LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le Renard Et La Cigogne

Commentaires Composés : Le Renard Et La Cigogne. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  21 Septembre 2014  •  640 Mots (3 Pages)  •  1 155 Vues

Page 1 sur 3

Etre préservé, ce n'est pas jouir. Ce n'est pas goûter un plaisir que la crainte ne peut corrompre. Mais, c'est, du moins, tenir, ne pas rompre, ne pas être rompu, éviter d'être estropié, jambes cassées, voire mort. La préservation n'est pas l'objectif ultime, mais il faut en passer par elle pour goûter éventuellement un plaisir aussi pur qu'infini. Lecteurs des Fables, au premier Livre. nous trouverons bientôt, de manière précise, développée, subtile, et surtout lors du second Recueil, la question de savoir comment faire usage heureux de soi et jouir. Mais tel n'est pas le problème de La Cigale, quand la Bise fut venue, ou celui du Roseau, quand se déchaîne le Nord, ou celui de l'Ane dans la guerre des Voleurs, ou de l'Homme accablé, et qui appelle la Mort, ou même de Simonide. Préserver est le bon verbe. Trouvant son origine au latin praeservare, il signifie voir par avance, obtenir ainsi de l'information, ce qui sauve souvent des peaux, la sienne et celles d'autrui. Ainsi se préserve le Rat des Champs, fuyant la ville au moindre bruit. Mais Simonide ne se préserve pas. Il est préservé par les Dieux. Il ne voit rien par avance. Il ne calcule pas. Il est aveugle essentiellement. Ce sont les Dieux qui voient par avance pour lui, comme l'avait fait l'Hirondelle pour les petits Oiseaux. Son seul mérite est d'avoir su mettre en pratique leur avis. Il n'a élaboré aucune tactique. Comment aurait-il pu prévoir que la maison où il mangeait s'effondrerait ? Comment aurait- il pu prévoir que le discours qu'il adresserait à l'Athlète plairait aux Dioscures, et qu"ils le sauveraient ? Simonide n'a rien prévu. Il ne pouvait guère prévoir. Faible créature dans le monde, il ne saurait inventer, à tout coup, une tactique qui le préserve. Le monde, pour lui, est trop vaste. Les puissances sont trop imprévisibles. Lui et nous, nous sommes finis dans un monde infini. Telle est notre condition de Rat, de petits Oiseaux, d'Hommes... Cependant, un jour, Simonide fut préservé. Deux raisons : ce qui nous domine n'est pas nécessairement, toujours, un mal pour nous et, parfois, nous pouvons échanger. Tout pouvoir ne nie pas toujours autrui. S'il existe des Loups dévoreurs, si les Voleurs sont innombrables, si Les Dragons et les Empires pullulent, il est une Hirondelle, ou un Livre des Maximes, ou Jupiter, ou des Jumeaux qui ne sont pas essentiellement cruels, ou que l'amour-propre seul ne guide pas... Il est des dominants discrets, bien intentionnés, et efficaces. Tel sera, à l'extrême fin du premier Recueil, le Père de la Jeune Veuve, réponse admirable à l'inaugurale Fourmi : la danse, rendue torture interminable par cet insecte, se métamorphose, grâce à cet homme, en signe de la renaissance de sa fille, lorsque reviennent au Colombier, les jeux, les ris, la danse. Simonide a la chance de rencontrer des Dieux bien intentionnés. Quoique aveugle à la totalité de l'avenir, mais parce qu'existent ces Dieux, et parce qu'il fait, par hasard, le bon choix, il est préservé. Peut-on, et doit-on, l'imiter ? Dans quelle mesure son cas peut-il faire leçon ? Que pouvons-nous en apprendre ? Pouvons-nous devenir préservés par calcul en méditant l'exemple d'un homme préservé par hasard ? Pouvons-nous tirer une science pratique de sa réussite sans

...

Télécharger au format  txt (3.8 Kb)   pdf (60.3 Kb)   docx (9.2 Kb)  
Voir 2 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com