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Le Lys Dans La Vallée, Balzac (fragment)

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Par   •  21 Février 2013  •  2 228 Mots (9 Pages)  •  1 119 Vues

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Le Lys dans la vallée, Balzac

(fragment)

Notre extrait représente une scène dialogué entre Félix de Vandenesse qui vient d’arriver au Clochegourde et Mme de Mortsauf qui est très heureuse d’arrivée inattendue de Félix après deux ans d'absence.

Après que Félix est lancé dans le monde grâce au soutien de Madame de Mortsauf, après qu’il est devenu secrétaire particulier du roi, il obtient six moins de liberté qu’il décide de passer au château de Clochegourde, auprès de la femme qu’il aime.

En voyant comment Félix a changé (« Cette fois, deux ans de séjour à Paris, l’habitude d’être avec le roi […], tout m’avait transformé » p. 209), Mme de Mortsauf le met à promettre qu’il ne l’abandonnera jamais, qu’il sera toujours son ami dévoué. Et ici commence notre passage qui présente premièrement le courage de Félix causé par ces mots de Mme de Mortsauf, le courage de dire que seulement le fait qu’il le savait au Clochegourde et qu’il va le voir bientôt l’a fait d’arriver en dix-sept heures. Les pensées et les désirs sont celles qui éclaircissent son chemin: « Faut-il donc vous dire que je suis venu en dix-sept heures, que chaque tour de roue emportait un monde de pensées et de désirs qui a éclaté comme une tempête aussitôt que je vous ai vue… » p. 211. En entendant ces mots, Mme de Mortsauf se sent flattée et insiste devant Félix de lui dire encore d’autres mots: « -- Dites, dites! Je suis sûre de moi, je puis vous entendre sans crime. » p. 211. Et, pour ne pas détourner la discussion, Mme de Mortsauf commence à parler de son amour à Félix, en lui disant que Dieu l’a sauvée de la mort par le fait qu'Il l’a envoyé chez elle comme une pluie: « Dieu ne veut pas que je meure; il vous envoie à moi comme il dispense son souffle à ses créations, comme il épand la pluie des nuées sur une terre aride; » p. 211.

Ainsi, cette eau que Dieu envoie correspond à l’amour. La fleur, le lys, ne pouvait pas fleurir si elle n’a pas de l’eau, ainsi comme Mme de Mortsauf ne peut pas vivre sans l’amour de Félix. L’image de l’eau est très souvent utilisée dans le roman comme symbole de la passion: « L’amour infini, sans autre aliment qu’un objet à peine entrevu dont mon âme était remplie, je le trouvais exprimé par ce long ruban d’eau qui ruisselle au soleil entre deux rives vertes […] » p. 30.

Le désert sur lequel Dieu envoie la pluie et à quel Mme de Mortsauf se réfère c’est Clochegourde. Cet enfer où la vie n’est pas tendre pour cette jeune femme mal mariée, dont la beauté et la fraîcheur s’étiolent. Cette « terre aride » traduit aussi les états intérieurs de Mme de Mortsauf qui lutte de rester fidèle à son devoir de mère et d’épouse, mais qui se consume d’amour pour Félix, qu’elle prétend aimer comme un fils, alors même qu’elle brûle pour lui d’une passion inassouvie.

La comtesse Mme de Mortsauf veut rester toujours dans une coloration mystique, elle ne veut pas changer dans les yeux de Félix son portrait de femme angélique et diaphane, en lui demandant un saint amour: « dites! dites! m’aimez-vous saintement? » Bien qu’elle demande à Félix de l’aimer saintement, « l’aridité » de son corps dit autres choses. Si maintenant elle demande à Félix un amour incorporel, privé de toute l’envie et toute le désir physique, dans son lettre finale elle dit qu'elle aurait aimée le contraire: « Ah! Si dans ces moments où je redoublais de froideur, vous m’eussiez prise dans vos bras, je serais morte de bonheur. J’ai parfois désiré de vous quelque violence, mais la prière chassait promptement cette mauvaise pensée » p. 364.

L'utilisation de l'anaphore « comme une » insiste sur le fait que l’amour doit rester chaste, en dehors de toute sensualité et sans l’envie de relation sexuelle: « Comme une vierge Marie, qui doit rester dans ses voiles et sous sa couronne blanche? » p. 212. La réponse de Félix nous montre qu’il voudrait autre chose. Il voudrait un amour vraiment divin mais vraiment humain aussi, et donc visible: « Comme une vierge Marie visible » p.212. Nous voyons ici une coloration mystique où le mélange des propos amoureux et du lexique religieuse et parfaitement explicite. Mme de Mortsauf veut être semblable à un ange mais elle n’est pas du tout un ange, aussi comme elle n’est plus de vierge parce qu’on voit chez elle des accents trop humains, des désirs sexuels: « Elle jeta ses bras autour de mon cou, m’embrassa violemment et me serra en disant: -- Vous ne m’échapperez plus! Je veux être aimée, je ferai des folies comme lady Dudley, j’apprendrai l’anglais pour bien dire: My Dee » p.345-346.

Mme de Mortsauf qui est devenue amoureuse d'un très jeune homme, tentée d’infidélité à l’égard d’un mari qui est un tyrannique, elle résiste à cet amour au nom de ses enfants et de la religion, elle n'a d'autre ressource que de tenter une sublimation du désir qui prend différentes formes. Celle de l’amour d’une sœur: « (m’aimez-vous) Comme une sœur? » p. 212. A cette question, Félix veut suggérer à Mme de Mortsauf que son amour n'est pas seulement cela, il ne s'agit pas seulement d'un amour fraternel, en lui disant: « Comme une sœur trop aimée. » p. 212.

Une autre forme de désir est celui d'une femme amoureuse qui se plaît à confondre le sentiment maternel et l’attirance sexuelle dans un besoin de communication spirituelle ou peut être pour chercher un plaisir de substitution: « (m’aimez-vous) Comme une mère? » l'amour maternel semble pouvoir satisfaire à Mme de Mortsauf son intense besoin de se donner : elle est la déesse mère entrevue par Félix dès son premier séjour à Clochegourde. Et à cette question, la réponse de Félix souligne encore une fois le grand amour pour cette femme :

« Comme une mère secrètement désirée? » Nous voyons ici les fantasmes de l’inceste avec la mère, ce qui traduit le complexe d’Œdipe. Ce concept a été identifié, pour les garçons, par Sigmund Freud, le père de la psychanalyse, en référence à la pièce de Sophocle, Œdipe-roi. Abandonné à la naissance, Œdipe est amené à tuer son père qu’il ne connaît pas et épouser sa mère. Ce lien érotique inconscient avec le parent de sexe opposé est affiché directement dans notre texte. C’est évidente l’attraction de Félix pour “sa mère”. Nous pouvons dire que Félix se trouve dans un complexe oedipien arrêté de son développement avant la phase de résolution parce qu’il reste seulement au stade

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