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Le discours d’Orou

Fiche de lecture : Le discours d’Orou. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Décembre 2013  •  Fiche de lecture  •  1 549 Mots (7 Pages)  •  775 Vues

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Introduction

Les deux personnages envisagent la question de la sexualité à Tahiti. Or cette question est un point qui séduit l’imaginaire du XVIIIème siècle par rapport au monde sauvage. C’est le problème du libertinage amoureux, qui s’est également posé dans la littérature avec des œuvres comme Les égarements du cœur et de l’esprit de Crébillon ou Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Le discours d’Orou est d’ailleurs lancé par le mot « libertin ».

Diderot s’inspire donc d’un sujet traditionnel du discours sur les mœurs sauvages : la sexualité. Mais son approche est originale : il n’y a pas de pittoresque douteux. La liberté sexuelle tahitienne n’est pas traitée en tant que telle, mais comme un instrument de la critique des mœurs européennes. L’utopie tahitienne devient un instrument de la critique de l’Europe.

I. Un dialogue critique

1) Fonctionnement du dialogue entre l’aumônier et Orou 

Cet extrait se structure en deux parties fortement antithétique, toutes deux construites sur le même schéma : succession de répliques courtes, puis une longue réplique qui expose le fonctionnement d’une société : l’Europe puis Tahiti. Cependant la domination d’Orou apparaît déjà. Dans les deux cas, c’est lui qui énonce les répliques les plus longues. 

Les premières répliques de l’aumônier s’apparente à une parole judiciaire, de l’ordre du jugement. 

A l’assurance de l’aumônier s’oppose le refus d’Orou. 

Apparemment les deux interlocuteurs entretiennent une relation d’amitié : « mon ami », mais il s’agit en fait un dialogue de sourds. L’aumônier ne répond pas aux questions d’Orou qui n’en sont d’ailleurs pas de réelles, mais plutôt une façon de rompre le dialogue et de remettre en cause le fondement idéologique de ces mots. 

Dans la deuxième partie du texte, c’est Orou qui refuse de répondre aux questions de l’aumônier « O étranger ! ta dernière question achève de me déceler la profonde misère de ton pays »

2) Renversement du schéma ethnographique 

L’importance de ce texte se caractérise par le discours du sauvage sur l’Europe. Il s’agit ici d’un renversement du schéma ethnographique traditionnel, où l’Européen analyse et juge celui qu’il nomme sauvage. C’est ici le « civilisé » qui se découvre jugé par un regard étranger. Le renversement opéré par le vieillard à travers l’emploi du champ lexical de la forêt se retrouve ici de façon plus frappante et plus virulente. 

La deuxième partie de l’extrait commence par un bref retour à un schéma traditionnel : l’Européen interroge les mœurs sauvages. Mais l’absence de réponse de l’aumônier est significative : il donne sa caution au tableau d’Orou. L’observation de l’aumônier vient donc corroborer la démarche déductive du sauvage. La transition par l’adversatif « mais » montre également un échec : certes il y a continuité de sujet puisqu’il est toujours question du mariage, mais cette rupture, cet effort pour changer de sujet est également un aveu. 

La condamnation de l’Europe est d’ailleurs renforcée dans cette partie à travers un nouveau renversement du schéma ethnographique : ce questionnement de l’Européen sur le sauvage est décrypté comme étant le symbole de la déchéance de l’Europe.

3) La figure du sauvage 

La raison et la connaissance sont le propre du sauvage. Orou juge la pensée européenne en dehors de la voix de la raison : elle est « extravagance », « monstrueuse », contre-nature. C’est Orou qui représente le savoir. Là encore, te texte aboutit à une opposition entre le personnage et l’adjectif dévalorisant qui le désigne : « sauvage ». Non seulement le Tahitien n’est pas inférieur mais est même capable de comprendre le non-dit d’une société. En effet Orou remonte aux présupposés de la parole de l’aumônier. Il sait tout sans avoir vu et est capable de reconstruire une image de la société européenne, et ce par une démarche déductive, c’est-à-dire par la raison : « tu ne me dis pas tout ». Il parle en omniscient : le lecteur doit se méfier, il ne s’agit pas d’un véritable sauvage. 

Le sauvage maîtrise les règles de l’éloquence : Une phrase interminable qui témoigne de la maîtrise syntaxique et conceptuelle d’Orou ; Une réplique longue et très argumentée mais pas très orale ; Qui parle ? 

La maîtrise du dialogue par le sauvage est un indice de la double énonciation : Orou est une incarnation du philosophe des Lumières, avec lequel il partage le goût du XVIIIème siècle pour les reconstructions abstraites.

II. Critique de la société européenne

1) La critique du roman galant 

Orou répond au lexique de l’adultère développé par l’aumônier en proposant dans sa description de la société européenne toutes les situations stéréotypée du roman galant.

2) Effet totalisant de la critique de l’Europe 

Le bilan que dresse le Tahitien révèle une pensée européenne qui apparaît sans fondement et sans légitimité : le champ lexical du caprice : « caprice », « à son gré », « arbitraire » s’applique à tout le champ de la pensée : idées, choses, actions. 

Rythme ternaire qui vise à embrasser la totalité

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