La méthode De Sainte Beuve

Sainte Beuve disait « connaître et bien connaître un homme c’est une grande chose qui ne saurait à être dédaigné dans la critique ». Pour Sainte Beuve la littérature n’est pas séparable de l’écrivain en tant qu’homme. Sa méthode ,considérée comme magistrale au XIX ème siècle par Taine et Paul Bourget, consiste à ne pas séparer l’homme de l’œuvre.

Pour cela Sainte Beuve s’entoure de tous les renseignements possibles sur l’écrivain, collectionne ses correspondances, interroge les hommes qui l’ont connu. Or selon Proust cette méthode néglige un aspect fondamental à comprendre qui serait susceptible de fausser la critique. Il s’agit d’une fréquentation peu être trop profonde, trop subtile pour Sainte Beuve. Car un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, nos vices et dans la société. Ainsi dès cette vérité du moi intégrée, nous comprenons que Sainte Beuve se base sur des informations fausses concernant l’écrivain : il ne peut donc avoir un bon jugement sur l’œuvre : toutes ses critiques sont faussées. Pour Proust cette vérité du moi se recrée au fond de nous même et non pas dans la bouche de quelqu’un : « en réalité ce qu’on donne au public, c’est ce qu’on a écrit pour soi même… c’est bien l’œuvre de soi alors que ce qu’on donne à l’intimité, c’est à dire à la conversation c’est l’œuvre d’un soi bien plus extérieur ».

Lorsque Proust parle de la littérature, d’une certaine manière l’art revient sans cesse l’aider à définir ce qu’est pour lui la littérature : il parle de génie créateur, solidaire et secret. Tandis que Sainte Beuve explorait les apparences sociales et biographiques : il était considéré comme un initiateur remarquable pour son temps, or dans l’art il n’y a pas de précurseur chaque individu recommence pour son compte. En cela cet art, Saint Beuve échourait à le comprendre.

Dans sa littérature Proust refuse l’intelligence, l’exclu fait une sorte de « procès de l’intelligence ». Libéré de cette faculté il divulgue son génie et notamment dans ces fameux souvenirs passés qui se réincarnent dans des objets. Lors d’une rencontre avec ces objets au cours de sa vie s ; c’est la réminiscence ; les sensations le submergent. La notion de sensation est très importante chez Proust ; elle prend le dessus sur son intelligence et c’est ce qui fait le cachet du style proustien, ce qui donne cette vraisemblance déconcertante aux scènes de réminiscence de la madeleine et du pain grillé. Ces rencontres qui se font totalement au hasard rend la sensation captive de l’objet que l’auteur viendrait délivrer ; métaphore du souvenir tenu comme prisonnier dans l’objet qui donne encore plus d’emphase à la délivrance des souvenirs. Ainsi nous aurions tout intérêt à nous demander si la méthode proustien ne serait –elle pas en lien direct avec l’inconscient.

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