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La folie d'amour (Hypokhâgne)

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Par   •  31 Janvier 2017  •  Dissertation  •  2 937 Mots (12 Pages)  •  1 245 Vues

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Samson                                                                                               17 mars 2016 Marion

HK                 

La Folie d’amour

Dissertation littéraire générale

Le roman – Littérature et morale

   Dès l’Antiquité, l’amour revêt une place importante dans les mythes et histoires orales puis, dès le XIIe siècle, inspire la littérature et les écrivains, notamment en France. Si ce sujet, éternel et historique, semble tant passionner c’est sûrement grâce à son caractère universel quel que soit le pays où l'on se trouve, ou encore la culture à laquelle on appartient. La littérature traduit également son évolution dans le temps ainsi que la manière dont il est perçu ou vécu. Platon en parlait déjà dans le livre I de La République en ces termes : « […] avec quelle joie je m’en suis évadé, comme on s’évade de chez un maître atteint d’une rage bestiale ». Par cette formule, l’amour est vu comme une chose qui emprisonne ; tel un maître et son esclave ; dont il faut s’évader, s’échapper. Il est présenté sous la forme d’une rage bestiale, s’apparentant ainsi à l’amour dans sa dimension presque animale, l’amour passion dans son sens premier. Les mots de Sophocle s’insèrent en vérité dans un dialogue traitant de la vieillesse. Pour lui, la passion amoureuse est liée à la fougue de la jeunesse et, alors « que l'ardeur des passions s'est amortie », l’âge permet de retrouver un « état parfait de calme et de liberté ». L’amour semble donc ici mis en rapport avec le temps, d’ailleurs bien souvent les romans mettent en scène des histoires de premiers amours de jeunes gens, la passion ne dure en effet qu’un temps avant de s’estomper. L’image même de l’amour évolue selon les conceptions d’une époque. A l’époque de Platon, la représentation de l’amour passe par Aphrodite et Eros par exemple. Il y a même un renversement car bien que la littérature raconte l’amour, elle est également capable d'influer sur celui-ci même et n’aura de cesse d’osciller entre le renouvellement et le traditionnel, mêlant toujours les questions de passion et de morale dans son sillage. L’enjeu est de savoir si l’amour permet de s’évader ou si au contraire la véritable évasion ne constituerait pas plutôt à réussir à se détacher, à s’évader donc, des affres de la passion amoureuse. L’amour est-il une fatalité ? De quelle façon les questions de morales interfèrent-elles avec ? S’il est vrai que l’amour passion existe, il n’en reste pas moins que l’amour entraîne également une réflexion. C’est pourquoi, au travers de ses aspects qui sont finalement les deux faces d’une même médaille, l’évasion est étroitement liée à l’amour.  

I/ Amour à la folie et folie d’amour

   Certes, l’amour est un sujet constant dans les romans, il découle d’une tradition littéraire, notamment en France. Tristan et Yseut, de Béroul, incarne ce fait au travers de l’histoire passionnée entre les deux protagonistes éponymes du récit. Au moment où Béroul compose le roman, les troubadours sont passés maître dans la poétique de l’amour en composant des chansons qui célèbrent l’amour courtois. Le succès de son œuvre tient donc dans le fait qu’elle se place dans le sillage de cette tradition puisqu’on y retrouve nombre de ses caractéristiques de l’amour courtois, dit aussi fine amor. C’est la notion d’amour absolu, mais qui peut se décliner en « maladie d’amour » et c’est exactement ce que l’on constate dans Tristan et Yseut, notamment avec la symbolique de Tristan qui prend le masque de lépreux par amour. Il dira lui-même que « J’aime Yseut éperdument au point d’en perdre le sommeil ». Même le philtre s’inscrit dans cette idée puisqu’il représente l’amour et le désir indestructibles des amants l’un pour l’autre. Ce type d’amour met également souvent en avant un trio de personnage, à savoir le mari, la dame et l’amant, ici incarné par Marc, Yseut et Tristan respectivement. Cet amour courtois doit faire face à des obstacles ou peut même exister en dehors de la légalité, ce que Béroul exprime par la lutte des amants contre les barons et l’adultère ainsi que l’amour hors mariage. L’échange de présents, rite incontournable de l’amour courtois, n’est pas non plus oublié puisque Tristan offre son chien à Yseut tandis que celle-ci lui donne sa bague lors de leur séparation. On peut souligner que l’amour à la folie entre les deux amants s’apparente aussi à une folie d’amour manifeste car l’amour né du philtre n’est point ordinaire, il relève de l’irrationnel, conduisant les personnages à une forme certaine de folie et par conséquent de danger, ce qui se traduit par le fait qu’ils sont d’ailleurs découverts à plusieurs reprises. Leur histoire est placée sous le sceau de la fatalité. Ils oublient toutes mesures, ce qu’on peut qualifier d’une forme déformée d’évasion qui finalement se retournera contre eux. L’ermite soulève déjà cette idée en les voyant « au prix de quelles terribles douleurs l’Amour nous entraîne-t-il si irrésistiblement ? Combien de temps durera votre folie ? ». Tristan et Yseut traduit donc bien la notion de folie d’amour.

   Mais surtout, cet amour passion touche aussi bien les femmes que les hommes. Pour ces derniers, on peut évoquer, dans le sillage de Céladon au XVIIe siècle qui aime Astrée jusqu’au désespoir, le personnage de Des Grieux. Dès sa rencontre avec Manon, l’amour le change, il ne se reconnaît plus : « Je me suis étonné mille fois, en y réfléchissant depuis, d’où me venait alors tant de hardiesse et de facilité à m’exprimer ». En tant que narrateur, Des Grieux reste toujours très vague en ce qui concerne ces sentiments, trop violents et intenses pour pourvoir être retranscrit. Le paroxysme émotionnel défie l’analyse et la description. Même si le récit de son amour pour Manon est rétrospectif, sa peine ne s’est pas atténuée. Encore une fois, la morale est présente avec le noble chevalier qui tombe amoureux éperdument d’une prostitué, Manon Lescaut, qui reste énigmatique et dont le caractère est plutôt ambigu tout le long du roman. La morale de la jeune femme oscille tout au long de l’histoire, elle a un « penchant pour le plaisir », elle est infidèle, mais dans le même temps semble sincèrement triste lors de l’épisode de la trahison de la rue Vivienne et déclare dans son billet que le chevalier seul lui inspire un véritable amour. Les vices liés à l’argent, le mensonge, la tromperie et la luxure parsèment l’intrigue et au milieu de tout cela, Des Grieux est un noble héros tragique accablé d’une passion absolu pour laquelle il est capable de renoncer à tout et qui le mènera à des actions basses, comme le fait de se procurer de l’argent de façon humiliante. Paradoxalement, la grandeur du héros passe par son amour sans faille pour Manon, dont il est au fond prisonnier et incapable de s’évader par lui-même car seule la mort y parviendra, même si là encore ses sentiments pour Manon ne l’abandonnent pas totalement.

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