Le Lombric Roubaud

Jacques Roubaud est un poète contemporain du Xxème siècle. Grand mathématicien, Roubaud devint membre de l'Oulipo sur la proposition de Raymond Queneau, un des fondateurs de ce groupe d'écrivains qui inventent de nouvelles contraintes littéraires. En 1983, il publie le recueil Les Animaux de tout le monde où il témoigne de la crise de la littérature et de la poésie. Dans le sonnet intitulé « Le lombric » (conseils à un jeune poète de douze ans) Roubaud compare le lombric au poete.

Nous verrons la manière dont Roubaud utilise les contraintes du sonnet pour créer une analogie entre le lombric et le poète avant d'étudier la fonction du poète qui se dégage de cette comparaison et la portée didactique de ce poème.

Roubaud établit une analogie entre le lombric et le poète tout au long de ce sonnet.

Il consacre les deux quatrains au lombric.

Tout d'abord, il le décrit dans son milieu de vie qu'est « la terre» (v7), la «nuit » (v1), « sous le sol » (v2), « herbes» (v1) et « au sein de[s] mottes molles», avec l'utilisation d'une paronomase. Roubaud lui attribue des comportements humains comme au vers 2 « le lombric se réveille, et baîlle»,s'étire et au vers 7 « connait». Le poète insiste également sur le fait que le lombric a une « conscience» (v4) avec une diérèse pour obtenir douze syllabes. Roubaud continue la personnification avec le rythme ternaire « mâche, digère et fore» au vers 4 et « travaille […] laboure » au vers 5, qui nous fait entendre l'importance du travail accomplit par le lombric avec une allitération en r. Trop souvent évocateur de dégouts chez les hommes, cela montre ainsi que Roubaud valorise le lombric également à travers le terme mélioratif « parfumée» qui nous attire dans le monde du lombric dès le premier vers. Au vers 6, Roubaud ajoute une visée comique à la personnification, à travers la parenté du lombric : « avant lui, ses père et grand-père», et avec le cycle de vie du lombric. En effet, Roubaud emploie une phrase verbale, avec un monosyllabe « meurt», ce qui marque une césure au vers 7, afin d'évoquer de façon tragique la fin de l'existence de chaque être vivant sur terre. En outre, le poète établit une allégorie « la terre prend l'obole de son corps», avec la présence d'un enjambement qui accentue l'effet de cette figure de style, qui nous fait comprendre que le cycle de la vie peut renaitre de la mort, et « repend[re] confiance» (v8), l'obole étant une offrande chez les grecs.

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