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La Vie La Grande Encyclopédie

Mémoires Gratuits : La Vie La Grande Encyclopédie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2013  •  2 128 Mots (9 Pages)  •  691 Vues

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L’Allemagne et l’Angleterre possèdent de bonnes encyclopédies qu’on tient soigneusement au courant. Le Conversations-Lexikon de Brockhaus notamment est un excellent répertoire des connaissances humaines. La France n’avait rien qui approchât du Brockhaus. L’Encyclopédie Didot, commencée en 1824 et terminée en 1863 a beaucoup vieilli. Le Grand Dictionnaire de P. Larousse manque absolument de critique et de sérieux. Un nouvel inventaire des sciences et des arts était attendu par tous ceux qui ont le besoin ou l’amour de l’étude. Mais de semblables entreprises sont pénibles et ingrates. L’établissement seul du plan dévore des années, l’exécution de ce plan exige une organisation puissante et le concours de beaucoup de forces. C’est pourquoi il faut se réjouir de voir paraître une nouvelle encyclopédie, conçue dans un esprit vraiment scientifique. La direction de cette œuvre a été confiée, à des savants tels que MM. Berthelot, Hartwig Derembourg, Giny, Glasson, Hahn, Laisant, H. Laurent, Levasseur, H. Marion, Müntz, A. Waltz. M. Camille Dreyfus, délégué comme secrétaire, active l’entreprise. Enfin, la liste des collaborateurs comprend déjà plus de trois cents noms connus et estimés. La Grande Encyclopédie est loin d’être terminée. Elle n’a encore rempli qu’une faible partie du vaste cercle qu’elle s’est tracé ; elle a terminé son cinquième volume et attaqué la lettre B, qui est, comme on sait, une des plus riches de l’alphabet. C’est assez déjà pour qu’on puisse juger du mérite de l’œuvre. Cette encyclopédie est conduite avec beaucoup de méthode. Les directeurs et les rédacteurs y font œuvre de science. Ils ont recherché l’exactitude et l’impartialité. La pratique de cette dernière vertu a pu coûter à quelques-uns d’entre eux, mais tous l’ont observée. Le secrétaire général, M. Camille Dreyfus lui-même, avait donné l’exemple.

Quelques-uns des articles publiés dans les cinq premiers volumes sont de véritables mémoires. Il m’a semblé que les questions militaires étaient traitées, notamment, avec soin et dans de grands détails.

Des figures rendent, au besoin, le texte plus clair, et de bonnes cartes en couleurs accompagnent les articles géographiques. Enfin, ce qui donne un prix particulier à ce grand ouvrage, c’est, à mon sens, la bibliographie sommaire qui est placé au bas de chaque article. Les indications de ce genre permettent aux curieux de faire des recherches sur les points qui les intéressent.

Pour montrer à M. Lamirault que j’ai feuilleté avec intérêt les cinq gros volumes dont l’exécution matérielle lui fait honneur, je présenterai deux observations assez minutieuses. La première a trait à l’article Avaray (comte d’). Il s’agit de ce comte d’Avaray à qui le comte de Provence montrait tant d’amitié. L’auteur de cet article a omis d’indiquer dans sa bibliographie la Relation d’un voyage à Bruxelles et à Coblentz, dont l’auteur n’est autre que Louis XVIII lui-même. Pourtant ce livre constitue la source principale de la biographie du comte d’Avaray. Mon second grief est un peu plus sérieux. Il porte sur la biographie d’une fausse Jeanne d’Arc, la dame des Armoises. Le rédacteur a confondu deux personnes distinctes. Il lui suffisait de lire la Jeanne d’Arc à Domrémy de M. Siméon Luce pour ne pas tomber dans cette méprise. Voilà de bien petites chicanes.

Quelle belle chose aussi qu’une encyclopédie bien faite ! Et que de richesses contiendra ce nouvel inventaire de nos sciences ! Le cercle des connaissances humaines s’est merveilleusement agrandi depuis un demi-siècle. Notre vue atteint aujourd’hui des phénomènes qu’on ne soupçonnait pas avant nous. Pour nous en tenir nous aussi à la lettre A, la plus noble des sciences, l’astronomie, nous a fait coup sur coup des révélations étonnantes ; elle nous a montré dans la sphère lumineuse du soleil des bouleversements dont nous n’avons pas l’idée, nous qui vivons sur une très petite planète, en somme assez paisible. Imaginait-on, il y a seulement vingt-cinq ans, qu’il se fît sur le tissu gazeux dont s’enveloppe le soleil des déchirures mille fois grandes comme la terre et qui se réparent en quelques minutes ? Il ne reste plus rien de ce ciel incorruptible décrit dans les antiques cosmogonies. Nous savons aujourd’hui que les espaces éthérés sont le théâtre des énergies qui produisent la vie et la mort. Nous savons que les étoiles s’éteignent ; nous savons même à quels signes on peut annoncer la mort d’un astre. Une étoile qui ne brille plus que d’un éclat rouge et fumeux va bientôt mourir. Mais qu’est-ce que mourir, sinon renaître ? La mort d’un soleil n’est peut-être que la naissance d’une planète. Quant aux planètes, elles ne sont pas exemptes de la caducité universelle. Elles périssent à l’heure marquée et l’on a observé, non loin de la terre, les débris épars de la planète de Kepler. Tout est en mouvement dans l’univers, ou plutôt tout est mouvement. Les étoiles, qu’on croyait fixes, nagent dans le ciel avec la rapidité de l’éclair. Et pourtant nous ne les voyons pas bouger. Comment cela se peut-il faire ? Écoutez : Voici un boulet ; au moment où il est lancé hors du canon, sa surface est modifiée par des agents chimiques d’une grande puissance, elle se couvre de germes féconds ; une flore et une faune infiniment petites y naissent : ce boulet est devenu un monde. Après bien des efforts et d’innombrables essais, des types d’une animalité supérieure s’y produisent et tendent à s’y fixer. Enfin, des êtres intelligents y voient le jour. Ils ont soif d’aimer et de connaître. Ils mesurent leur monde et l’immensité de ce monde les étonne. Leur intelligence est pleine d’inquiétude et d’audace. Armés d’appareils puissants, ils se mettent en communication avec cette partie de l’univers dans laquelle ils sont lancés. Ils sondent l’espace, ils découvrent des formes inintelligibles dans l’infini, ils distinguent, sans connaître leur véritable nature, quelques soldats des deux armées, un moulin et le clocher vers lequel ils se dirigent à leur insu. Ils parviennent même à mesurer approximativement quelques distances. Mais ils se figurent que le monde dont ils peuplent la superficie est suspendu immobile dans l’espace et que les figures inconnues qu’ils distinguent à peine au sein de l’infini sont également immobiles. Et comment auraient-ils une autre impression, puisque la vie de chacun d’eux est si courte qu’ils l’accomplissent tout entière, avec ses joies et ses douleurs et ses longs désirs, avant que ce boulet, leur monde, ait franchi une partie appréciable de l’espace. Ce qui est un moment dans le trajet du projectile est pour eux une longue suite de siècles. Pourtant,

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