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La beauté médiévale – “Philomena”

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Par   •  6 Mai 2013  •  2 716 Mots (11 Pages)  •  630 Vues

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La beauté médiévale – “Philomena”

Pour l’esprit médiéval, la beauté est la manifestation de l’éternel dans les choses. La beauté en littérature réside en somme en équilibre, clarté, mais surtout en adéquation de l’expression et du contenu.

Les portraits de héros, mais surtout d’héroines respectent une structure canonique, des schémas traditionnels et se constituent selon un ordre quasi-invariable: le front, les chevaux (toujours blonds), les yeux (toujours clairs), le nez, la bouche, le cou,etc, en un détaillement du personnage qui va de haut en bas.

Certaines beautés se maquillent tellement qu’elles portent un véritable masque. D’autres s’estimant trop noires-à la différence de notre époque où les femmes s’efforcent d’être bronzées, la dame se doit alors d’avoir la peau aussi blanche que possible-demandent aux médecins des drogues pour les blanchir. Mais elles sont punies, car la teinture ôte la peau en même temps que la noirceur.

Au XIỈ siècle, la beauté est synonyme de noblesse. La femme blonde aristocratique s’impose donc comme l’archétype de la beauté dans la littérature du Moyen Âge. La belle dame est grande, mince, blonde, délicate. Une des premières qualités d’un beau corps est une peau rosée, signe d’un corps soin (animé par le sang): c’est important à une époque où l’on meurt jeune. Sentir bon est une règle.

Dans les romans arthuriens, la beauté physique - signe extérieur de perfection humaine - est la toute première des qualités de l'héroïsme courtois et merveilleux. C'est elle qui conditionne toutes les autres qualités - morales, cette fois-ci - : honneur, sagesse, prouesse, courtoisie ou encore noblesse.

L’Histoire littéraire de France dit que Chrétien de Troyes mérite les éloges que lui prodiguent les écrivains , ses contemporains et ceux du siècle suivant: par l’invention, la conduite et particulièrement par le style qui l’élève au-dessus de tous les poètes de son temps. En effet, il est un vrai poète. Son style est vif et soutenu; ses transitions sont riches, faciles, gracieuses; il sait conciser une maxime en un ou deux vers; il met en scène et fait parler la passion avec une vérité, une profondeur et une grâce de sentiment, rares dans tous les temps.

Le poète possède en outre ce grand art de faire sortir les péripéties de ses romans, non du hasard d’événements faciles à imaginer, mais de les déduire du choc des passions, des mouvements du coeur et des traits de caractères.

Chrétien de Troyes a commencé sa carrière d’écrivain en adaptant certaines métamorphoses d’Ovide dans les années 1165-1170, c’est-à- dire à l’époque même où d’autres s’inspiraient de l’histoire de Pyrame et Thisbé et de Narcisse. Ces rencontres littéraires ont leur importance car elles nous permettent non seulement de saisir des modes et des courants de pensée, mais de deviner l’intertextualité qui s’est alors installée entre toutes ces oeuvres.

Par sa culture latine, Chrétien de Troyes est en contact avec l’art poètique des Anciens. Ovide est alors à la mode. Il le lit, l’adapte. Il possède un métier solide, dû à sa pratique des classiques non moins qu’à sa expérience de toutes les adresses de la rhétorique. Il est conscient et fier de cette culture. Le poème Philomena amplifie un passage de quelque 250 vers des Métamorphoses, sanglante histoire d’amour des filles de Pandion, qui pouvait offrir, à un jeune poète frais émoulu de l’école, un terrain d’expérience parfait. Philomena témoigne des qualités de composition et de style qui sont comme le germe de celles que l’on observe dans les romans de Chrétien.

Dans le roman de Philomène, Chrétien de Troyes suit en grande partie le modèle latin en gardant la trame proposée par Ovide et le cadre antique. Prenant la liberté d’écarter toute référence mythologique, que ce soit aux dieux de l’Olympe ou aux naïades et nymphes qui hantent les forêts antiques dans le texte d’Ovide, l’auteur médiéval fait de Philomène une jeune fille semblable à toutes les héroines des romans du X̉̉̉̉̉̉̉̉̉II siècle: Blanchefleur, Soredamor ou Énide. À propos de cette jeune beauté qui enflamme le coeur de Térée, le mari de sa soeur, Ovide dit seulement qu’elle est dotée d’une brillante parure.

Chrétien de Troyes, quant à lui, consacre un portrait de près de 80 vers, suggérant la blancheur et la grâce du corps de la jeune fille, évoquant ses dons: elle sait dresser les oiseaux, jouer aux échecs, travailler les étoffes, composer des poèmes et jouer de la lyre ou de la vielle.

L’architecture du corps correspond au visage. Chrétien de Troyes répéte après Ovide et les clercs du Moyen Âge que c’est de la vue de la beauté que naît l’amour: les yeux sont les messagers du Coeur et le coup de foudre est immédiatement.

La description de la beauté feminine n’a pour but de peindre la réalité; elle met en valeur les beautés que le sujet doit avoir pour provoquer les sentiments que le discourse veut inspirer.

La beauté est aussi affaire d’ornement et de couleurs. Pour se représenter la beauté au Moyen Age, il faut imaginer de la couleur, beaucoup de couleur.

Le Moyen Âge adore les teintes primaires vives. On porte un bleu vif à côté d’un jaune éclatant, d’un rouge, d’un vert. seuls les gens riches et de haute naissance peuvent acheter les teintures. Il faut souligner ici le lien entre beauté et richesse: personne n’est beau s’il ne porte pas de vêtements magnifiques. Les belles choses forment un cadre qui souligne la beauté. Cependant, la beauté spirituelle doit primer sur la beauté du corps car le diable peut se cacher derrière un visage harmonieux… Les ecclésiastiques ont particulièrement peur de la sexualité et du corps. Pour eux, tout ce qui, chez une femme, attire l’homme est en effet l’oeuvre du diable. Se maquiller est contre nature, embellir son corps, c’est défigurer l’oeuvre de Dieu.

Au XỈ siècle, la beauté est représentée par la femme de pouvoir comme Aliénor d’Aquitaine. À partir du XIIỈ siècle, s’impose l’idée que même si une femme a du pouvoir, elle doit aussi avoir de la grâce. À la fin du Moyen Âge, on s’éloigne encore de cette créature élancée, éthérée, dans sa tour d’ivoire, que l’on célébrait autrefois.

La femme idéale a des courbes, on a envie de la prendre dans ses bras. Elle se dénude, la poitrine est dévoilée, les seins sont hauts et blancs, nus ou simplement recouverts d’un voile transparent.

Philomena est présentée comme possédant une beauté incomparable;

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