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La guerre de Jugurtha

Commentaire de texte : La guerre de Jugurtha. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Octobre 2015  •  Commentaire de texte  •  2 835 Mots (12 Pages)  •  2 878 Vues

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Commentaire : La Guerre de Jugurtha, Salluste

Salluste, qui jouait le rôle d’agent d’influence dans le parti césarien, est considéré comme « l’historien des crises ». A partir de discours –clés, il dégage la philosophie des faits et souligne les articulations d’une crise comme dans les discours de Caton d’Utique ou de César dans la Conjuration de Catilina.

La Guerre de Jugurtha est une monographie centrée sur l’ascension de Marius après la crise grachienne et sur l’affrontement virulent des partis du IIe siècle. La guerre contre le tyran de la Numidie, Jugurtha, donne en effet l’occasion à Marius de dénoncer les abus des optimates et de renverser une oligarchie sénatoriale déchue.

Marius a prononcé ce discours après son élection en tant que consul pour l’année 107. A cette période, la campagne contre Jugurtha était menée par le consul Quintus Caecilius Metellus, membre d’une des plus nobles gens de l’époque. Marius en passant outre les ordre de l’un des représentants les plus importants de la nobilitas romaine et en se faisant élire consul à sa place, catalyse au sein de la République, un affrontement des partis.

Comment Salluste, à travers les enjeux politiques de la guerre de Jugurtha, révèle-t-il les contradictions des hommes et de l’Etat ?

 Le discours de Marius révèle les absurdités relatives au commandement de la campagne contre Jugurtha et dénonce le manque de maîtrise de l’art militaire des optimates. La mise en valeur de ces contradictions s’inscrit dans un combat plus général entre les optimates et les populares. La perspicacité et les talents littéraires de Salluste le font osciller entre engagement politique et nostalgie des anciennes vertus romaines.

Dans son discours, Marius dénonce l’absurdité d’élire des optimates au commandement des guerres.

        Les optimates ne connaissent la guerre que par ce qu’ils en ont lu. Or les connaissances théoriques sont superflues car le commandement d’une guerre nécessite une sagesse pratique, une connaissance empirique du terrain. Ils sont donc présentés comme étant totalement inefficaces.

Marius les accuse également de lâcheté : « illorum ignaviam » (l6-7). Se rendant compte de leur inutilité pratique, ils se cachent derrière ceux qui combattent vraiment, les populares. Leur couardise est également associée à leur paresse. Le mot courage peut prendre deux sens : il peut s’agir de surmonter sa peur mais aussi correspondre à la volonté, à la détermination nécessaire pour faire quelque chose. En faisant preuve de nonchaloir, en se tapissant derrière les vrais guerriers, ils prouvent qu’ils ne combattent pas en vertu de leurs idéaux ni au nom de leur patrie bien-aimée, mais seulement pour en tirer gloire et récompenses.

Pour appuyer son accusation, Marius convoque des exemples concrets. Il condamne en effet la lâcheté du consul Lucius Calpurnius Bestia et du consul Spurius Postumius Albinus. Néanmoins il fait preuve de finesse en dénonçant implicitement leur incapacité : « ac si jam ex patribus Albini aut Bestiae quari posset mene an illos ex se gigni maluerint » (l9-11). La réponse à cette question rhétorique : « optumos voluisse », sous entend tacitement que ce ne sont pas leurs fils qui sont valeureux mais qu’au contraire ils sont lâches. De même, en opposant l’honneur que les optimates tirent de leurs ancêtres à « labori, innocentiae, periculis » (l15), il sous-entend leur manque de courage, leur connaissance théorique des combats et leur malhonnêteté : « turpia » (l53). « praeterea cicatrices aduorso corpore » (L47) insinue que les optimates agissent différemment, qu’ils s’enfuient devant le danger au lieu d’y faire face bravement.

Les optimates n’ont donc aucune des qualités requises pour commander et même combattre pendant les guerres.

        Marius, par un ton sarcastique et ironique, en déduit qu’il est absurde  d’élire des optimates à la tête des armées. En plus d’être inefficaces et lâches, les optimates ont un comportement contradictoire ce qui les rend aussi dérisoires que ridicules. Ils sont inconsistants et jouent sur les apparences.

Leur rôle est illusoire en ce qui concerne le commandement de la guerre car elle est menée par des moins gradés. Marius sous-entend ainsi que Marcellus a eu besoin de lui pour conduire la campagne guerrière. Ce sont des hommes dépourvus des qualités requises par l’art du combat qui dirigent justement les offensives ce qui est complètement absurde. Ils pensent et désirent obtenir la gloire sans combattre, en attendant que le labeur soit réalisé par d’autres qu’eux : « ignaviae voluptatem et praemia virtutis »(l19-20). Indirectement, Marius condamne ceux qui cautionnent de telles aberrations, ceux qui élisent les optimates à la tête des armées. Ils sont d’autant plus risibles qu’ils ne reconnaissent même pas leurs faiblesses. Ils méprisent ces mêmes soldats dont ils ont besoin alors que leurs ancêtres sont nécessairement passés par des rangs subalternes avant de monter en dignité : « quod si jure me despiciunt, faciant item majoribus suis quibus, uti mihi, ex virtute nobilitas coepit » (l10-12).

De même, ils veulent abuser les gens par leurs discours exaltés tout en se mentant à eux-mêmes : « nam quanto vita illorum praeclarior, tanto horum socordia flagitiosor » (l23-25). Par les contradictions de leur comportement et par leur manque de perspicacité ils sont décrédibilisés et ridicules.

L’ironie tourne en sarcasme car le tableau que Marius fait des optimares est sans promesse de rémission : « certe peperisse melius est quam acceptam corrupisse »(l33). Ils deviennent des estafettes ridicules et efféminés en se cachant derrière les autres, en craignant pour leur petit confort : « hiemem aestatem juxta pati, humi requiescere, eodem tempore inopiam et laborem tolerare » (l59-60).

En soulignant l’incapacité et le risible du comportement des optimates, Marius veut se mettre en valeur et justifier sa nomination à la tête de l’armée.

        Marius devient l’homme de la situation car il est pourvu de toutes ces qualités qui font défauts aux optimates pour mener la guerre contre Jugurtha.

Il possède une connaissance empirique du terrain : « quae illi litteris, ea ego militando didici » (l4-5), il est courageux : « hostem ferire, praesidia agitare, nihil metuere » (l56-57) et endurant au climat, à la faim et à la soif. Ses qualités l’ont d’ailleurs menés plusieurs fois à la victoire : « meamet facta mihi dicere licet » (l29) et en a été récompensé : « hastas, vexillum, phaleras, alia militaria dona » (l46-47).

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