

        Tout d’abord, le dragon apparaît comme un collectionneur d’or et gardien de son trésor, comme l’indique la phrase : « Ne connais-tu donc pas, femme sorcière, l’amour que les dragons vouent à l’or ? » (l. 20-21), qui montre le lien du dragon à son trésor, une particularité qui semble commune à leur espèce et à moult représentations de dragons dans la littérature. De plus, le caractère interrogatif de la phrase souligne la banalité de ce cas. Tout comme Smaug (Bilbo le Hobbit, Tolkien), Morkeleb apparaît comme un manipulateur de l’esprit. En effet, ce dernier est doté d’une sorte de capacité à la télépathie puisqu’il peut entrer dans l’esprit de Jenny, comme le montre la phrase « et l’esprit de Morkeleb toucha alors son esprit, et ce fut comme le contact d’une main ferme dans l’obscurité » (l. 37-39). Là où Smaug s’impose en sphinx parce qu’il voit tout et lit dans les esprits, Morkeleb, lui, entre en contact avec celui de Jenny. C’est par ces atouts « de base », caractéristiques à son espèce, que le dragon assure sa prééminence autour de lui.

Son nom, Morkeleb, aux sonorités rêches qui évoquent la mort, renforce cette idée dans le sens où la typologie des noms donnés aux dragons dans la littérature évoque son caractère meurtrier. Or, là où l’auteur s’écarte du stéréotype de la consonance meurtrière du nom, c’est par des phrase telles que : « le chuchotement qui était son nom » (l.16-17) et « l’or répercuter la musique qui était le nom du dragon » (l.41) qui indiquent que le nom du dragon, outre son interprétation négative, peut s’apparenter à un chuchotement, à de la musique. Cela contribue à l’ambivalence même du personnage dont le nom peut établir un rapport avec ce qui évoque la douceur.

De plus, outre l’image d’un dragon destructeur et féroce qu’on imagine, Morkeleb, dans ce passage, n’en fait pas usage. La phrase, « il posa de nouveau sa tête entre ses pattes et tout autour d’eux l’or empilé vibra sous le chuchotement qui était son nom » (l. 15-17) nous laisse comprendre que malgré son poids qu’on imagine colossal, son mouvement, puisqu’il fait vibrer l’or, dénote d’une force contrôlée. Il a un impact maitrisé sur son environnement. De plus l’indication « Il renifla et une lueur rosée cerna ses naseaux » (l. 25) peut être interprétée comme une forme de passivité car le dragon n’est pas dans une posture de frontalité face à Jenny, il réagit de manière calme alors que l’image originel du dragon est plutôt de réagir avec ruse voir brutalité.

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