La représentation de la communauté dans plusieurs romans

L’homme est un animal social. Il ne peut vivre qu’en communauté. Une communauté est plus que la somme de ses composantes ; elle a sa propre structure qu’elle entend perpétuer. Elle impose toujours un certain moule à ses membres. De sorte que l’intégration à la communauté peut s’avérer difficile. On doit se conformer et perdre une part de son originalité pour être bien accepté par ses voisins. Il y a donc une tension entre le centre et la marge de la collectivité. Chacune de leur communauté est unique, mais elles ont tous en commun leur homogénéité. Elles sont formées d’individus très proches et solidaires.

Maria Chapdelaine, le personnage principal de Maria Chapdelaine, s’identifie bien à sa communauté. Cette dernière est caractérisée par le courage des habitants et par la grande influence de l’Église. Pour survivre, les habitants doivent travailler fort et ceux qui n’acceptent par leur rôle sont vite confinés dans la marge. Louis Hémon s’intéresse davantage aux marginaux. Chapdelaine est, malgré elle, à l’écart de la société, à cause de son père qui pousse sa famille à s’éloigner de la civilisation. Ainsi, sa relation avec la collectivité est réduite au minimum. Elle choisit néanmoins de s’intégrer à celle-ci en mariant Eutrope Gagnon, à la fin du roman.

Quant à Christine, dans Rue Deschambault, elle observe sa communauté plus qu’elle en fait partie. Sa communauté est très solidaire étant donné qu’elle est une minorité de francophones dans une mer d’anglophones. Christine tente de s’y intégrer en choisissant le métier que sa mère aime, tout en conservant son besoin de liberté et de solitude qu’elle retrouve dans son grenier. En revanche, elle porte particulièrement attention aux personnages en marge. C’est ainsi que la plupart des chapitres qui retracent un moment de vie d’un des membres de sa communauté ont tous éléments qui les font se distinguer : L’Italien est un étranger, Alicia a une maladie mentale et sa tante Thérésina Veilleux a une grave maladie pulmonaire. Christine semble apprendre davantage aux travers ces personnages singuliers qu’avec ceux bien intégrés à la communauté. On peut ainsi percevoir Christine comme étant elle-même marginale.

Enfin, Vieux Os, dans Le cri des oiseaux fous, tente de garder ses distances vis-à-vis sa communauté pour ne pas tomber dans les pièges de la dictature. Il porte un regard critique sur sa société et tente de ne pas réfléchir comme elle. L’oppression par le gouvernement rend sa collectivité solidaire, mais en même temps pris par leur drame personnel et angoissé par l’étranger qui peut se révéler être l’ennemi. Sa communauté est divisée entre ceux qui appuient le régime et ceux qui s’opposent, entre les riches et les pauvres. Vieux Os tente de ne pas choisir un camp, mais on finit par lui en imposer un.

Ainsi, ces trois communautés sont aux prises avec des difficultés qui poussent les personnes à se serrer les coudes. Que ce soit la nature hostile, le statut de minorité, ou bien un régime inique, les gens sentent le besoin de s’entraider et voient d’un mauvais œil ceux qui se tiennent à l’écart. Dans la marge, les personnages sont plus forts et intéressants.

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