La mise en scène est-elle importante dans l'appréciation d'une comédie ?

La comédie est l’un des deux grands genres théâtraux, avec la tragédie. Longtemps boudée par les cours européennes, celle-ci fut popularisée par Molière, qui réussi à l’introduire dans les palais des grands souverains de son temps, dont Louis XIV. Ce fut l’époque de la Grande Comédie. Dans toutes ses pièces, certains éléments, et, en premier lieu, la mise en scène, peuvent révéler ou au contraire atténuer le comique. Ainsi, un lecteur de la pièce et un spectateur peuvent ne pas en avoir la même interprétation, cela étant due à l’absence de mise en scène pour le lecteur. Nous verrons donc en quoi le metteur en scène peut, d’une part atténuer l’aspect comique d’une pièce, et d’autre part comment il peut également l’exacerber.

Le spectateur moderne est très différent du spectateur d’ancien régime. En effet, au XVIIe siècle, le spectateur était - la plupart du temps - aristocrate et grand lettré. De nos jours, le théâtre s’est démocratisé et s’adresse à toutes les catégories sociales - à fortiori lors de son enseignement dans le secondaire -. Par conséquent, si le metteur en scène conserve certaines tournures de phrases, certaines expressions, méconnues du spectateur « lambda » du XXIe siècle, la tournure comique de l’oeuvre peut alors être incomprise, qui pis est provoquant l’ennui de l’auditoire. De même, certaines références à l’actualité de l’époque, aujourd’hui oubliée ou méconnue par le spectateur, peuvent accentuer cette incompréhension globale de l’oeuvre. C’est alors au metteur en scène d’omettre certains passages et de « traduire » d’autres afin de les rendre plus compréhensibles pour les spectateurs. Ainsi, il parait illusoire que tout le côté comique de Gargantua ressorte aux yeux d’un auditoire d’aujourd’hui si le texte original de Rabelais est joué sans transcription préalable pour l’actualiser et le rendre plus accessible.

De plus, la mise en scène en elle-même peut également atténuer le côté comique d’une pièce, que ce soit de façon volontaire ou involontaire. Ainsi, dans la scène d’exposition de Don Juan mis en scène par Daniel Mesguich, les deux valets énoncent un passé pourtant capital dans le déroulement de l’oeuvre. Mais la lenteur de la scène liée à des pitreries lassantes basées sur un comique de répétition assez douteux se relève lassante, et le spectateur passe alors à côté du comique global de la scène, ne se souvenant alors que de Sganarelle mettant et remettant une ventouse débouche-WC sur la tête, ne faisant alors pas grand honneur au comique de Molière. 
Enfin, les costumes peuvent également atténuer le côté comique d’une oeuvre. En effet, dans cette même pièce, lorsque Don Juan tente d’extorquer de l’argent au banquier Monsieur Dimanche, celui-ci est grimé en agent de la guestapo. Pensé pour accentuer les traits et donc pour faire rire par un metteur en scène à l’humour sans limite, ce choix peut vite se trouver déroutant pour certains spectateurs qui n’apprécieront pas alors tout le comique du texte de cet acte.

Mais la mise en scène peut également être utilisée pour accentuer le comique. Elle sert souvent à exagérer le côté comique de l’oeuvre, afin de provoquer encore plus le rire du spectateur qu’avec une lecture seule de l’oeuvre. La gestuelle a en ce sens une grande place.

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