La Peste Incipit
Recherche de Documents : La Peste Incipit. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar Bbillybob • 6 Février 2014 • 1 524 Mots (7 Pages) • 1 331 Vues
Séance 1 : lecture analytique n°1 p11/12 => l'incipit du début à « le hasard des cartes »
Problématique : En quoi cet incipit est-il original ?
Un début de roman doit répondre à deux exigences fondamentales : informer le lecteur (cadre spatio-temporel,
personnages, intrigue, ...) et le séduire pour l'inciter à la poursuite de la lecture. On verra, dans un premier temps,
en quoi cet incipit répond de manière plutôt classique à ces exigences. Nous verrons ensuite ce qu'il a d'original.
I) Un incipit de facture plutôt classique qui répond à une l'exigence d'information et de séduction
Cet incipit semble, à première vue, répondre de manière plutôt traditionnelle aux attentes du lecteur en matière de
première page en définissant un cadre plutôt réaliste.
a) Le cadre spatio-temporel : présenté d'emblée dès les premières lignes
- la date : les années 40 (« 194. »l.2) => volonté de ne pas indiquer une datation plus précise mais le lecteur fait
aisément le rapprochement avec la 2de guerre mondiale
- le lieu : la ville d'Oran en Algérie (qui est encore une colonie française à cette époque) => ancrage référentiel
(notez que Camus a séjourné à Oran en 1941) : le cadre est posé d'emblée comme réel, ce que renforce le terme
de « chronique » (= récit chronologique d'événement réels dont le narrateur a été témoin) => il s'agit donc un
environnement urbain contemporain
- On notera plusieurs éléments importants mis en avant dans la description de cette ville => description
dévalorisante
l'aspect banal de la ville (adjectif « ordinaire » répété deux fois l.4 et 5, adjectif « neutre » l. 13 (=sans
relief, sans attrait) usage répété du déterminant indéfini « une ville » l. 4, « une préfecture française »).
L'aspect commun et insignifiant de la ville est renforcé par la négation « rien de plus qu'une préfecture »
(l.5) et sa ressemblance extrême avec « tant d'autres villes [...] sous toutes les latitudes » (présence des
adverbes tant et toutes)
la laideur de cette cité => « La cité elle-même, on doit l'avouer, est laide. » l.7 : la brièveté/brutalité de la
phrase et le rejet de l'adjectif à la fin de la phrase par l'incise ont ici valeur d'insistance. La ville se distingue
des autres non pas par ses qualités mais par ses insuffisances, ses manques comme le souligne le nombre
important de négations (« sans » x3 et « ni » x2 l.11/12, « ne ... plus » l.20, « ne ... que » l.14 et « seulement
par » l.15
un univers urbain inhospitalier, inconfortable, inhumain :
- presque inconcevable, inimaginable (question oratoire l.10 à 13)
- d'où la nature est totalement absente (pas d'autre forme de vie donc que l'homme, pas d'harmonie avec
la nature, pas de consolations liées à la nature => repli sur une humanité isolée et matérielle) ou alors
synonyme de destruction, de ravages quand elle se manifeste
- lexique négatif lié à la chaleur excessive : verbe « incendie » l.18 qui connote la destruction,
adverbe « trop » dans l’expression « trop sèches », « cendre grise » qui évoque la mort, l’aspect
terne des choses, …
- lexique négatif « déluge de boue » : expression hyperbolique => tout va dans l’excès négatif
- renforcement par l’antithèse « beaux jours » / « seulement en hiver »
un univers qui semble figé/englué dans le temps => uniformité des saisons d’où la vraie vie semble
absente (le printemps est ramené au prosaïsme matériel de la vente (l.17), l’été enferme les hommes dans
l’enceinte de leurs « volets clos » l. 20, l’automne cataclysmique : « déluge de boue », la boue évoquant
l’informe, la saleté …)
b) Les personnages : présentés de manière très péjorative, ils se caractérisent par :
- leur matérialisme (fondé sur le profit, sur la valeur argent) : on notera un champ lexical important se
rapportant à l’argent, au commerce : « villes commerçantes » l.9, « vendeurs » l.15, « vend » / « marché » l.17,
« s’enrichir » l.29, « commerce » / « affaires » l.30/31, « gagner beaucoup d’argent » l.36, …
- toute leur vie se résume à une dimension prosaïque (bassement matérielle et vulgaire) : expression péjorative
« tout cela » l.26 qui met sur le même plan d’égalité travail, amour et mort (l24/25 « comment on y travaille,
comment on y aime et comment on y meurt) :
remarquez que toute dimension métaphysique ou spirituelle est absente : les oranais vivent leur vie
routinière, machinale (expressions « prendre des habitudes » l.28, « heure fixe » l.) sans la moindre
réflexion sur le sens de leur vie, sur le sens de leurs actions (« on s’y ennuie » l. 27)
l’expression « frénétique et absent » est révélatrice :
- « frénétique » renvoie à une vie faussement remplie, à l’agitation des villes modernes
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