Le clézio

COMMENTAIRE LITTERAIRE :

        Le texte que nous étudions est un texte écrit par Jean-Marie Gustave Le Clézio (Prix Nobel de littérature en 2008) et paru en 1973. Nous sommes donc vers la fin du XXe siècle, en plein dans la période de la grande distribution. Le développement des grandes surfaces ainsi que la consommation de masse naissent alors en France. Dénoncer cette période va donc être le thème principal du livre.

Comment Le Clézio, à travers l’évocation d’un univers merveilleux et effrayant, dénonce t-il la société de consommation ?

        Le monde dans lequel nous sommes plongés nous permet de constater que les consommateurs on perdu leurs libres arbitres.

        Tout d’abord, on remarque l’absence d’individualisme chez les consommateurs avec l’emploi du terme : « on oubliait tout » (l.7) qui montre à quels points la grande surface crée une amnésie collective les empêchant de penser par eux-mêmes. Cet effet est aussi souligné ligne 6 lorsque l’on dit : « personne ne voyait plus rien », tout comme ligne 17 : « personne ne savait ce qu’il faisait ». Le mot personne accentue la sensation de masse et de groupe des consommateurs. Il montre aussi la passivité des clients face à toute cette consommation de masse qui s’étend devant eux.

        Ces êtres dépourvus de pensée et de conscience deviennent alors des êtres humains qui ne sont plus que des organes, des corps qui arpentent les rayons de l’hypermarché. Les clients ne sont pas désignés par des noms mais seulement par des organes « yeux […] mains […] bouches […] tubes digestifs » ligne 19-20. Les corps sont personnifiés « ses mains malgré elle se posaient dessus » ligne 3. De plus, l’état hypnotique et l’absence de conscience est renforcé ligne 11-12 par « des visages sérieux, contractés, et leurs paupières battaient de façon anormalement lente. ».

        Les clients s’activent frénétiquement pour répondre à la profusion des biens. On trouve alors un grand nombre d’énumérations, par exemple : « des paquets de biscuits, des paquets de chocolat au lait, des paquets de crème. Des tubes. Des berlingots de lait, torsades de cartons » (l.3-4) ; ou bien encore ligne 13 : « des pots, de cubes, des paquets » ; et ligne 14-15 : « des dizaines de fromages mous, des cartons de lait, des tubes de crème, des paquets de gélatine, des godets en matière plastique plein de yoghourt, de flan, de sorbets au chocolat, au café, à la crème, aux pêches, aux fraises, aux ananas. ». Ces énumérations, mais aussi des termes comme : «  de toutes les tailles et de toutes les couleurs » (l.5), permettent d’insister sur la variété et la profusion étourdissante des produits qui s’offrent aux clients. Pour finir, on trouve ligne 11, 13 et 16 des verbes d’action comme : « les gens empilaient […] avec frénésie. […] elles fouillaient […] elles prenaient […] elles prenaient […] elles ne s’arrêtaient jamais […] les enfants piochaient […] empilaient. » qui évoque une consommation frénétique et obsessionnelle des consommateurs.

        La deuxième impression qui émane de la description de cet hypermarché est donc celle d’un monde où les êtres humains ne sont que corps formant une masse d’individu dont la consommation des produits diverses et variées ne s’arrêtent jamais.

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