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La négation Chez Cioran

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Par   •  22 Février 2014  •  4 485 Mots (18 Pages)  •  695 Vues

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Faculté des lettres et des sciences humaines de Sfax

La négation dans Précis de décomposition

d’Emile Cioran

Mini mémoire pour le premier semestre

1ère année master de recherches

Présenté par : Sous la direction :

Hajaloui Samia M.Trabelsi Mustafa

« Nul besoin de croire à une vérité pour le soutenir ni d’aimer une époque pour la justifier, tout principe étant démontrable et tout événement légitime. L’ensemble des phénomènes –fruits de l’esprit ou du temps indifféremment- est susceptible d’être embrassé ou nié selon notre disposition du moment. »

Emile Cioran

Sommaire

 Introduction

1 La négation : une mise en œuvre d’une pensée ancrée dans le doute :

• Une pensée asystématique

• Rôle et enjeu du doute

2 Une écriture contestataire favorisant la discontinuité :

• La forme brève

• L’importance de l’ironie et du paradoxe

3 Une incarnation de la révolte ou un renoncement à l’existence ?

 Conclusion

 Bibliographie

Introduction :

Emile Cioran est un auteur à part dans la littérature française, peu connu du grand public de son vivant, c’est la reconnaissance de ses pairs qui le met aujourd’hui en avant. Ses œuvres sont composées principalement d’aphorismes proposant une vision corrosive et ironique du monde .D’abord tenté par la philosophie, il s’en détache pour développer une pensée plus personnelle, éloignée de la notion de système et prônant un intérêt pour l’irrationnel. Ainsi, la négation s’inscrit dans ce projet de refus radical et elle se situe à plusieurs niveaux. Elle est une réflexion critique qui se nourrit du doute ainsi qu’une forme d’écriture palinodique pour dynamiser les ruines.

Chez Cioran, pratiquer la négation et écrire sont deux gestes intrinsèquement liés et il s’agira pour nous de comprendre la nature de ce lien en montrant son impact sur la vie et l’œuvre de l’écrivain.

1-La négation : une mise en œuvre d’une pensée ancrée dans le doute :

Dans Précis de décomposition, Cioran prend une attitude opposée qui constitue la trame d’une écriture cherchant à illustrer son doute radical et structure la force de sa négation.

• Une pensée asystématique :

Cioran se place dans une tradition de pensée à contre-courant, refusant d’une part les idées communes et d’autres parts les systèmes de pensée. Son œuvre, tant par son contenu que par sa forme, constitue une critique des systèmes philosophiques.

Toute pensée bien assise, toute philosophie qui ne se remet pas en question, encourt sa critique. Il s’agit de mettre en avant le caractère illusoire de tout système. Il s’attaque à la philosophie pour en monter les erreurs et la prétention, laissant entendre que les philosophes se bercent d’illusions quant à l’utilité des systèmes qu’ils créent :

« Les grands systèmes ne sont au fond que de brillantes tautologies.

Quel avantage à savoir que la nature de l’être consiste dans la volonté de vivre dans l’idée ou dans la fantaisie de Dieu ou de la chimie ? Simple prolifération de mots, subtils déplacement de sens »

Il est intéressant de noter que, pour Cioran, les systèmes philosophiques sont des exemples parfaits de vide, de cercles fermés sue eux-mêmes. Ces systèmes cherchent à donner du sens à ce qui n’en a pas : tout finissant par se réduire au « rien ». Pour ce faire, Cioran choisit l’aphorisme car ce dernier s’oppose en tout point au système. L’aphorisme chez Cioran ne participe pas à la construction mais à la démolition, à la négation sans cesse reconduite et répétée.

La mise en œuvre de la pensée profondément asystématique de Cioran se traduit par l’écriture du « non ». En effet, la négation assure à cette pensée un dynamisme par sa reconduite acharnée. La pensée n’avance pas, elle s’enfonce plus profond dans la négation.

Une idée va être épuisée par l’écriture : tant qu’elle résistera, il la malmènera en lui faisant subir les torsions de la langue. Ainsi, l’écriture constitue un véritable exercice spirituel, clairement identifié comme douloureux .Dans l’article « le corrupteur » Cioran évoque le rôle du négateur tel qu’il le voit, c'est-à-dire comme celui qui corrompt les mœurs, qui détourne son auditeur de sa voie, le fait évier :

« Architecte, j’eusse construit un temple à la Ruine ; prédicateur, révélé la farce de la prière. Comme les hommes couvent une secrète envie de se répudier, j’eusse excité partout l’infidélité à soi, plongé l’innocence dans la stupeur, multiplié les traitres à eux-mêmes, empêché la multitude de croupir dans le pourrissoir des certitudes »

Chez Cioran, la pensée va de négation en négation, détruisant les édifices établis. Ce texte est l’expression de cette posture. Il est marqué par le renoncement : écrit au conditionnel passé, il fait état de quelque chose qui n’arrivera pas. Cioran se positionne

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