La comédie classique vise-t-elle uniquement à divertir le public ?

Tout d’abord, le spectacle se veut être un véritable pilier de la comédie. En effet, ce jeu théâtral formidable doit son succès à l’effet de ses nombreuses variétés de comique. « Les comédies ne sont faites que pour être jouées » nous réponds Molière dans la préface de sa comédie ballet L’Amour médecin (1665). Tout d’abord, le spectacle vise à plaire au public et le divertir. Le spectacle est notamment défini par la mise en scène et le jeu des acteurs. En effet, sa devise est « Castigat ridendo mores » (Corriger les mœurs par le rire). La commedia dell’arte est un genre de théâtre populaire italien, né au XVI e siècle, où des acteurs masqués improvisent des comédies marquées par la naïveté, la ruse et l'ingéniosité. Ce genre est apparu avec les premières troupes de comédie avec masquées, en 1528. De plus, le spectacle à de nombreux autres ressorts de l’ordre du comique. Le comique de geste est utilisé dans Le Malade imaginaire. Dans l'acte I, à la scène 5, Toinette et Argan se confrontent. Cette scène rappelle fortement celle qui oppose Dorine, la servante, à son maître Orgon dans le Tartuffe. De plus, le comique de gestes est également très fréquent dans le théâtre. Les Fourberies de Scapin n’échappent pas à cette règle. De cette façon, les didascalies sont particulièrement nombreuses tout au long de la pièce. Scapin est le personnage le plus révélateur à ce sujet. Ainsi, il ne cesse de changer de voix et de prendre des accents différents. Chacun de ces changements est mentionné par les didascalies. Enfin, dans Le Bourgeois Gentilhomme, Monsieur Jourdain, un bourgeois ambitieux, cherche à séduire une marquise en lui écrivant une lettre. Son professeur de philosophie lui propose plusieurs formulations, de plus en plus absurdes, d'une même phrase.

D’autre part, le travestissement dans les pièces classiques constitue un type de mise en abyme qui se raccroche au théâtre dans le théâtre. Il est très populaire chez de nombreux auteurs du classicisme. Le travestissement est partout chez Marivaux ; il s’en inspire et lui dédie de nombreuses pièces, dont Le Prince Travesti (1724). Comme Sganarelle dans plusieurs comédies de Molière, la servante Toinette, dans le malade imaginaire, se fait passer pour un médecin. En effet, travestir un personnage offre de nouveaux ressorts burlesques : les personnages n’expriment pas les mêmes idées selon le costume (et donc l’étiquette inhérente) qu’ils portent. Par exemple, la première comédie de Marivaux, Le Père prudent (1706), montre un valet qui se déguise pour devenir un financier, puis une femme. La Double inconstance (1724) est aussi une histoire où un prince tombe amoureux d’une paysanne et lui rend visite sous les traits d’un officier afin de la séduire autrement qu’avec sa fortune. Enfin, dans Le Jeu de l’Amour et du Hasard (1730), Silvia prend les traits d’une femme de chambre pour sonder son prétendant, comme dans La Fausse suivante. Les personnages évitent donc d’être identifiés, et peuvent alors conserver un libre arbitre qui serait intenable en temps normal. Ainsi, la dissimulation peut être lue comme un jeu sur les convenances sociales. Marivaux plaît à son public avec le ridicule, et ce en s’amusant de la hiérarchie qui fait office de colonne vertébrale de la société du XVIIIe siècle. Le travestissement un type de mise en

...