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Le Gabriel

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Par   •  15 Décembre 2013  •  650 Mots (3 Pages)  •  1 125 Vues

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Un jour, heureusement ou malheureusement, le maire, qui avait prédit que Gabriel avait une fortune au bout des doigts, revint faire une visite au père Thomas et lui proposa de prendre Gabriel comme son secrétaire, à raison de cent cinquante francs par an et la nourriture.

Gabriel accueillit la proposition comme une bonne fortune ; mais le père Thomas secoua la tète en disant :

— Où cela te mènera-t-il, garçon?

Tous deux n'en acceptèrent pas moins l'offre du maire, et Gabriel quitta définitivement la charrue pour la plume.

Nous étions restés bons amis, Gabriel paraissait même avoir de l'amour pour moi ; quant à moi, je l'aimais de tout mon cœur.

Tous les soirs , comme c'est l'habitude dans les villages, nous allions nous promener ensemble tantôt sur les bords de la mer, tantôt sur les rives de la Touque.

Personne ne s'en tourmentait ; nous étions pauvres tous deux, nous nous convenions donc parfaitement.

Seulement Gabriel semblait avoir un ver rongeur dans l'àme : ce ver rongeur c'était le désir de venir à Paris ; il était convaincu que s'il venait à Paris il y ferait fortune.

Paris était donc pour nous le fond de toute conversation. Paris était la ville magique qui devait nous ouvrir à tous deux la porte de la richesse et du bonheur.

Je me laissais aller à la fièvre qui l'agitait, et je répétais de mon côté :

— Oh oui ! Paris, Paris !

Dans nos rêves d'avenir, nous avions toujours si bien enchaîné l'une à l'autre nos deux existences, que je me regardais d'avance comme la femme de Gabriel, quoique jamais un mot de mariage n'eût été échangé entre nous, quoique jamais, je dois le dire, aucune promesse n'eût été faite.

Le temps s'écoulait.

Gabriel, à même de se livrer à son occupation favorite, écrivait toute la journée, tenait tous les registres de la mairie avec une propreté et un goût admirables.

Le maire était enchanté d'avoir un tel secrétaire.

L'époque des élections arrivait : un des députés qui devaient se mettre sur les rangs était déjà en tournée ; il vint à Trouville. Gabriel était la merveille de Trouville, on lui montra les registres de la mairie, et le soir Gabriel lui fut présenté.

Le candidat avait rédigé une circulaire ; mais il n'y avait d'imprimerie qu'au Havre ; il fallait envoyer le manifeste à la ville, et c'était trois ou quatre jours de retard.

Or la distribution du manifeste était urgente, le candidat ayant rencontré une opposition plus grande qu'il ne s'y attendait.

Gabriel proposa de faire dans la nuit et dans la journée du lendemain cinquante circulaires. Le député lui promit cent écus s'il lui livrait ces cinquante exemplaires dans les vingt-quatre heures. Gabriel répondit de tout, et au lieu de cinquante manifestes il en livra soixante et dix.

Le candidat, au comble de la joie, lui donna cinq cents francs au lieu de trois cents, et lui promit de le recommander à

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