Le Discours Oral/Le Discours écrit

INTRODUCTION

Les hommes de lettres sont d’abord des hommes qui appartiennent à leur époque, qui participent aux faits marquants de leur temps et en sont les témoins. De nombreux écrivains se sont servis de l’écriture pour dénoncer ou défendre un fait de société, une cause politique, un courant de pensée et par là même donner leur vision de la condition de l’homme. S’interroger sur l’homme, c’est en effet prendre en compte ses divers aspects en tant qu’individu mais aussi en tant que membre d’un groupe social. Chaque époque apporte à ces questionnements fondamentaux des réponses qui définissent une vision de l’homme et privilégient certains genres littéraires et certaines stratégies argumentatives. La question est alors de savoir si pour prendre position sur la condition de l’homme, un discours prononcé en public serait plus efficace auprès des interlocuteurs qu’un texte écrit ? Le discours écrit serait-il condamné par l’oral ? Il est légitime de se demander si le discours oral est efficace, est-il un bon moyen de convaincre et de persuader ? c’est ce que nous verrons dans un premier temps. Cette question d’efficacité signifie que l’auditeur ou le lecteur modifie son point de vue sur une question précise ou commence à réfléchir sur un problème auquel il ne pensait pas auparavant et sous-entend qu’il existe d’autres moyens d’expression, notamment le discours écrit ce que nous verrons dans un second temps.

I) L’efficacité du discours oral

Il est vrai qu’habituellement un bon orateur arrive à nous faire adhérer aux idées qu’il défend en étant convaincant et persuasif (A) mais cette stratégie connaît ses limites (B).

A) Le discours oral : l’art de la persuasion

Quand le discours oral fait appel aux sentiments ou aux émotions des destinataires, il cherche à persuader. Nous pouvons illustrer cela avec le Discours du 9 juillet 1849 de Victor Hugo dans lequel il exhorte la tribune à lutter contre ce fléau qu’est la misère. Il joue d’abord sur les émotions en dressant un état des lieux alarmant : exemple d’un homme mort de faim puis d’une mère de famille et de ses quatre enfants cherchant désespérément à manger. L’orateur emploie les champs lexicaux de la tristesse et de la douleur : « mon dieu », « malheureux », « débris immondes et pestilentiels », « mort de faim », « douloureux », « charniers ». De plus, l’intonation joue un rôle important dans le discours de Victor Hugo. A maintes reprises l’auteur utilise des phrases exclamatives et interrogatives. Il y met de longues interruptions entre ses phrases. On sent qu’il veut marquer les esprits des gens qui l’écoutent en l’occurrence des députés qu’il veut convaincre de la gravité de la situation et de l’urgence à agir. On arrive même à imaginer la véhémence avec laquelle il a dû prononcer son discours.

Victor Hugo va également jouer sur des valeurs et des repères culturels communs au sein de la société. Il met en avant l’évolution de l’humanité, l’homme a évolué d’autant qu’au XIXème siècle la révolution industrielle est en marche et l'Homme est considéré comme le résultat de son environnement familial et socioculturel. : « de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière(…) que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l’homme, que ce sont des crimes envers Dieu ! ».

Bossuet dans son Oraison funèbre d’Henriette-Anne d’Angleterre met en avant la relation entre l’homme et la religion. Il est certain qu’au XVIIème siècle la religion est au cœur des débats. Selon les Jésuites, l’Homme est totalement soumis à Dieu et cherche avant tout son salut « voyons ce qu’une sainte mort lui a donné. Ainsi nous apprendrons à mépriser ce qu’elle a quitté sans peine ».

Son discours es moins véhément que celui de Victor Hugo il se fait plus en douceur mais les mots employés sont très précis et donc persuasifs. Il utilise l’oraison d’Henriette-Anne d’Angleterre pour pousser l’homme à une réflexion. Il veut transmettre à l’auditoire une leçon de morale chrétienne « Méditons » ; « Que ce tombeau nous convainque de notre néant ». Il s’inclut également dans le discours « nous » il se met ainsi au même niveau que ses auditeurs ; comme eux il va devoir tirer des conséquences de cette mort.

Plus près de nous, nous pouvons citer également le célèbre discours de Martin Luther King « I have a dream » (« Je fais un rêve ») qui est le point d'orgue du Mouvement des droits civiques aux Etats-Unis. Ce discours, prononcé le 28 août 1963, est considéré comme l'un des plus grands et des plus marquants du XXème siècle. Selon le député américain John Lewis, qui prit également la parole ce jour là au nom du Comité de coordination des étudiants non violents. « En parlant comme il l'a fait, il a éduqué, il a inspiré, il a guidé non pas

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