Le Père Goriot Dernier (fin)

Cette ultime page de ce roman, écrit par Honoré de Balzac et publié dès 1835 dans la revue de Paris, conte la brève cérémonie d'adieu du personnage principal, Le Père Goriot. Elle fournit les derniers éléments permettant de comprendre le dénouement du roman: ici, l'enterrement du Père Goriot a des répercussions sur son ami, Eugène de Rastignac. La scène se déroule dans le cimetière du Père-Lachaise, donc dans un décor particulier, dans lequel évolue un personnage en pleine transformation; de plus, à travers le regard de Rastignac, le réalisme de Balzac permet au symbolisme d'émerger.

A la fin de cette histoire, la mort de son ami provoqua chez Rastignac un changement radical, du point de vue moral. Nous sommes alors spectateurs de sa tristesse et de ses interrogations, qui vont nous permettre d’entrevoir sa détermination, son agressivité mais surtout sa volonté de domination ; nous découvrirons enfin qu’il a une attitude assez théâtrale démontrant la rupture psychologique qu’il vient de subir.

Lors de l’enterrement du Père Goriot, les sentiments et les émotions d’Eugène ressurgissent. On constate d’une part que cette cérémonie est légèrement austère, en effet, les membres de la famille de son ami sont absents, seulement < les gens de ses filles > sont présents. Il semble que seul < l’argent de l’étudiant > soit l’unique réel intérêt à cet instant. Nous sommes donc en présence d’un certain contraste entre la haute société, représentée par les domestiques des enfants du Père Goriot, et la pauvreté, représentée par le personnage de Rastignac. Celui-ci < fouilla dans sa poche > et < fut forcé d’emprunter vingt sous > lorsqu’on lui demanda un pourboire : la tristesse qu’éprouve Eugène à cet instant n’est pas seulement dû à son manque de ressources, il est également dû à une forme de jalousie envers les autres personnes présentes. En effet, ce manque d’argent lui donne l’impression de ne pas honorer suffisamment la mémoire de son ami alors que les domestiques de ses filles, eux, en ont les moyens ; il trouve cela injuste puisqu’il a sûrement plus de considérations envers son défunt confrère que les propres enfants de celui-ci. A la nuit tombée, son agacement semble être à son paroxysme ; face à la mort de son ami, Rastignac y enfouit < sa dernière larme de jeune homme >. En effet, sa douleur est telle qu’il en perd son insouciance, sa joie de vivre ; toutes < les saintes émotions > de son cœur semblent s’être envolées. La pureté de son âme est soudain ensevelie de noirceur, il réalise la dureté de la vie.

Tous ces évènements le poussent à se renfermer sur lui-même : < il se croisa les bras > lorsque < Christophe le quitta >. De plus, nous avons l’impression que Rastignac s’adresse aux cieux, qu’il attend une réponse à toutes ses questions. C’est dans ce cimetière du Père-Lachaise que le personnage de Rastignac va évoluer ; en effet, avec l’enterrement du Père Goriot, il va enterrer également ses valeurs et ses principes de jeune homme. C’est ce qui va permettre au lecteur de mieux ressentir ses émotions. Le regard de Rastignac se porte sur Paris : nous avons affaire ici à une personnification de la ville puisque Paris est < tortueusement couché >. Nous pouvons imaginer Paris

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