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La Princesse De Clèves

Compte Rendu : La Princesse De Clèves. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Janvier 2014  •  3 508 Mots (15 Pages)  •  780 Vues

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Commentaire de l’extrait :

Y a-t-il des ressemblances entre le personnage de la Princesse de Clèves et son auteur Madame de Lafayette ? On pourrait le penser ! Toutes deux ont perdu leur père à quinze ans, ont épousé, par mariage arrangé, un homme estimable. Elles furent toutes deux éprises, hors mariage, d’un duc : le duc de Nemours pour la princesse et le duc de La Rochefoucauld pour Madame de Lafayette. Elles furent aussi femmes de Cour : l’héroïne de papier, sous le règne de Henri II et l’écrivain, sous celui de Louis XIV. C’est précisément la première présentation à la Cour de Mademoiselle de Chartres, future princesse de Clèves, qui est évoquée presque au début du roman (1678). Cette dernière a seize ans et pénètre dans un milieu inconnu. Qu’est-ce qui attend donc cette belle personne exceptionnelle, qui a reçu une éducation originale pour l’époque, dans ce monde de galanterie et d’intrigues de la Cour de France ? Après avoir examiné l’effet que produit cette beauté sur la Cour, où le paraître est essentiel, on montrera que le cœur du texte concerne l’être et la vertu comme bouclier contre les dangers de la galanterie qui caractérisent la Cour.

I) Une beauté incomparable, en péril à la Cour où règnent l’intrigue et la galanterie

A) Un portrait canonique idéalisé

L’apparition à la Cour de Mademoiselle de Chartres suscite l’admiration et la surprise des courtisans, jamais nommés, et de son parent le Vidame de Chartres, d’où un lexique du regard (« yeux, regard ») important dans cette société du paraître.

- Point de détails qui particulariseraient la jeune fille et mystère provisoire sur son identité. C’est une beauté canonique, forcément blonde au teint blanc : « La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l’on n’a jamais vu qu’à elle ».

- Mais les figures d’amplification la rendent exceptionnelle « dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes » car « c’était une beauté parfaite ». Le registre est donc épidictique et la louange en est la caractéristique, avec, dès le début du texte, la métonymie associée à une tournure impersonnelle qui font de l’entrée à la Cour de la future princesse, une apparition mystérieuse digne d’un conte de fée de Perrault : « Il parutalors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde ».

- Cependant ce portrait stéréotypé et les effets qu’ils produisent encadrent un discours explicatif et analytique qui est le centre du texte et que l’on examinera ultérieurement : c’est la preuve que le paraître n’est pas l’essentiel du propos de madame de Lafayette, contrairement aux préoccupations de la Cour que l’on examine à présent. 

B) La Cour : un milieu du paraître et de l’avoir

- Si la future princesse attire les prétendants par son apparence physique, elle est surtout convoitée pour le prestige de sa naissance et de sa fortune :« Une des plus grandes héritières de France » ou «  Cette héritière était alors un des grands partis qu’il y eût en France ». L’hyperbole est maniée avec autant d’insistance que pour louer sa beauté.

- Mais cette jeune femme de seize ans « quoiqu’elle fût dans une extrême jeunesse, l’on avait déjà proposé plusieurs mariages » sans la connaître, par conséquent ! De plus, elle ignore les mœurs de la Cour puisque sa mère « Après avoir perdu son mari […] avait passé plusieurs années sans revenir à la cour ».

- C’est peu dire que c’est une proie facile pour ces courtisans libertins. Elle est dépourvue de protecteur puisqu’elle est orpheline de père et le seul homme qui pourrait lui servir de mentor dans ce milieu corrompu est son parent le Vidame de Chartres mais « Lorsqu’elle arriva, le Vidame alla au-devant d’elle ; il fut surpris de la grande beauté de Mlle de Chartres ». Comme les autres, il s’intéresse plus à son apparence extérieure qu’à sa fragilité et à son inexpérience.

 

C’est donc bien une entrée périlleuse dans le grand monde qui attend la future princesse : elle pourra cependant compter sur sa mère et l’éducation qu’elle lui a donnée pour faire face.

II) Une mère d’exception pour une éducation originale, en protection contre les dangers du grand monde

A) Une mère « extraordinaire » pour son époque et son milieu

- Si la fille se distingue par sa beauté, la mère est couverte d’éloges pour ses qualités morales supérieures où « le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires ». L’équilibre de cette énumération ternaire, avec un lexique abstrait où le mot « vertu » occupe la place centrale, est à l’image de la construction de l’extrait dont le fond est l’éducation morale, encadrée par l’apparence sociale. L’être est donc bien au cœur du paraître.

- Mais l’originalité pour l’époque et ce milieu aristocratique, c’est que la mère, au lieu de profiter de la nouvelle liberté à la Cour de son statut de veuve, dégagée de la tutelle des hommes,  « avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ». A l’époque, les jeunes filles étaient éduquées, soit au couvent pour les cadettes, soit par des précepteurs, soit pas du tout !

- Ainsi, « elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour » : cette retraite préservant sa fille de toute influence mondaine néfaste. Mais isoler son enfant, est-ce bien la préparer à fréquenter le grand monde ?Ninon de Lenclos désignait ces nouvelles éducatrices, aux conceptions très idéalistes : « les jansénistes de l’amour ».

B) Rendre « la vertu aimable » et faire du mariage « le bonheur d’une honnête femme » : des principes éducatifs à contre-courant

-  L’originalité de l’éducation prodiguée par Madame de Chartres à sa fille se marque  par le fait que « La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Mme de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ». Cette irruption d’une phrase au présent de vérité générale (« s’imaginent ») et d’une généralisation des pratiques d’époque (« La plupart des mères ») traduit une réflexion personnelle de l’auteur dans son propos explicatif et analytique.

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