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La Source de la vie : la quête du bonheur dans la philosophie de Sheikh al Ishragh Shahab al-Din Yahya as-Sohravardî

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Par   •  4 Mars 2014  •  Analyse sectorielle  •  3 432 Mots (14 Pages)  •  690 Vues

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La Source de la vie : la quête du bonheur dans la philosophie de Sheikh al Ishragh Shahab al-Din Yahya as-Sohravardî

Soudeh EGHTESAD, Université de Téhéran

Assieh MOAYEDI, Université de Machhad

L’Eudémonisme et la quête du Bonheur dans la pensée iranienne

3-5 Avril 2012-Strasbourg

Cette intervention porte sur le portrait du bonheur et de la perfection spirituelle, tel qu’ils ont été décrits par le philosophe mystique iranien du 12e siècle, Shihâb al-Dîn Yahya al-Sohravardî dans un de ses traités allégoriques intitulé Le récit de l’archange empourpré .

La vie de Sohravardî

Sohravardî, est un des plus impressionnantes figures de la philosophie et de la théologie iranienne et islamique. Il est né en 549 de l’hégire (1155 de l’ère chrétienne), à Sohravard, une petite ville de Zanjan en Iran. Tout jeune encore, il a quitté Sohravard pour étudier le droit et la philosophie à Marâgheh en Azerbaïdjan et ensuite à Ispahan où il a entrepris l’étude de la philosophie d’Avicenne. Entretemps, en cherchant à pratiquer l’expérience mystique et la connaissance philosophique il s’est rapproché des Soufis, ainsi adoptant une vie itinérante. Il a ensuite longtemps séjourné à Diyar Bekr en Turquie et à Alep , au nord de la Syrie, jusqu’à son exécution par l’ordre de Salah al Din à Alep le 5 Rajab 587 h. (29juillet 1191) à l’âge de trente-six ans.

Sohravardî est connu comme étant le véritable fondateur de la philosophie iranienne, même s’il est chronologiquement précédé de Farabi et d’Avicenne parce que d’après Corbin (2004), ces grands prédécesseurs, malgré leurs efforts n’ont pas réussi à prendre leurs distances de la philosophie grecque. Durant sa courte vie, Sohravardî a rédigé plus de cinquante ouvrages inédits sur la pensée mystique. La majeure partie de ce répertoire consiste à des ouvrages écrits en arabe ; d’autres sont encore en persan. Son enseignement a exercé une très forte influence sur la pensée iranienne surtout celle de Molla Sadra Shirazi (980-1050 de l’hégire) qui parle de Sohravardî comme le ¨chef de l’école des Orientaux¨.

De plus, ce qui est marquant dans la vie aventureuse de ce mystique, c’est le fait que Sohravardî a été un grand voyageur. De Sohravard à Maragheh, à Isphahan et ensuite de nombreux voyages en Turquie et en Syrie, cela a été un acte qui est arrivé à peine dans une dizaine de siècles précédents. Ce que cherchait ce philosophe au cours de ces longs voyages, d’après une petite note insérée à la fin des Motarahāt (مطارحات : Les Entretiens) c’est la remarque suivante : ¨j’ai passé la plus grande partie de ma vie en voyages et en recherches, à la découverte d’un compagnon qui fut instruit dans les connaissances. Mais je n’ai trouvé personne qui fut informé des connaissances par excellence, ni personne qui crût en elles¨ (Moayedi 2010).

Qui plus est, Sohravardî est le fondateur de la doctrine illuminative (ishrâqî), ¨la théosophie orientale de la Lumière , d’où son titre de le Shaykh al-ishrâq (maître de l’illumination). L'élément fondamental de la philosophie de Sohravardî est la Lumière, pure et immatérielle, au-dessus de toute autre manifestation. D’après Sohravardî, toute créature provient d’émanations de lumières dont la source est la Lumière des lumières (Nûr al-Anwar), c'est-à-dire Dieu. Le mot Ishrag signifie l’Orient de la lumière, un orient qui illumine ce qui l’entoure ; l’influence de cette lumière ou cette « sagesse orientale » (Corbin 2007) illumine aussi l’âme spirituelle de l’homme et dévoile la vérité ou la véritable essence originelle de l’être humain. Cet orient procure une connaissance, qui est mis à l’opposé de l’exile occidental » ou l’éloignement et l’oubli de cette connaissance dans les ténèbres du monde matériel (Corbin 2007). D’après Sohravardî, plus la créature s’approche de cette Lumière suprême, plus sa place sera haute.

Cette philosophie de lumière nous mène à un élément conceptuel essentiel de la pensée philosophique et mystique iranienne : le monde imaginal. Dans ce Récit de l’Archange Empourpré, comme nous verrons plus tard, Sohravardî relate une expérience visionnaire et pose les bases de cette connaissance imaginale et présentielle (’ilm hozûrî) s’opposant à une connaissance qui ne s’appuie que sur une simple représentation des choses (’ilm sûrî) (Neuve-Eglise 2006). Cette connaissance naît d’un dégagement progressif de l’âme de l’influence des sens extérieurs, lui permettant de se tourner vers les sens intérieurs et percevoir son état originel avant son enfermement dans la prison des sens. Ce détachement graduel permet au mystique de pénétrer dans le "monde imaginal", et de commencer un Retour vers sa patrie originelle ou " orientale", patrie mystique et prééternelle de l’âme.

D’après Neuve-Eglise (2006), cette notion de connaissance part d’un présupposé que l’imagination n’est pas seulement une faculté ne produisant que de la fantaisie et de l’illusion, elle est également un organe de connaissance permettant de saisir certaines hautes réalités spirituelles apparaissant à l’état de songe ou de demi-sommeil sous forme d’ " images " subtiles. Cette imagination active a un lieu qui lui est propre : "le monde imaginal", ou le lieu des visions mystiques de l’âme, au sein duquel le pèlerin vers Dieu (sâlik) apprend à connaître et à retourner vers son "moi spirituel" et à ainsi approcher Dieu.

Cette connaissance, qui n’est ni issue d’un raisonnement intellectuel ni de l’expérience sensible, est qualifiée d’"orientale " (mashreqî ou eshrâqî). Cet Orient ne doit pas être saisi dans son sens géographique strict ; il revêt d’avantage une dimension spirituelle. Sohravardî a évoqué cette connaissance " orientale " au travers de récits symboliques qui retracent, dans une langue chargée de symboles et de mystère, le parcours que l’âme se doit de suivre pour accéder à sa propre vérité.

Le récit de l’archange empourpré

Le récit de l’Archange empourpré (Aql -e Sorkh) raconte le voyage spirituel d'un visionnaire (Sohravardî lui-même) exprimé sous forme d’une conversation philosophique et métaphorique entre lui et le « Sage ». La notion de Sage et de guide est essentielle dans ce récit car la connaissance,

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