Le Théatre Burkinabé

Le théâtre est l’art le plus enraciné dans la vie des sociétés, a estimé Prosper Kompaoré, professeur d’art dramatique à l’université de Ouagadougou. Il animait une conférence du colloque « Théâtre et Démocratie », en marge du Festival des Récréât râles en novembre 2012 à Ouagadougou.

Le théâtre est l’art le plus enraciné dans la vie des sociétés, a estimé Prosper Kompaoré, professeur d’art dramatique à l’université de Ouagadougou. Pour étayer ses propos sur cette relation intrinsèque entre le théâtre et la démocratie, le conférencier qui est l’actuel directeur de l’Atelier Théâtre Du Burkina, a axé son argumentaire autour de trois points essentiels.

D’abord, il met l’accent sur ce qu’il appelle « la dimension interne de la relation Théâtre et Démocratie ». Du point de vue du professeur Kompaoré, le lien entre les deux concepts n’est pas si lointain. S’appuyant sur sa genèse, il soutient que le théâtre qui fait partie du débat social, est né dans le peuple et prend sa source dans la religion et les modes d’organisation de nos sociétés. Mais, à son avis, cet art a été confisqué par les hommes de théâtre qui l’ont institutionnalisé. C’est pourquoi, avance-t-il « le théâtre ne devrait pas se complaire dans une sorte de tour d’ivoire, parce qu’il est intimement lié à la vie, aux hommes et à la société ». Autrement dit, pour lui, « le jeu simulé est une partie essentielle de la vie en communauté et favorise l’interaction sociale ».

Dans un second temps, le conférencier qui aborde la dimension externe de la démocratisation du théâtral, démontre que, si le théâtre persiste à rester une affaire élitiste, on ne pourra pas parler de démocratie du théâtre. Et pour ce faire, sur le plan pratique, il faut une accessibilité, il ne doit pas être confiné dans un espace.

L’accessibilité du point de vue de la disponibilité des groupes artistiques est d’une importance capitale, selon Prosper Kompaoré. Il insiste un fait « si le public ne peut avoir accès aux spectacles, ou ne parvient pas à comprendre une pièce jouée, on ne peut pas parler de démocratisation du théâtre ». Car pour lui, cet aspect pratique, sur le cadre et aussi sur la langue ne doit pas être alambiquée, de même que sur le texte, est essentiel dans la démocratisation du théâtre. « L’une des clés de la démocratie pour le théâtre passe par le travail sur le texte, la manière dont nous travaillons le texte, de sorte que l’œuvre ne soit pas hermétique, opaque, au point de poser des problèmes de lisibilité et de compréhension pour le public », défend-il.

Il met en garde les artistes africains : « ne tuaient pas le Dieu du théâtre en utilisant certaines esthétiques peu adaptées, qui une fois transférées, deviennent des objets théâtraux non identifiés ». Enfin, sur le dernier point relatif à la dimension interne de la démocratie et du théâtre, Prosper Kompaoré semble être beaucoup plus précis, en déclarant que, « ce qui intéresse ici, c’est qui joue, qui est-ce qu’on joue, et avec quel résultats ».

Pour lui, l’enjeu c’est de voir comment le théâtre peut être fait par le citoyen « lambda », entrer dans les mœurs et interpeller les consciences. « Du moment que le théâtre pose de vrais problèmes de société et non le débat sur le sexe des

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